Théâtre. Représentation de Felhayt

La pièce tente de surfer sur la vague du hirak



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Sitôt réalisée, sitôt dépassée par les événements, et donc logiquement vouée à l’oubli . c’est le sort que la providence semble avoir réservé à la pièce Felhayt (Dans le mur) du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès.

Seulement voilà, dans un effort désespéré, les producteurs de la pièce, d’après un texte d’Ahmed Benkhal, mis en scène par Abdelkader Djeriou, ont urgemment voulu apporter des correctifs et des ajouts pour coller à la réalité d’aujourd’hui, celle de l’après-22 février et les soubresauts du désormais hirak.

Ils se sont en outre précipités pour programmer cette nouvelle version ce mois d’avril au Théâtre régional d’Oran (deux représentations ont déjà eu lieu en attendant une troisième). Malheureusement, il est sans doute trop tard et le rafistolage n’a fait que rendre ce travail incohérent, car pour le sauver il aurait sans doute fallu le revoir de fond en comble.

La pièce a déjà été présentée en décembre au TNA, à l’occasion de la tenue du Festival national du théâtre professionnel, et, une chose est sûre, en aucun cas elle ne peut se targuer d’avoir prévu ce qui allait se passer quelque temps après sur la scène nationale, comme le laisserait entendre cette nouvelle version, en introduisant la grogne populaire.

Dans la première version, l’auteur, par cette allégorie, croyait sans doute avoir pu cerner une réalité complexe pour prétendre faire œuvre utile, mais c’est finalement lui qui semble être passé à côté de l’essentiel.

Dans cette œuvre un peu trop schématique, les personnages apparaissent comme des caricatures d’eux-mêmes et la vision simpliste du monde ne permet même pas de transcender la plus basique des situations de la scène politique algérienne.

Une scénographie lourde malgré ses références aux murs (Facebook) et aux écrans, des thèmes musicaux sans cohérence, malgré le clin d’œil aux pratiques traditionnelles (el gasba oual guellal) habillent ce spectacle plutôt burlesque.

L’intrigue met en jeu un souverain despotique, «Ed-Dayem (littéralement qui dure, un rôle campé par Abdallah Djellab), mais stérile et dont le médecin attitré et le «charlatan» dénommé «Moul En-niya», auquel il fait appel en désespoir de cause, peinent à lui trouver de remède adéquat pour assurer sa descendance.

A côté de l’autre personnage farfelu (Abdallah Merbou), représentant le bras par lequel le despote exerce son pouvoir, évoluent deux autres protagonistes comme des frères jumeaux (habillés de la même façon) dont l’un (Ahmed Salhi) n’a comme seul souci que la préparation de ses noces avec la femme aimée, et l’autre (Aboubakr Benaïssa) ne vit que par les réseaux sociaux, en essayant par tous les moyens de faire grimper son audience quitte à user de procédés à la limite de l’éthique.

En voulant convoquer son million de «followers» (el atba’a, les suiveurs) pour faire pression sur le souverain, celui-ci se retrouve seul et se rend compte que l’univers dans lequel il évolue n’a aucune prise sur le réel. Tout le problème est là.

On peut effectivement laisser passer la simplicité avec laquelle les auteurs traitent les rapports de pouvoir, qui sont, on le sait depuis les auteurs les plus anciens, très loin d’être simples, mais pas la manière réductrice avec laquelle sont dépeints ces personnages censés représenter allégoriquement le peuple.

La nouvelle expression «vouloir surfer sur la vague du ‘‘hirak’’», mise en avant ces derniers temps pour tacler les personnalités politiques et les intellectuels ou supposés tels, qui tentent de se rattraper ou de recoudre le lien longtemps rompu avec les classes laborieuses s’applique également à la pièce. En s’ingéniant à ne produire que des discours sur les faits et gestes des souverains, on a oublié qu’il y a une société qui grouille et qui évolue en parallèle.

La séquence du débat entre la science et les croyances traditionnelles paraît inutile, car tellement évidente. Tout fonctionne, comme si les élucubrations des personnages de la pièce ne présentent désormais aucun sens au vu de la réalité vécue en Algérie durant ces dernières semaines.

Mis en avant durant cette période de contestation de masse, l’article 102 introduit dans la pièce ne pouvait pas figurer dans la version originale encore moins le «dégagisme» qui clos le spectacle, suivi d’une allusion explicite au renvoi du souverain à «la poubelle de l’histoire».

Dans la salle, lors de la deuxième représentation au TRO, lorsque ce mot «dégage» a été lancé, un spectateur voulant dénoncer les retournements de veste a crié : «Pourquoi vous ne l’avez pas dit plus tôt ?» Cette réplique inattendue est supposée s’adresser au personnage qui a prononcé le mot, mais elle peut l’être tout aussi bien pour l’ensemble de la pièce elle-même !


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