Ahmed Benbitour. Ancien chef de gouvernement

«Nous sommes dans un 5e mandat sans le candidat habituel»



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Le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, a démissionné, mais pas les trois autres responsables, le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, le Premier ministre, Noureddine Bedoui, et le président de l’APN, Mouad Bouchareb, dont le départ est revendiqué avec insistance par les Algériens. Comment interprétez-vous cette démission ?

Il faut bien noter que cette démission n’est pas une réponse correcte aux revendications de la rue, puisqu’il a été immédiatement remplacé par un profil semblable.

Le chef d’état-major a prononcé un discours avant-hier dans lequel il a soutenu que toutes les solutions sont possibles. Pensez-vous que cette déclaration reflète l’évolution de la situation politique sur le terrain ?

Il semble que le système du pouvoir en place a retenu la formule qui consiste à répondre partiellement aux revendications de la population, semaine après semaine. Les articles 7 et 8 de la Constitution ont bien été avancés, mais, jusqu’à ce jour, nous sommes dans l’application stricte de l’article 102 ! Nous sommes, concrètement, dans un «5e mandat» sans le candidat habituel.

Les tenants du pouvoir doivent comprendre que l’avenir de la patrie algérienne est en grand danger et que sa sauvegarde passe nécessairement par le changement de tout le système de gouvernance dans les plus brefs délais et non se contenter de changer les personnes.

Selon vous, est-ce que le calendrier électoral avec la tenue d’une élection présidentielle le 4 juillet prochain est toujours possible ?

Il est possible bureaucratiquement et cela semble la volonté de maintien des gouvernants actuels. Sauf que cela ne fera qu’aggraver les menaces sur l’avenir de la patrie.

Il existe une multitude de propositions de sortie de crise. Il y a ceux qui veulent ouvrir le débat autour d’une Constituante, et ceux qui proposent la mise en place de mécanismes qui garantissent le déroulement d’une élection présidentielle, l’installation d’un présidium, un gouvernement de compétences nationales, d’une commission indépendante qui organisera l’élection présidentielle. Quel est, à votre avis, le chemin le moins coûteux et le plus sûr pour aller vers la nouvelle République ?

Je pense qu’il est nécessaire de passer par une période de transition pour préparer les conditions favorables à une élection présidentielle transparente et compétitive sur les programmes de sauvegarde de la patrie et la capacité de les mettre en œuvre.

Cependant, pour qu’une Constitution soit durable et non faite sur mesure pour les tenants du pouvoir d’aujourd’hui ou de demain, elle doit définir un choix de société unanimement accepté par toutes les Algériennes et tous les Algériens.

C’est pourquoi je suggère que tout en corrigeant les défaillances de la Constitution actuelle, il faudrait confier l’écriture d’«une nouvelle Constitution» au mandat du Président élu pour assurer le débat le plus large, sur une période de quatre à cinq ans, avant d’arriver au projet proposé au référendum du peuple.

Votre nom est annoncé par-ci, par-là pour gérer la période de transition. Si vous êtes sollicité, allez-vous y répondre favorablement ?

Il est indispensable que «les marcheurs» définissent une feuille de route et des représentants pour la négociation. Celle-ci ne porte que sur les modalités de départ des tenants du pouvoir. J’ai déjà exprimé ma disposition à aider à la réalisation d’une feuille de route et à déterminer le profil des négociateurs.

La Banque d’Algérie est sans gouverneur depuis trois semaines au moins… Pour vous, est-ce une situation normale ?

Ce n’est pas une situation normale dans un système où la Banque centrale est autonome dans la définition de la politique monétaire du pays. Ce n’est pas le cas en Algérie.

On parle de lutte contre la corruption, il s’avère que des oligarques ont bénéficié d’importantes lignes de crédit, et l’on parle aussi de commission pour contrôler les transferts de devises et la surfacturation, est-ce que de telles annonces sont réalisables dans le contexte actuel ?

Elles sont réalisables à condition que le pouvoir judiciaire concrétise son autonomie par rapport au pouvoir exécutif et assume sa responsabilité dans la gestion de ces dossiers de corruption.


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