Du mouvement culturel berbère au mouvement Populaire national du 22 février

Leçons et acquis des luttes démocratiques



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1980, 1981, 1987, 1988, 2001, 2019, autant de dates jalons sur le chemin conduisant à la réalisation d’une Algérie démocratique. Autant de luttes du peuple algérien pour un Etat de droit, pour le recouvrement de son identité plurimillénaire et la reconnaissance de son amazighité ont été au cœur de la «Journée algérienne des libertés» de jeudi soir, qui se voulait aussi un hommage aux victimes de ces luttes, particulièrement celles du Printemps noir de 2001 en Kabylie.

Une initiative pour un débat pluraliste auquel ont pris part des représentants du FFS, du Rassemblement pour la Kabylie, du PST, de Jil Jadid, de Voix ouvrière pour le socialisme, de l’Association pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA), de militants et militantes des droits humains, dont un représentant du M’zab.

Dans une communication intitulée «Le mouvement culturel berbère, entre mirages et réalité», Sadek Hadjou, représentant du FFS en France, tout en rappelant qu’il a vécu son premier Printemps berbère, écolier à Aïn El Hammam, a déploré «l’absence de perspectives historiques», de «contextualisation» du mouvement culturel berbère de 1980.

«Rares étaient les acteurs qui se projetaient dans l’avenir, pris par le quotidien», en butte à la «désinformation par les services de renseignement, des officines de l’Etat et du parti unique» et «sans réel soutien extérieur», les partis politiques démocratiques, clandestins, se contentant généralement de «donner des consignes de prudence à leurs militants face à la répression». Aussi, «la capitalisation des expériences fait défaut».

«Démocratie veut dire pluralité»

Malika Barakat, représentante du Rassemblement pour la Kabylie (RPK), a souligné, pour sa part, qu’«il y a eu des luttes depuis 1962 pour dégager le système». «L’armée des frontières a fait un coup de force contre le GPRA, les événements de 1963 en Kabylie qui sont venus en réaction à cet état de fait ont été violemment réprimés.»

C’est pourquoi, «dans les années 1980, les jeunes de Kabylie, ayant la mémoire de ces événements, ont décidé de porter à visage découvert, de manière pacifique, leurs revendications identitaires». L’intervenante conclut en tirant trois enseignements du Printemps berbère.

Le premier est son caractère pacifique, constituant la «meilleure manière de répondre à la violence du pouvoir». Médecin de son état, la militante du RPK indique que 70% des blessures par balles étaient constatées sur le haut du corps des jeunes manifestants.

Deuxième enseignement : «Le pouvoir a fait de l’arabo-islamisme sa matrice. Le mouvement berbère des années 1980 s’est insurgé contre la falsification de l’histoire et de l’identité du peuple algérien.» «La remise en question de l’idéologie de ce système est fondamentale, il a fait beaucoup de mal, nous a égarés dans notre recherche identitaire, en entretenant la confusion sur la patrie…» «D’où la difficulté de conceptualiser un Etat de droit dans une idéologie arabo-islamique.»

Le troisième message concerne les luttes pour la démocratie et les libertés individuelles et collectives. «La démocratie ne se limite pas à des élections propres et honnêtes, elle englobe les libertés. Il faut mettre du contenu dans le concept de démocratie.

Poser la question démocratique en lien avec la question nationale», affirme Malika Barakat. «Démocratie veut dire pluralité.» «Pour nous, la question nationale n’a pas été résolue. C’est maintenant qu’il faut la résoudre. Qu’est-ce que la nation algérienne ? Notre terre est amazighe avec une histoire multiculturelle.

Il s’agit de refonder la nation sur cette base.» Elle conclut son intervention par cet appel : «Les partis démocratiques sont-ils en mesure de dresser une plateforme avec la société civile démocratique ? Cela veut dire que lorsque nos idées sont claires, on peut alors discuter avec les autres.»

«Qu’est-ce qu’on est en train d’apprendre du mouvement populaire actuel ?» s’interroge le représentant d’ACDA, association née en 2011 de plusieurs générations de militants. Et d’y répondre aussitôt : «Ce mouvement n’est pas spontané, il est le produit de tous les mouvements qui l’ont précédé. Sa nouveauté réside dans son caractère national. Il est pacifique.

Ce pacifisme est une leçon de la décennie noire. Il rassemble toutes les générations, toutes couches sociales confondues. On lui découvre une conscience politique bien développée.» Et de se demander comment faire partir le système de façon pacifique ? Par quelles méthodes ? Avec quelles alliances ?

Pour le PST, la question amazighe est liée à la question sociale, relève Abdenour. «Le Printemps berbère de 1980 a permis de libérer des espaces d’expression, de les arracher.» Pour affirmer ensuite que «le problème actuel n’est pas constitutionnel ni institutionnel, pour nous, au PST, la crise est politique, les institutions sont illégitimes».

Aussi, «pour sortir de cette crise, il faut s’organiser». «S’auto-organiser pour s’inscrire dans un processus constituant, conquérir notre indépendance économique nationale.»

«Quelle Algérie voulons-nous ?»

«On apprend de nos confrontations d’idées» et «les échanges construisent les projets», lui succède au micro le Dr Bendali, pour Jil Jadid, en faisant référence aux «valeurs d’ouverture, de liberté d’expression, de pensée, d’agir» dont se prévaut son parti, «des fondamentaux indiscutables». «La revendication berbère est un combat que nous partageons.»

Et cette question essentielle : Comment redonner une légitimité au politique ? «On associe à cela trois principes : un principe de responsabilité lié à la liberté. C’est un binôme indissociable. Un principe de justice. Comment imaginer un Etat de droit tant que la justice n’est pas au cœur de cet Etat de droit. Tout le monde doit être comptable devant la loi.»

Et troisième principe : «L’Algérie doit épouser son temps en libérant la créativité des citoyens pour ouvrir des perspectives d’avenir.» Question de fond : «Quelle Algérie voulons-nous ? Un Etat unitaire ? Fédéral ? Il faut qu’on sache de quoi on parle», conclut le représentant de Jil Jadid en France.

«On parle des événements des années 1980 pour rebondir à aujourd’hui. Nous, on se revendique de 1980-81-87-2001», intervient Karim, au nom de Voix ouvrière pour le socialisme (extrême-gauche, ex-PST). «Le politique ne doit pas être exclu du mouvement du 22 février», relevant que «ce mouvement est national» et qu’«il se diversifie et se multiplie».

N’écartant pas «l’échec du politique», l’intervenant affirme toutefois qu’«on est là pour accompagner les gens, sortir avec eux avec une solution». «Notre rôle est d’aller à la rencontre des gens.» Et «il convient de se structurer dans les quartiers, les usines, les régions».

La dégradation des droits humains dans le M’zab, le harcèlement et la répression à l’encontre des militants politiques et défenseurs qui s’élèvent contre cet état de fait, «loin des regards», «depuis au moins 1975», cette situation a été rapportée par Mohamed Debbouze, militant des droits humains.

A un jeune qui, depuis la salle, a reproché aux représentants de partis politiques présents de «se contenter de constat et de ne faire ni analyse ni proposition», cette réaction : «On n’a pas su créer un lien de confiance entre les politiques et le peuple. Comment voulez-vous qu’il ait confiance en nous, si nous on n’arrive pas à s’entendre.

Le pouvoir, ça l’arrange. Il faut que nous sortions avec un projet commun.» Et cette autre réaction : «Le débat se fait sous nos yeux, il a lieu sur la place publique. Il n’y a pas de leçon à donner. Le mouvement disposera.»

 

 

 

Pour information :

Sur le thème de «Transition indépendante pour une Algérie libre et démocratique», un meeting de solidarité organisé par le collectif algérien en France ACDA (Agir pour le changement et la démocratie en Algérie) à Paris, vendredi 26 avril 2019, à 19h.

«Quelle transition politique indépendante du régime est envisageable ? Dans quel cadre légal démilitarisé peut aboutir une nouvelle Constitution instaurant un Etat de droit dans une Algérie démocratique, sociale et plurielle ?»

Avec en première partie les témoignages de militantes et militants d’Alger, Béjaïa, Ouargla :Tinhinane Makaci, militante de Tharwa Fadhma n’Soumer, Yahya Goujil, membre du CLA (Conseil des lycées d’Algérie), Abdelouhab Fersaoui, président du RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse), Saïd Salhi, vice-président de la LADDH (Ligue algérienne de défense des droits de l’homme) et des militant(e)s de la CNDC (Coordination nationale des chômeurs).

Une lecture de poèmes de Ghanima Ammour.

En seconde partie, les interventions de Nedjib Sidi-Moussa, politologue, Feriel Lalami-Fatès, sociologue, Tewfik Allal, coordinateur de ACDA.

Performance picturale de Mouhou.

Le meeting sera modéré par Sanhadja Akrouf.
* Salle Jean-Dame, 17, rue Léopold-Bellan, 75 002 Paris (Métro Sentier, ligne 3 – Bus 20 et 39)

Contact : acda.dz@gmail.com – 06 81 60 65 43

 


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