Gaïd Salah défie le hirak ?



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L’Algérie est bel et bien au milieu du gué dans sa longue quête d’émancipation politique.

Si l’espoir de voir un jour tout le système Bouteflika s’effondrer dans sa globalité est encore intact au sein de la population au vu du caractère permanent de sa mobilisation les vendredis, puis les jours de semaine, les structures et les hommes du passé sont loin d’avoir désarmé.

Pire, ces derniers, après quelques semaines de tétanisation, ont commencé à relever la tête pour tenter de sauver ce qui peut l’être de l’ancien ordre politique et économique.

Car il ne peut échapper que d’immenses intérêts, aussi bien financiers que politiques, ont été brutalement remis en cause, et il est naïf de croire que leurs détenteurs allaient facilement se résoudre à les perdre. La première concernée est l’armée.

Le passage à un Etat civil, inscrit dans les revendications populaires, n’allait pas manquer de bouleverser la traditionnelle conception qu’ont les militaires de leur place et de leur rôle dans une Algérie qui, depuis la Guerre de Libération, est façonnée exclusivement par les militaires.

Aussi, la hiérarchie actuelle, à sa tête le chef d’état-major, s’évertue-t-elle de modérer l’avancée du «Mouvement populaire», lui imposant son propre cap, celui qui l’arrange, c’est-à-dire le passage «en douceur» du système Bouteflika vers un autre aux allures démocratiques, au sein duquel elle serait toujours omniprésente.

Au chef d’Etat intérimaire, manipulable à merci, et à son gouvernement est laissé le soin de l’exécution. En cas d’échec, ces derniers pourraient même être sacrifiés et remplacés par d’autres mécanismes et de nouvelles figures, plus proches des revendications du Mouvement populaire, mais sans la quintessence révolutionnaire.

Une transition avec des hommes acquis globalement à l’armée, à l’image de Liamine Zeroual ou Mouloud Hamrouche, leur conviendrait parfaitement, pour peu que ces derniers ne renvoient pas du jour au lendemain l’armée dans les casernes.

Dans cette stratégie de récupération du terrain perdu, du moins d’adaptation à la nouvelle donne politique, il fallait donner des gages à la population. Aussi ordre a été donné à la justice, par le nouvel homme fort de l’armée, de s’attaquer aux fortunes mal acquises, à la corruption et à la dilapidation des biens publics.

Si sur le plan du principe les citoyens applaudissent à ce genre d’initiatives, en revanche la manière expéditive, brutale et même irréfléchie a introduit un lourd malaise. D’abord, c’est à une justice non assainie qu’a été confié le soin de l’assainissement, laquelle ne peut émaner que d’un authentique Etat de droit.

Certes, des magistrats se sont courageusement démarqués des anciennes pratiques, mais l’appareil judiciaire en poste aujourd’hui est un legs de Bouteflika et de ses ministres de la Justice aux pratiques scandaleuses.

Aussi est-il légitime de douter de sa capacité à distinguer le bon grain de l’ivraie, d’autant qu’elle est toujours aux ordres, cette fois-ci des militaires en quête d’un nouvelle «légitimité», qui n’émanerait plus d’un homme providentiel (Bouteflika, Chadli ou Boumediène), mais, clament-ils, de la «volonté populaire», ceci pour être en «phase» avec le soulèvement du 22 février.

Mais à celui-ci, ils ont pris soin d’expurger tout contenu révolutionnaire en accordant la priorité à l’article 102 de la Constitution, tout à fait formel, par rapport aux dispositions 7 et 8, bien plus fondamentales, privant de ce fait le pays d’une réelle transition démocratique, conduite par des hommes nouveaux, jamais impliqués dans l’ancien système.

De plus en plus, le chef d’état-major impose au pays sa puissance et son rythme politique, liquidant ou diabolisant tous les officiers lui faisant de l’ombre, allant jusqu’à critiquer les opposants politiques, ainsi que le faisait le clan Bouteflika.

Il reste sourd à tous les appels de tous bords sur la révision de son attitude, en total décalage avec les revendications du Mouvement populaire ou du hirak qu’il prétend soutenir. Aussi, le pays est exposé à une lourde incertitude, voire menacé par toutes sortes de débordements.

Des maux du passé, tels le régionalisme et le sectarisme, peuvent bien faire leur apparition dans la confusion générale actuelle.

Enfin, face aux coups adverses qui se multiplient et surtout à la trahison répétée de ses messages, le Mouvement populaire risque de perdre sa légendaire discipline. C’est cela, peut-être, qui est recherché afin qu’il soit neutralisé totalement.


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