Une pétition lancée et des soutiens exprimés par des organisations mondiales.. Grande mobilisation pour la libération de Louisa Hanoune

Le Parti des travailleurs (PT) mobilise la grande artillerie pour la libération de sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, incarcérée depuis le 9 mai à la prison de Blida.

Une pétition a été lancée, hier, à l’occasion d’une rencontre de solidarité organisée au siège national du parti à Alger. Des militants et des acteurs politiques, des syndicalistes, des universitaires, des journalistes, des anciens moudjahidine et d’ex-responsables au pouvoir, ont tenu à être présents pour exprimer leur soutien à «la militante, la camarade et la responsable politique», suite à cette arrestation. Ramdane Tazibt, député PT démissionnaire, a dénoncé l’arrestation d’une militante qui «a passé 45 ans de sa vie dans le combat pour notre pays, contre le système du parti unique, qui a fait la prison à l’âge de 29 ans, et milité pour la démocratie, les droits de l’homme, les droits des travailleurs, la souveraineté nationale…». Laissant vacant (pour la symbolique) le siège de la première dame du PT, Tazibt dira que Mme Hanoune est victime de ses positions.
«Louisa Hanoune dérange le système et ceux qui veulent pérenniser le système. Ici même, elle avait déclaré notre rejet du cinquième mandat, puis exprimé notre refus du prolongement du 4e mandat, et annoncé le retrait de nos parlementaires du Parlement. Ce sont toutes ces positions qui ont conduit Hanoune au tribunal militaire», a ajouté Ramdane Tazibt. De son côté, l’ancienne ministre, Khalida Toumi s’est insurgée contre «un tournant très dangereux». Ajouté au fait qu’«on ne sait pas pourquoi elle a été arrêtée», l’ancienne ministre de la Culture estime que même en supposant que Louisa Hanoune s’est entretenue avec des responsables au pouvoir, dont Saïd Bouteflika, «elle était dans son rôle d’une responsable politique». La preuve, a-t-elle ajouté, «aujourd’hui même (Hier, Ndlr), il y a des responsables politiques en réunion avec le chef d’état-major». Le journaliste, Mohamed Iouanoughene, s’est à son tour, interrogé «comment une seule personne peut-elle décider qu’une réunion tenue par d’autres est un complot contre le pays?», alors que «cela fait 20 ans que les mêmes personnes se réunissent pour décider du sort du pays».
Une arrestation qui «criminalise l’action politique»
A l’issue de la rencontre, une pétition a été lancée par le Comité national pour la libération immédiate et inconditionnelle de Louisa Hanoune, mise en place à l’occasion. «Nous militantes, militants politiques, syndicaux, associatifs, des droits de l’Homme, personnalités nationales, universitaires, anciens combattants, citoyennes et citoyens…indignés par l’arrestation arbitraire de Louisa Hanoune (…) et sa mise en détention provisoire par le Tribunal militaire de Blida depuis le 9 mai 2019, et mise dans un état d’isolement total, privée de toute visite, sans aucune information officielle sur les charges retenues contre elle, dénonçons cette incarcération qui touche un responsable politique et ce, quelque soit notre point de vue sur la politique du Parti des travailleurs et de sa Secrétaire générale», lit-on dans le texte de la pétition. Les signataires qualifient d’«acte antidémocratique» cette arrestation qui, selon eux «criminalise l’action politique». Un acte, ajoutent-il encore, «dirigé aussi contre les millions d’algériennes et d’algériens engagés dans une révolution inédite pour le départ du système».
A signaler qu’une délégation du PT s’est rendue dans la matinée d’hier, au Tribunal militaire de Blida pour demander une autorisation de visite à Louisa Hanoune, mais elle «a été refusée», nous dira Ramdane Tazibt, joint par téléphone. Une seconde tentative a donc été relancée en fin de journée. Tazibt, qui a remercié l’élan de solidarité autour de Mme Hanoune, estime que cette militante «ne doit pas passer un seul jour de plus, une heure ou une minute de plus en prison». La mobilisation ne s’arrêtera pas, promet-il, car «s’ils croient qu’à travers ces pratiques, le PT va reculer, ils se trompent», a-t-il déclaré, expliquant que la campagne pour sa libération «est lancée dans les 4 continents». Louisa Hanoune est, rappelle-t-il, coordinatrice de l’Entente internationale des travailleurs et peuples. «Ceux qui ont emprisonné Louisa Hanoune, seront humiliés devant le monde entier», prévient Tazibt.
Aissa Moussi