Gaïd Salah

« Je n'ai aucune ambition politique »



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Le général de corps d'armée Ahmed Gaïd-Salah a levé ce mercredi, lors d'un troisième discours, toute ambition de jouer un rôle politique ou à tout le moins peser sur la décision : « Je n'ai aucune ambition politique », a-t-il déclaré évacuant de fait et définitivement toute possibilité de lorgner vers la magistrature suprême.
Cette fois-ci, Gaïd Salah a tenu à mettre les choses au clair : « Que tout le monde sache que nous n'avons aucune ambition politique. Le commandement novembriste de l'armée a mis en échec toutes les intrigues », a-t-il ajouté. Le chef d'état-major de l'ANP répondait à ceux qui l'accusent de vouloir rééditer le scénario égyptien.
Mais le maintien de la tenue de l'élection présidentielle à la date prévue du 4 juillet irrite les partis de l'opposition. L'un d'eux, Ali Benflis, président de Talaiet El Hourryet, craint la mainmise de l'administration sur cette élection, en l'absence d'une commission nationale indépendante d'organisation et de contrôle.
Cette administration, inféodée au régime, fait craindre un scrutin dévoyé.
De mises au point en clarifications, le chef d'état-major veut rassurer quant au rôle de l'armée dans la gestion de la crise actuelle, tout en promettant que celle-ci ne sortirait pas du cadre constitutionnel.
Or, c'est ce que conteste l'ancien chef de la diplomatie, Ahmed Taleb Ibrahimi, qui a appelé à l'application des articles 7 et 8 de la Constitution pour la sortie de crise que traverse l'Algérie depuis le 22 février : « La solution efficace, à mon sens, est de réunir les fondements des articles 7 et 8 de la Constitution, en fonction des interprétations disponibles, et ce, en considérant que le soulèvement populaire est un référendum sans ambages, et quelques articles de procéduraux qui permettront de transmettre le pouvoir par voie constitutionnelle », écrit-il dans une lettre intitulée « A la jeunesse du Hirak, préserver la dynamique du changement ».
Ibrahimi estime que l'institution militaire « est connue pour sa discipline et son attachement à éviter toute intervention directe dans les affaires publiques, mais en cette conjoncture spéciale, elle doit écouter les propositions des élites et des sages ». Et qu'elle (l'armée) « ne doit pas constituer un soutien à des institutions qui ne bénéficient pas d'un consentement populaire, même si elles se trouvent dans un état constitutionnel stable prévu pour les situations normales et non exceptionnelles, comme celle que nous traversons actuellement ». Expliquant les raisons de sa non-participation aux manifestations populaires, Ahmed Taleb Ibrahimi reconnaît « J'ai atteint un âge avancé qui a supprimé toute ambition en moi. Je n'ai plus la jeunesse qui me donnerait la force de prendre part à vos marches. »
Décrivant la situation actuelle comme une impasse, l'ancien ministre des Affaires étrangères recommande à l'institution militaire d'être « attentive aux propositions des élites et des sages du pays ». Partisan du primat de la légitimité politique sur la légitimité formelle, il juge que la Constitution actuelle « ne correspond plus à la situation, dès lors qu'elle était conçue dans un esprit de confiscation du pouvoir ».
De son côté, le MSP a appelé, à la tenue d'une présidentielle libre et transparente, supervisée par une instance nationale indépendante, non pas le 4 juillet, mais après une période de transition s'étendant sur les six mois à venir.
Dans un communiqué rendu public à l'issue de la réunion de son bureau exécutif national, le MSP a rappelé sa vision, présentée à plusieurs reprises depuis le début du Hirak, qui affirme que « la présidentielle constitue une étape cruciale pour instaurer et consolider la démocratie et poursuivre le processus des réformes, à condition d'être libre et transparente », après le remplacement des B rejetés par le peuple (Bensalah, Bedoui, Bouchareb), et d'être organisée par une instance nationale indépendante à une date autre que celle du 4 juillet. Cette formation politique a mis en avant « les efforts déployés par la classe politique et la société civile depuis le début du Hirak, pour la cristallisation de visions et d'alternatives ayant associé respect du cadre constitutionnel et mesures politiques, outre les débats en cours à tous les niveaux pour aboutir à la convergence des vues ».
Reste à savoir si la classe politique dans son ensemble saura dépasser les contradictions qui la traversent pour accorder ses violons et trouver une solution consensuelle qui épargnera au pays une autre période de flottement et d'incertitudes.


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