Le peuple à la croisée de son destin



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La révolution par le peuple et pour le peuple ne doit pas être un slogan vide de sens pour le peuple algérien. Il l’a prouvé par le passé par sa guerre de Libération qui n’avait pas d’égale parmi les luttes des peuples colonisés.

Il était le seul héros par tous les affres qu’il a subies pendant la longue nuit coloniale et par le sacrifice de presque 1/5 de sa population pendant les 7 années de guerre. La libération acquise, il lui fallait continuer d’autres luttes et relever d’autres défis pour, entre autres, retrouver sa liberté.

Écrasé par tant d’années d’injustice, de racisme, de népotisme et d’exclusion dans son propre pays. L’indépendance acquise, le peuple exsangue, n’ayant pas fini d’enterrer et de pleurer ses martyrs, une guerre fratricide s’installe. Les quelques maquisards des Wilayas historiques ayant résisté aux différents rouleaux compresseurs des différentes opérations militaires de l’armée coloniale se retrouvent en face de leurs frères de la même armée du même sigle ALN stationnée aux frontières.

Cette guerre a fait d’autres martyrs de la liberté, le peuple s’est de nouveau soulevé avec le slogan «Sept années, ça suffit !». Le peuple a exigé que cessent les combats. Un malheur n’arrive jamais seul et voilà que nos frères voisins d’hier nous réclament une partie de notre territoire et veulent violer le tracé des frontières et les avancer jusqu’à Tindouf.

De nouveau, le peuple s’est soulevé dans sa globalité, a exigé l’arrêt de la guerre fratricide et s’est porté volontaire dans ce qu’on appelait la guerre des sables.

Le peuple algérien a toujours été uni dans l’adversité, il a de tout temps su mettre de côté ses divergences régionales, tribales, ethniques voire religieuses quand sa nation est mise en danger. Depuis les temps immémoriaux, il a résisté, lutté contre les différents envahisseurs et quand bien même il a été vaincu, il n’a jamais abdiqué : «On se casse et on n’abdique jamais».

Un seul héros, le peuple, et cette formule lui sied convenablement depuis longtemps mais merveilleusement depuis un 16 février de l’année 2019, date qui restera gravée dans les annales de l’Algerie éternelle.

Parti de la ville de Kherrata, l’une des villes martyres du 8 mai 1945, le soulèvement populaire s’est propagé tel un tsunami pacifique le 22 février à toutes les villes et villages d’Algérie, comme pour témoigner de son appartenance sociale et culturelle à une seule nation.

Ce peuple algérien s’est vu transcendé sur le triptyque par lequel on le définit «berbère, arabe et musulman» sans aucune forme d’exclusion raciale, religieuse ou ethnique.

Ce peuple a de tout temps dénoncé toutes formes d’exclusion dont ses frères à l’étranger ont été les victimes.

Ce peuple algérien a été solidaire dans la lutte contre l’apartheid en aidant ses frères de couleur victimes de ségrégation raciale en Afrique du Sud. Leur leader, Nelson Mandela, prix Nobel de la paix, a fait sa première école révolutionnaire au sein de notre armée de libération nationale.

Notre peuple a forgé sa cohésion dans la souffrance, a consolidé son lien dans le sacrifice. Il a été toujours aux côtés du peuple frère palestinien victime du sionisme israélien. Il ne fait pas d’amalgame avec les juifs épris de paix et de justice, en particulier avec ceux qui ont lutté et se sont sacrifiés pour l’indépendance de notre pays.

De tout temps et à toute époque, le peuple a su se solidariser pour faire face aux envahisseurs. Au XIXe siècle, l’histoire a retenu que des milliers de moussebiline descendus des montagnes kabyles et d’autres régions d’Algérie se sont portés volontaires et ont prêté main forte à l’armée du dey Hussein en 1830 pour défendre Alger lors de la conquête française. Alger tomba, mais la Kabylie continua la résistance pour ne tomber que 27 ans après, marquée par la grande bataille d’Icharidhane sous la houlette d’une héroïne, Lalla Fatma N’soumer.

L’histoire retiendra aussi que le peuple algérien s’est soulevé comme un seul homme à partir des quartiers populaires de Belouizdad, un 11 décembre 1960, pour manifester et réaffirmer le principe de l’autodétermination du peuple algérien contre la politique de de Gaulle et son soutien au FLN.

Une année après, le peuple algérien de l’émigration s’est soulevé et a manifesté par milliers dans le calme en pleine capitale de la France coloniale pour réclamer son indépendance. S’en est suivi un massacre : des centaines d’Algériens ont été ligotés et jetés dans la Seine.

Trente ans après, le peuple algérien a subi une décennie des plus sombres de son histoire durant les années 1990 avec plus de 200 000 morts et une économie dévastée. Il s’est retrouvé seul contre tous. Il a pu, il a su résister et rester debout eu égard aux traumatismes subis.

Le peuple a tourné la page de cette période sombre de son histoire, où les armes se sont tues et les massacres arrêtés. Il a tourné la page, mais il ne pouvait l’oublier.

Il avait confiance en l’avenir et en ceux qui avaient en charge la destinée du pays.

Malgré l’embellie due à la rente de l’or noir, le peuple ne pouvait se contenter des réalisations non pourvoyeuses de richesses, de création d’emplois. Cette mauvaise gouvernance compromettait l’avenir de toute une jeunesse dont les moins de trente ans représentent 70% de la population.

Ceux âgés de 20 ans n’ont connu qu’un seul président. Cette jeunesse n’avait qu’un seul rêve, s’expatrier par tous les moyens au risque de perdre la vie. Des centaines d’Algériens ont péri en mer.

Cette jeunesse bardée de diplômes universitaires s’exporte gratuitement et sert de main-d’œuvre bon marché dans des postes subalternes

La jeunesse algérienne, grâce aux TIC et les réseaux sociaux, ne peut être qu’en phase avec la jeunesse de tous les pays du monde. Elle ne pouvait rester insensible à l’ouverture, aux progrès, aux acquis des nouvelles technologies, au développement. Elle aspire à vivre, étudier, travailler dans son propre pays.

Elle est consciente que son pays, l’un des plus grands (parmi les dix plus grands pays du monde) est l’un des plus riches de la planète par tout ce que le sous-sol recèle comme richesses : pétrole, gaz, fer, or, et essentiellement l’eau de par ses immenses nappes phréatiques. Riche par l’étendue de ses terres de culture, jadis grenier de blé et qui 50 ans après son indépendance devient le troisième importateur au monde après la Chine et l’Egypte.

Les jeunes savent que notre peuple a des compétences dans tous les domaines en exil, essentiellement en France, en Allemagne, au Canada et sous d’autres cieux plus cléments. Le chiffre effarant de plus de
14 000 médecins exilés ces dernières années et beaucoup plus dans d’autres domaines.

Les jeunes savent aussi que si on se dit président élu par les urnes, l’entourage ne doit pas être composé par tous les membres de sa famille, par des membres de sa région, de son clan dans les postes-clés dits de souveraineté et faire un semblant d’équilibre régional pour les autres postes moins sensibles.

Les jeunes ont besoin d’une autre gouvernance basée sur les critères universels connus de tout un chacun.
Les jeunes savent que notre armée est issue du peuple dont le principal rôle est d’assurer la défense de nos frontières. Elle est aussi garante de la stabilité du pays.

Elle ne doit pas s’impliquer dans les luttes partisanes ou dans les rivalités politiques ou s’ingérer dans l’exercice des missions qui relèvent des institutions civiles. Que les élections organisées dans un climat serein soient transparentes, honnêtes et libres après une phase de transition dirigée par des personnalités nationales connues pour leur probité, leur intégrité, leurs compétences.

Tous les peuples du monde sont capables du meilleur comme du pire. Que notre peuple qui a subi tout ce qu’il y a de pire puisse espérer ce qu’il y a de meilleur dans cette phase des plus délicates de son histoire et souhaiter un avenir radieux pour sa jeunesse. Une pensée en cette journée à tous ceux qui ont quitté les bancs des universités et des lycées un 19 mai 1956 qui commémore «la Journée de l’étudiant» en mémoire aux milliers de jeunes lycéens et étudiants qui ont rejoint en masse leurs frères maquisards pour libérer le pays du joug du colonialisme.

Gloire et éternité à nos martyrs !

Vive le peuple dans sa diversité !

Vivre l’Algérie plurielle !

 

Par Omar Zemirli , Chef de service ORL à Béni Messous


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