14e vendredi de mobilisation à l’Ouest

La mobilisation ne jeûne pas à Oran



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Décidément, le mois de Ramandhan, que d’aucuns craignaient voir rimer avec essoufflement, n’a pas eu raison de la mobilisation sans faille des manifestants à Oran.

Ces derniers sont sortis par milliers, hier, en prenant pour principale cible le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah et sa feuille de route jugée obsolète et absconse. D’ailleurs, la marche s’était ébranlée de la place du 1er Novembre 1954 aux cris de «Gaïd Salah dégage !» et de «Non aux élections le 4 juillet prochain !», que les manifestants scandaient en chœur et d’une voix tonnante.

Constituée au début de seulement quelques centaines de personnes, à mesure que les quarts d’heure s’égrenaient, le nombre de manifestants ne cessait de croître et la procession, en avançant, a vu ses rangs grossir de plus en plus dès lors qu’elle passait par le boulevard Emir Abdelkader, la rue Larbi Ben M’hidi, le quartier de Miramar, le lycée Lotfi et enfin la place Ahmed Zabana.

Bien que diminués par le jeûne, le panache et la bonne humeur ont caractérisé la manifestation du début jusqu’à la fin. «Non à Gaïd El Sissi !» criaient ainsi en chœur plusieurs centaines de manifestants au niveau de la place des Victoires.

Ceux parmi les manipulateurs et autres infiltrés qui tentaient de faire taire ce slogan, en proposant d’autres plus édulcorés, n’ont pas tardé à se faire rabrouer par le plus grand nombre.

Faisant référence à la répression qui s’est abattue sur les manifestants d’Alger, là encore, comme un seul homme, les marcheurs se sont mis à crier en chœur : «Libérez El Assima !» (la capitale, ndlr). Un des manifestants, la cinquantaine, portait un tee-shirt où était marqué : «Je vendredis», un autre n’ayant raté aucune marche portait une pancarte en étendard : «Pour une République démocratique et sociale.

Ni une monarchie ni une théocratie !» S’il y avait une variété dans les slogans brandis, l’ingérence du militaire dans la chose politique était pointée du doigt, comme en témoigne cette banderole : «Un Etat gouverné par l’armée ne peut réussir ni économiquement, ni politiquement, ni socialement.

La transparence avec le peuple est la base du pouvoir». Faisant référence à un feuilleton ramadanesque à succès, une manifestante s’était amusée à brandir un montage de photos où était écrit : «Avant le f’tour il y a ouled lehram ( le clan maffieux), après le f’tour, il y a ouled lehlel». Un autre manifestant, appréciant les jeux de mots de l’à peu-près, portait un écriteau : «Vive la IIe république. Gaïd ou Caïd, Salah ou Fassid, votre mission est la démission !»

Si, comme on le constate, les manifestants ont renoué avec l’humour pour faire passer leur message, cela prouve que leur moral est au beau fixe, et qu’ils ne se sentent nullement découragés ni blasés par l’évolution des événements.


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