«Notre objectif est la promotion de l’image touristique de l’Algérie»



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Fayçal Rezkallah est l’un des animateurs principaux de l’association les Nomades algériens au sein de laquelle est né le projet Isoclub, qui a réuni et contribué à former toute une génération de jeunes photographes. Il nous explique dans cet entretien les objectifs de l’une et l’autre de ces initiatives et leur évolution dans le temps.

– De l’association les Nomades Algériens, on est passé à Isoclub, un club spécialisé dans la promotion de l’art photographique à Oran. Comment s’est faite la jonction ?

L’association les Nomades Algériens est née en 2009, trois ans avant le club. C’est une association qui est dans la promotion de l’image touristique de l’Algérie. Nous apprenons aux jeunes à voyager à bas prix pour découvrir les villes et les régions du pays. Nous louons des bus, nous séjournons dans les auberges de jeunesse, etc. Nous avons traversé une période des années 1990, où les gens étaient contraints à l’enfermement dans leurs coins respectifs, mais, dans les années 2000, les choses ont changé et les jeunes ont exprimé cette soif et cette volonté de sortir et de découvrir d’autres choses.

Le bivouac est redevenu normal, alors qu’auparavant ce n’était pas du tout évident, car rares étaient les familles qui acceptaient de laisser leurs enfants passer la nuit dehors. Aujourd’hui, le bivouac est devenu à la mode et ce sont des associations comme les Nomades Algériens qui ont inculqué cette culture du voyage et du tourisme local. Voilà donc un de nos objectifs, mais comme nous voyagions beaucoup et nous vendions, entre guillemets, ces destinations pour les besoins de la promotion, il nous fallait de la photo. Il nous fallait de la bonne photo, d’où donc l’idée de fonder ce club.

Depuis, à chaque fois que nous voyagions, nous revenions avec une série de photos représentant les lieux, mais aussi des personnages des régions visitées. Iso club a évolué de son côté pour devenir une véritable pépinière de photographes, mais aussi une instance qui collabore à l’organisation d’événements liés à la photo, dont les expositions bien sûr, mais aussi des rendez-vous plus importants, comme les journées de la photographie d’Oran, en partenariat avec l’Institut français, un rendez-vous qui prend de plus en plus d’ampleur.

– Les Nomades Algériens est pourtant une association locale…

Notre association est wilayale, mais notre objectif est de faire la promotion du tourisme à l’échelle nationale. En général, quand on parle tourisme, on pense tout de suite au Grand Sud, nous le faisons mais, pour nous, il s’agit de permettre à des jeunes d’Oran de découvrir par exemple la Kabylie, Ghardaïa, Tipasa, les autres villes et sites de l’est du pays, etc. L’idée, c’est de susciter de l’intérêt chez des jeunes qui n’ont jamais voyagé localement, car ayant le regard constamment braqué sur l’étranger.

Il nous arrive de remplir des auberges de jeunes et c’est grâce aux contacts que nous avons noués au fil du temps. Les gens nous connaissent et nous font confiance. Ils savent qu’avec nous l’encadrement est garanti et qu’ils n’ont pas de soucis à se faire, car si nous voyageons, c’est principalement pour les découvertes et non pas seulement pour la fête.

– Pensez-vous avoir remplacé en quelque sorte les organismes d’Etat qui, auparavant, s’occupaient des voyages destinés à la jeunesse ?

Dans le temps, des instances d’Etat organisaient des excursions pour la jeunesse et c’était génial, mais cette dynamique s’est malheureusement interrompue. Nous ne prétendons pas nous y substituer, mais je peux dire que nous avons comblé un vide. Dans les années 1970/1980, il y avait pas mal de facilités, mais notre génération n’a pas eu cette chance. Nous avons ouvert les yeux dans une période très difficile.

Nous sommes en train de réapprendre à monter une tente, à plier son sac de couchage, à voyager léger, à gérer convenablement son budget, à être écolo et ce sont là des notions dont nous n’avons pas forcément hérité. Il y a eu une cassure et il fallait qu’on se rééduque. C’était et c’est encore le rôle des Nomades Algériens. Nous valorisons par ailleurs ce métier en formant des gens pour devenir eux-mêmes organisateurs de voyages éco-responsables et solidaires et cela a fait l’objet d’un projet qu’on a suivi pendant une année.

Nous avons passé pas mal d’années à nous former nous-mêmes avant d’entamer de gros projets. Le premier président de l’association, Houari, a mis l’accent sur la formation des membres et le renforcement des capacités de chacun. Nous avons évolué et ce n’est qu’après cela que nous avons mené un vrai grand projet qui s’appelle Ighzer, disons un projet solidaire dans la région de Timimoune, qui a fait l’objet d’une exposition de photographies au profit des enfants.

– Comment es-tu venu personnellement à la photographie ?

Au départ, c’était quelque chose que j’aimais faire, comme on pratiquerait un sport ou un autre loisir. Pour gagner ma vie, je faisais des jobs ennuyeux où j’assurais mes 8 heures comme tout le monde, mais à un certain moment je me suis dit : «C’est bon ! Je veux faire autre chose, je me donne une année ou deux pour voir.» Je me suis donc lancé dans cette aventure et j’y suis encore.

Comme il y avait un vide à Oran, nous avons essayé d’insuffler une dynamique autour d’un art qui est totalement délaissé en Algérie, surtout à Oran. Il y a eu la création du club et beaucoup de gens ont gravité autour car nous offrions des formations gratuites. Je l’ai créé avec mes amis. Je l’ai présidé.

C’est le club de l’association, une section des Nomades Algériens. Nous avons porté ce club un petit peu partout en Algérie, nous avons beaucoup travaillé avec le club de Laghouat, avec celui de Annaba, entre autres. Nous avons aussi un partenariat qui dure toujours avec la ville de Strasbourg, avec l’association PasSage et Chambre à part. Nous avons beaucoup appris de tous ces échanges-là

– Les journées de la photo organisées en collaboration avec l’IF ont pris une réelle ampleur. Peut-on dire que c’est une évolution logique pour Isoclub ?

Au départ, en 2012, l’idée était d’organiser des expositions et un ou deux workshops, mais avec le temps, des gens commençaient à nous solliciter à partir de Mascara, de Relizane, de Chlef, d’Alger, et c’est ainsi que d’année en année l’événement est devenu national.

Les clubs de photos venaient chez nous et bien sûr nous aussi nous participions à des Salons nationaux. Les trois dernières années, nous avons fait un véritable carton, un festival national, pouvons-nous dire, avec une envergure internationale. Des articles parlent de nous au Liban, en Egypte, en France, cela commence à faire du bruit en Méditerranée.

– Un travail sur Oran a été mené avec le photographe Ferhat Bouda, comment est née cette idée ?

L’expérience avec Ferhat Bouda est personnelle. Nous avons travaillé sur ce projet concernant Oran il y a quatre ans, mais, à l’époque, j’étais juste son «fixeur» on va dire. Je l’ai emmené dans les ambiances d’Oran et lui a réalisé une série pour le New York Times. Plus tard, j’ai fait une autre série qui n’a rien à voir avec la sienne.

Mes photos sont colorées, positives, peut-on dire, alors que les siennes sont un petit peu mélancoliques, parfois dures. J’ai juste voulu les confronter. Je lui ai donc proposé l’idée et il a tout de suite accepté, ce qui a donné lieu à une exposition. Les deux styles étaient différents et c’est flagrant, mais il y avait une complémentarité. Je connaissais Ferhat depuis quelques années mais c’est cette commande-là qui nous a réellement rapprochés.

Il était venu à Oran, mais comme il n’avait aucune attache ici, il m’a proposé ce travail. J’étais rémunéré et j’ai donc travaillé avec lui durant ces quinze jours pour la réalisation de son projet. Nous sommes devenus de très bons copains. Nous nous sommes revus ailleurs, chez lui à Frankfurt, en Allemagne, et lui est venu voir nos expositions à Strasbourg, en France. Nous avons aussi été dans sa région, à Bouzguène (wilaya de Tizi Ouzou), et nous avons d’autres projets ensemble dans le futur.                       


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