Avec une soixantaine de cadres impliqués

Ouyahia, Sellal, Zoukh et Tahkout devant le juge



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Le tribunal de Sidi M’hamed près la cour d’Alger a convoqué hier, et ce, pour la seconde fois, les deux anciens Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, l’ex-wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, mais également le député FLN et ancien ministre des Transports, Boudjemaa Talai, pour être entendus, en tant que témoins, dès 15h, dans l’enquête judiciaire sur les affaires du patron du groupe Cima Motors, Mahieddine Tahkout, dans le cadre des contrats pour le transport des étudiants avec l’Office national des œuvres universitaires (Onou) et avec l’Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger (Etusa).

C’est la seconde fois en moins d’un mois que les mêmes responsables sont entendus en tant que témoins par les magistrats de la même juridiction. La première fois, c’était dans le cadre de l’information judiciaire ouverte sur les marchés publics obtenus par le patron du groupe ETRHB, Ali Haddad, dans les secteurs des travaux publics, de l’hydraulique, de l’agriculture, de la jeunesse et des sports, et qui s’est soldée par l’inculpation de Ali Haddad, ses deux frères et une quinzaine de cadres.

Hier, le tribunal a ouvert un autre chantier. Il s’agit de plusieurs dossiers liés à l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout et qui concernent les avantages que lui a octroyés l’Agence nationale de développement et d’investissement (Andi) pour lancer ses investissements dans le domaine de l’industrie du montage automobile (SKD-CKD), les contrats qu’il a signés avec l’Etusa et l’Onou, mais également d’autres liés à des projets.

En plus de l’homme d’affaires, le tribunal a convoqué également les deux frères de ce dernier, ainsi que son fils Billel et onze de ses cadres dirigeants. Du côté des entreprises publiques, ils sont près d’une cinquantaine de cadres à avoir été sur la liste des personnes à auditionner, parmi lesquelles de nombreux responsables locaux et centraux de l’Onou, de l’Etusa ainsi que ceux de l’ANDI et du département de l’industrie.

Le nombre important des concernés a poussé le parquet à mettre à la disposition de ces derniers une salle d’audience pour attendre leur tour. A l’exception des deux ex-Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, ainsi que l’ancien ministre des Transports Boudjamâa Talaï, et l’ex-wali d’Alger, Abdelkader Zoukh (qui sont déjà déférés devant la Cour suprême dans le cadre de l’affaire Ali Haddad), qui ont quitté rapidement le tribunal, la majorité des personnes convoquées sont restées à l’intérieur et aucune nouvelle sur les décisions du juge n’était connue.

Même si ses avocats étaient confiants dès le début de l’enquête préliminaire menée par la gendarmerie, beaucoup d’indices laissaient croire que le patron du groupe Cima Motors n’allait pas sortir indemne de cette présentation, d’autant qu’il était, lui, son fils et ses deux frères, sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire national (ISTN) depuis le 31 mars dernier, après l’arrestation de Ali Haddad à la frontière algéro-tunisienne au poste d’Oum Tboul, à El Kala, durant la nuit du 30 au 31 mars.

Les enquêtes préliminaires sur les hommes d’affaires liés de près ou de loin au premier cercle du Président déchu se poursuivent donc, alors que de nombreuses personnalités politiques, dont les deux anciens chefs de l’Exécutif, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, 12 ex-ministres et 2 walis, d’Alger et d’El Bayadh, ont été déférés devant la Cour suprême (ils bénéficient tous du principe de privilège de juridiction en raison de la fonction qu’ils occupaient lors des faits) pour des supposés faits de «violation de la réglementation des marchés publics» et «trafic d’influence».

Tout porte à croire que ces affaires ne sont que les premières d’une longue liste qui risque encore d’éclabousser d’autres personnalités de l’Etat.


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