ENQUETE EXCLUSIVE – Les Etranges Relations du Géant Chinois CSCEC avec le Groupe BENAMOR



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CSCEC Algérie filiale algérienne du groupe chinois China State Construction Engineering Corporation Ltd (CSCEC) fondé en 1982, est très présente dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) sur le territoire algérien.

C’est surtout depuis l’embellie financière conjoncturelle, due à l’envol du prix du baril de pétrole à partir des années 2000, et correspondant avec l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, qu’elle a véritablement commencé à décrocher de juteux contrats en Algérie.

Plusieurs sources concordantes attestent qu’en 2016, la CSCEC avait déjà cumulé plus de 5 milliards de dollars de contrats en Algérie dans des domaines aussi variés que le logement, l’hôtellerie, les barrages hydrauliques, les hôpitaux, l’infrastructure routière, le transport ferroviaire, les infrastructures aéroportuaires…

Ahmed Ouyahia avec le Directeur Général et le PDG de CSCEC à la foire d'Alger

Si les deux projets les plus connus sont celui, avorté, de construction et d’exploitation sur 20 ans du port de Cherchell pour 2 milliards de dollars, c’est la réalisation de la grande mosquée d’Alger en 2011, pour un montant d’1,5 milliard de dollars, qui divise encore les algériens.

Mais ce ne sont pas là les seuls bonnes affaires chinoises. De nombreux autres contrats ont été destinés à CSCEC Algérie tels : Le nouveau Siège du Ministère des Affaires Etrangères, l’extension de l’aéroport d’Alger pour 850 millions de dollars, marché obtenu après avoir fini le désormais ancien aéroport internationale Houari Boumediene d’Alger pour un montant de 264 millions de dollars. L’Etablissement National de la Navigation Aérienne (ENNA) avait également choisi l’entreprise chinoise basée à Alger pour réaliser les tours de contrôles de cinq aéroports à travers le territoire pour un montant de 25 millions de dollars.

Le Stade du 5 juillet à Alger a également été décroché par CSCEC un montant de 20 millions de Dollars. La nouvelle ville universitaire de Constantine pour plus de 500 millions de dollars a également été réalisée par CSCEC Algérie, la construction de l’hôtel Sheraton d’Alger pour près de 70 millions de dollars, l’Hôtel Marriott de Tlemcen pour 145 millions USD. L’entreprise de BTP Chinoise a même été retenue en début d’année 2019 par Djilali Mehri et le groupe français Accor pour construire un Novotel à Alger.

Le succès de l’entreprise de l’Empire du Milieu ne tarit pas. En début d’année 2018, CSCEC arrache un projet de plus de 4 Milliards de dinars auprès de la Sonatrach pour réaliser un quartier résidentiel dans la ville d’Ain-Benian à Alger.

Enfin il y a le centre des conventions de Club des Pins pour plus de 680 Millions de dollars, l’hôtel Sheraton d’Annaba pour près de 12 milliards de dinars ou encore l’École Supérieure d’Hôtellerie et de Restauration d’Alger (ESHRA) pour une valeur estimée à 170 millions de dollars, et bien d’autres projets encore dont 13 nouvelles prisons. Investissement prémonitoire…

Comme tous nos lecteurs l’auront constaté, la commande publique qui cumulerait aujourd’hui 10 Milliards de Dollars, a été une aubaine pour CSCEC. Elle a été pourtant bannie le 12 Janvier 2009 pour 6 années par la Banque Mondiale, pour cause de corruption et de fraude dans des projets financés par cette banque, dont l’Algérie est membre.

Et c’est d’ailleurs ce qui aurait dû être suivi d’effet dans notre pays, car la loi sur la lutte contre la corruption, entrée en vigueur en 2006, est claire. Elle écarte les entreprises dont la probité est mise en doute, de tout appel d’offres et leur barre l’accès à la commande publique.

Il faut savoir que dans les marchés publics, les soumissionnaires aux appels d’offres sont tenus de signer une déclaration de probité par laquelle le soumissionnaire s’engage à ‘’ne pas avoir fait l’objet, ni lui-même, ni ses employés, ni ses représentants, ni ses sous-traitants, de poursuites pour corruption ou tentative de corruption d’agents publics’’.

Comment alors justifier le choix de CSCEC pour la réalisation de la mosquée d’Alger ?

Si l’Algérie a aujourd’hui décidé d’ouvrir les procès de grands scandales économiques comme SNC Lavalin, l’Autoroute Est-Ouest, Sonatrach, Khalifa…, il est à s’attendre que la justice algérienne se penche sur les conditions de sa prévalence dans les marchés du BTP et plus particulièrement de l’octroi du projet de la mosquée d’Alger à CSCEC, alors qu’en 2011 elle était bannie par la banque mondiale pour fraude et corruption.

L’enquête en cours sur des faits de corruption autour du nouvel aéroport d’Alger, impliquant Tahar Allache, PDG de la SGSIA et la CSCEC, est édifiante.

Par manque de compétences, et d’organisation interne, personne à la SGSIA géré par Tahr Allache n’est capable d’assurer la mise en service de la nouvelle tour de contrôle.

En outre, les enquêteurs des services de sécurité devraient se pencher de plus près sur les affaires de CSCEC, et le fait que les procédures de passation de marchés ne sont pas toutes passées par des appels d’offres, comme l’exige le code des marchés publics.

Tout comme la justice devrait se pencher sur la création par les dirigeants de CSCEC d’entreprises…en France.

En effet, dotée au départ d’un capital de 300.000 euros, la société Beyond Construction Commerce qui emploie 6 personnes dans ses bureaux situés au 38 Rue du Louvre dans le 1er arrondissement de Paris, a été créé en 2009 par son Président Jian Li, également président de la CSCEC Algérie, son Directeur Général Sheng Zhou également Directeur Général de CSCEC Algérie et Xin Fu.

Alors que la Banque Mondiale venait de blacklister CSCEC en 2009, les dirigeants de cette dernière se sont précipités à ouvrir une société de capitaux, avec un nom différent en France, pour pouvoir faciliter l’exportation de matériaux nécessaires à ses projets algériens.

En Décembre 2018, Jian Li et Sheng Zhou vont d’ailleurs ouvrir, à la même adresse parisienne, une autre entreprise au capital de 500.000 Euros dénommée China Mediterranean Holding.

Nous avons contacté en vain par mail CSCEC Algérie afin de savoir quels étaient les raisons qui avaient amenés les dirigeants d’une société de droit algérien à créer des entreprises à Paris.

Devant l’absence de réponse, nous avons alors contacté la société Beyond Construction Commerce, et là, une personne a bien voulu nous renseigner.

Selon cette dernière, la création de filiales en France répondrait à des nécessités liées principalement à la recherche de fournisseurs internationaux et pour répondre aux impératifs d’approvisionnements urgents pour les projets algériens.

Poursuivant son argumentaire, elle nous déclare que souvent, les distributeurs locaux algériens présentaient des cycles de livraisons bien plus longs que ceux de Beyond Construction Commerce.

Cette dernière pouvait, toujours selon elle, mieux négocier les prix au niveau des fournisseurs internationaux et acheminer les marchandises avec célérité.

A notre question de savoir quels étaient les clients de Beyond Construction Commerce, il nous a été répondu que CSCEC Algérie représentait son seul client.

En refacturant les services et marchandises ainsi envoyées, Beyond Construction Commerce génère un chiffre d’affaire qui se chiffre en dizaine de millions d’euros…

Un petit résumé pour comprendre. CSCEC Chine, à travers CSCEC Algérie, obtient des projets essentiellement avec l’Etat algérien, créé par ses dirigeants un bureau intermédiaire en France, pour payer des services et du matériel destinés à CSCEC Algérie, argent provenant de fonds publics Algériens.

Si ce montage nous parait étrange, c’est parce que y recourir a permis à CSCEC de générer des profits à l’étranger pour des projets en Algérie, qui échappent au fisc et font mal au trésor public algérien.

Nous avons pu obtenir le compte de résultat des années 2014 à 2017 de cette bien discrète filiale française de CSCEC, et les chiffres sont vertigineux.

Et c’est parce que les affaires marchent bien qu’elle se permet, en 2017, une augmentation du capital social passant de 300.000 euros à 4,4 Millions d’Euros !

Nous aussi, nous nous sommes posés la même question que vous. Beyond Construction Commerce aurait-elle été créé dans le but de siphonner un peu de cet argent public algérien ? Une réponse de CSCEC que nous attendons encore.

Il faut reconnaitre que le succès du déploiement des entreprises chinoises dans le monde est essentiellement dû à un savoir-faire indéniable conjugué à une politique de prix agressive, mais également à une adaptation hors-pair aux usages et systèmes économiques locaux.

CSCEC en Algérie ne fait pas exception. Elle y a trouvé un espace économique miné par la corruption et la fraude, dominé par un redoutable système de prédation de la rente publique. C’est ce qui lui a permis de bénéficier d’une bien étrange indulgence de la part de nombreux hommes influents au sommet de l’Etat, qui lui ont ouvert les portes de l’économie nationale alors qu’elle était mondialement blacklistée.

Laid Benamor le Président-Directeur Général du Groupe Benamor, spécialisé dans la filière agro-alimentaire. En 2016, il crée avec ses frères ainsi que ses deux sœurs et sa mère, la société Benamor Invest, avec un capital de 500 Millions de dinars.

Après quelques mois, celle-ci va créer aux côtés de Liu Lu, Directeur Général Adjoint de la China Mediterranean Holding à Paris, une Joint-Venture avec Beyond Construction Commerce !

A l’époque Président de la Chambre Algérienne de Commerce et d’Industrie (CACI), Laid Benamor pour mener des investissements immobiliers en Algérie, aura donc préféré s’associer à un bureau de négoce français géré par les patrons de CSCEC Algérie. Etrange.

Pourquoi ne pas s’être associé directement avec CSCEC Algérie ? Ignorait-il que les dirigeants de Beyond Construction Commerce étaient les mêmes à la tête de CSCEC Algérie ?

En procès avec le rédacteur en chef d’Algeriepart, nous avons évité de lui poser ces questions. Mais elles restent ouvertes.

Ce qui est certain, est que le capital de cette nouvelle entité dénommée SPA ALGERIE BENAMOR CSEC INVEST (ABCI) et domiciliée à El Fedjoudj dans la wilaya de Guelma, a été porté à 5 Millions de dinars.

La nouvelle entreprise de Laid Benamor et de ses partenaires chinois s’est déjà engagée dans des projets à Annaba.

Cerway, l’opérateur de la certification HQE, a été fondée en 2013 en France. La certification HQE poursuit des objectifs de performance durable et prend en compte l’analyse du cycle de vie à l’échelle des bâtiments.

Un projet promotionnel de 121 logements de haut standing à Val Mascort à Annaba, a reçu la certification HQE en date du 22 Mars 2019 et a été initié par la Joint-Venture SPA ALGERIE BENAMOR CSEC INVEST ABCI et par la CSCEC Algérie.

Au-delà du montage qui semble vouloir éviter à ce dernier groupement la loi des 51/49, c’est l’éthique même qui est bousculée par de telles pratiques, et ce par le Président d’alors, de la Chambre de commerce et d’industrie.

En effet, la Chambre Algérienne de Commerce et d’Industrie (CACI), placée sous la tutelle du Ministre chargé du commerce, représente auprès des pouvoirs publics, les intérêts généraux des secteurs du commerce, de l’industrie et des services, comme stipulé dans l’article 4 de ses statuts.

Les pouvoirs publics auraient certainement dû se poser cette question légitime. N’est-on pas en situation de conflit d’intérêt quand il s’agit ; par exemple pour un Président de Chambre de Commerce, de défendre la promotion du secteur économique national alors qu’il est en même temps propriétaire d’un groupe commercial et industriel et qu’il doit défendre ses intérêts particuliers ?

Beaucoup disent que Laid Benamor a échoué à se faire réélire à la tête de la CACI parce que son principal soutien, Abdelmalek Sellal est en prison, d’autres, soutiennent que son conflit avec le groupe AGRODIV dirigé à l’époque par Mme Ikhneche Djamila, lui vaut les représailles de celle qui est devenue depuis, Ministre de l’Industrie du gouvernement Bedoui : Mme Tamazirt, née Ikhneche Djamila.

Pour notre part, au-delà de ces conjectures, il nous parait nécessaire de rétablir les règles déontologiques régissant l’économie nationale, car elles existent, tout comme il est fondamental de bannir les pratiques maffieuses instaurées et imposées par tous ceux qui y ont participé, fût-ce de manière active ou passive.

Cité aujourd’hui dans plusieurs enquêtes par le parquet de Sidi M’Hamed pour avoir influencé des fonctionnaires au détriment de l’impartialité de la concurrence sur les marchés publics et l’égalité entre opérateurs économiques, au détriment également de l’investissement productifs, créateur de richesses et d’emploi, au détriment aussi de la distribution juste des revenus et la participation à la fiscalité ordinaire, Laid Benamor et interdit de sortie du territoire national.

 


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