Vers et sur l’intifadha populaire en Algérie



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Par Kaddour Naïmi − Publier dans la presse indépendante des textes brefs, de manière continue et régulière est très utile ; les réunir dans un recueil est encore mieux. La somme permet, d’une part, de vérifier si une logique, et laquelle, a présidé à la rédaction des textes, et, d’autre part, d’avoir une vue d’ensemble du ou des phénomènes sociaux examinés.

Voici deux recueils complémentaires, intitulés Vers l’intifadha populaire en Algérie 2019 et Sur l’intifadha populaire en Algérie 2019.

Vers le soulèvement populaire

Le premier volume expose diverses causes et différentes formes de domination sociale oligarchique, d’un côté et, de l’autre, des formes d’action de résistance populaire. Cette domination et cette résistance ont eu lieu dans tous les domaines de la vie sociale, de haut (institution étatique) en bas (citoyen le plus ordinaire), en passant par les intermédiaires entre les deux.

Contrairement à celles et ceux qui ont désespéré du peuple, même en tant qu’opposants politiques du régime, par élitisme arrogant et méprisant de personnes jouissant d’un statut social privilégié, d’autres − dont l’auteur de Vers l’intifadha populaire − n’ont jamais dénié au peuple ses capacités de résistance et de résilience. Sans occulter les carences du peuple, on garde l’estime de celui-ci, même quand il est victime du pire des conditionnements idéologiques. Cette estime n’est pas causée par une illusion béate et utopique sur les capacités du peuple, quel qu’il soit, mais par ce que un Maître, appelé «Histoire sociale», enseigne : la société humaine a, partout et toujours, y compris l’Algérie, parmi ses lois celle-ci : tant qu’une oligarchie parvient à dominer et ses victimes consentent à subir, la communauté sociale (le prétendu «ordre social», en réalité un désordre entretenu) perdure et peut même empirer. Toutefois…

Sur le soulèvement populaire

Toutefois, arrive un moment où les dominés, trop exploités et trop humiliés, ne réussissent plus à se résigner à leur condition, d’une part, et, d’autre part, les dominateurs, trop certains d’eux-mêmes, trop arrogants et trop avides de richesses suite à l’exploitation du peuple et des ressources naturelles de la nation, ne disposent plus de moyens pour maintenir leur pathogène et criminelle oppression. Surgit, alors, le soulèvement populaire, exigeant l’élimination radicale du système social dominateur, et l’établissement d’un nouveau système social, plus conforme à la dignité humaine. Ce phénomène social de contestation radicale ne surprend que les ignorants en matière d’histoire sociale, parce que manquant de connaissance suffisante ou parce que aveuglés par leurs privilèges de caste, même si cette dernière se proclame «démocratique», «libérale» ou encore «révolutionnaire». C’est ce qu’examine le second volume.

Il demeure néanmoins un travail incomplet, à continuer, un «work in progress» car l’intifadha populaire est en cours. Elle manifeste des forces et des faiblesses, et personne, aucun «expert», aucun politicien, pas même les protagonistes du soulèvement, n’est capable d’entrevoir où se dirige le processus.

Cependant, l’histoire sociale des peuples, en général, et celle du peuple algérien, en particulier, permettent d’avancer des hypothèses et des pistes de recherche et d’action, basées sur la connaissance des expériences passées, nationales et mondiales, de ce genre de soulèvement populaire. Néanmoins, partout et toujours, le peuple reste souverain dans sa démarche, tout au moins jusqu’à une certaine phase du processus.

A ce sujet, Maître Histoire sociale enseigne encore ceci : tout est possible, le pire et le meilleur.

L’issue dépend du degré d’intelligence stratégique des protagonistes adversaires ; le peuple, d’une part, et, d’autre part, ceux qui le gouvernent. Cette intelligence stratégique se manifeste dans le niveau d’organisation autonome, produisant une direction incarnée par des représentants adéquats, d’une part, et, d’autre part, par la connaissance la plus précise des forces et faiblesses que chaque protagoniste a de lui-même et de son adversaire. Pas aisé, comme on le devine.

Principes conducteurs

Les idées exposées dans les deux ouvrages en question se développent sur la base de deux principes fondamentaux, exposés de manière claire − tout au moins il faut l’espérer − également répétitive, parce que ces principes sont très généralement ignorés, sinon occultés.

Le premier principe est le triptyque liberté, égalité et solidarité. Ces trois concepts, ces droits citoyens sont indissociables parce qu’ils forment une unité complémentaire, où les éléments dépendent l’un de l’autre. En absence de cette unité complémentaire, la liberté n’est que celle du plus fort-rusé-égoïste au détriment des autres, l’égalité n’est que celle entre les dominateurs (bien que parmi eux une lutte existe entre castes ou, si l’on veut, entre clans) face aux dominés, et la solidarité n’est que celle des dominateurs, tant qu’ils sont obligés de se confronter avec les opprimés pour maintenir leur domination sur eux. En effet, les oppresseurs interdisent aux oppressés, d’une manière ou d’une autre, le droit à liberté (parce qu’elle est susceptible de contester la domination oligarchique), le droit à l’égalité (formellement reconnue et proclamée, elle est niée dans les faits) et le droit à la solidarité (l’oligarchie veille à diviser le peuple pour le dominer).

Le second principe conducteur des textes de ces deux essais est le suivant : un peuple ne peut se sauver que par lui-même. Cela est possible, répétons-le, à travers sa capacité auto-organisatrice et représentative.

Tout au plus, une minorité de privilégiés, parce que dotés néanmoins d’une éthique citoyenne correcte (autrement dit, concevant liberté, égalité et solidarité comme unité complémentaire indissociable), cette minorité peut contribuer à l’affranchissement de ce peuple de toute forme d’assujettissement, à condition de ne pas s’ériger en nouvelle oligarchie dominatrice, quelque soit l’étiquette, plus exactement le masque, servant à légitimer cette forme inédite de domination.

Jusqu’à présent, partout dans le monde, dans le passé, un peuple a tout au plus réussi à s’auto-gouverner pendant une courte période (au maximum trois ans), puis il fut vaincu par une nouvelle oligarchie. Les exemples sont mentionnés dans le premier volume. Ces brèves expériences demeurent néanmoins très précieuses. Elles sont des «exercices» constituant des leçons pour mieux agir dans le futur.

Concernant le problème stratégique de la capacité auto-organisatrice et représentative du peuple, c’est précisément le problème stratégique auquel est confrontée, en cette phase où ces lignes sont écrites, l’intifadha populaire en Algérie.

K. N. (xundao1@yahoo.com)

NDLR : les opinions exprimées exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.


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