
Les services de la commune de Béjaïa ont entamé une opération de démolition des constructions illicites sur fond de colère d’une partie des citoyens. Dimanche dernier, dans la matinée, des habitants du quartier populeux d’Iheddaden Oufella sont sortis dans la rue, ont observé un rassemblement devant le siège de la wilaya, et imposé la fermeture, pendant près d’une heure, de la route à la circulation automobile.
A l’aube de la même journée, des engins réquisitionnés par la commune ont été actionnés pour continuer l’opération de démolition, qui avait touché jusque-là cinq habitations en voie de construction sans permis dans la zone de Sidi Boudrahem. Certaines étaient fraîchement dallées. Les engins ont également remblayé les fondations d’une nouvelle bâtisse. Un groupe de citoyens s’est interposé pour empêcher les engins de poursuivre l’opération. Sous la pression, les gendarmes, qui étaient réquisitionnés en nombre ont dû repartir. «On vendait ici des lots de terrain des années durant au vu et au su de tout le monde, y compris des autorités. Personne ne trouvait à redire, nous refusons qu’on viennent aujourd’hui démolir» s’est révolté un groupe d’habitants du quartier.
C’est un secret de Polichinelle pour les Bougiotes que dans cette large zone reculée de la ville de Béjaïa des parcelles de terrain ont, en effet, été cédées, au mieux des cas, par simple papier timbré, permettant à leurs acquéreurs d’y engager des constructions sans autorisation communale. La crise du logement et le besoin de se trouver un toit ont fait que d’aucuns espéraient une régularisation que l’on estimait inévitable, mais qui n’arrive pas dans tous les cas. On a construit dans la hâte et au lot s’est mêlé ce que l’on n’hésite pas à qualifier de «mafia du foncier», qui n’épargne pas les terrains domaniaux.
A Sidi Boudrahem, les autorités ont ciblé des terrains propriété des Domaines, projetant d’y implanter des chantiers de logements. Selon la cellule de communication de la wilaya, sur les 2000 logements qui restent à construire à
Sidi Boudrahem, sur un total de 9000 unités projetées, 1400 logements AADL2 seront lancés «prochainement» sur l’assiette de terrain à récupérer après ces dernières démolitions.
«L’opération de démolition va se poursuivre pour toucher toutes les constructions illicites à travers la wilaya de Béjaïa», annonce la même cellule de communication. L’on sait toutefois que de nombreuses APC hésitent à le faire, appréhendant la réaction des citoyens concernés. 29 décisions de démolition ont été signées par le président de l’APC de Béjaïa, Hocine Merzougui, après réunion avec les services de la wilaya. Elles concernent des constructions illicites souvent non encore habitées et qui ont poussé précipitamment, faisant de Sidi Boudrahem, entre autres zones, une excroissance extra-urbaine anarchique.

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