Selon l'économiste Najib Akesbi

« Au Maroc, les inégalités sociales s'accentuent »



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L'économiste marocain Najib Akesbi, membre du Parti socialiste unifié, n'a pas ménagé la politique du roi du Maroc Mohamed VI au lendemain du discours célébrant ses vingt ans de règne. Selon cet expert, l'économie marocaine reste, en effet, marquée par des inégalités. « Personne, à commencer par les autorités, ne va jusqu'à dire que le roi a réduit les inégalités. Même les officiels, aujourd'hui, lorsqu'ils évoquent le développement de l'économie, émettent des réserves sur la question des inégalités.

Le Marocain en 2019 vit globalement un peu mieux qu'il y a 20 ans, mais les inégalités entre les Marocains se sont accentuées, comme elles s'étaient accentuées auparavant. Je pense que c'est l'un des aspects négatifs de ces deux dernières décennies, souligne-t-il. Selon cet économiste, la croissance au Maroc « est à la fois faible - elle décline même ces dernières années - et demeure extrêmement volatile. Donc, on est encore dans un schéma très précaire et incertain ». Revenant sur les investissements opérés ces dix dernières années, il estime que c'est l'arbre qui cache la forêt. « Entendons-nous bien… C'est Renault ou Peugeot qui investissent au Maroc, et qui exportent à partir du Maroc. Je veux dire que si demain, pour des raisons qui dépendent de la stratégie de Renault, cette société décide de quitter le Maroc et d'aller ailleurs, l'industrie disparaît et se volatilise. C'est une industrie de sous-traitance qui s'inscrit dans des chaînes de valeur internationales, et qui reste à la merci totale de ces décideurs que sont les multinationales » révèle-t-il.

Il cite un exemple qui bat toutes les analyses et les projections faites par des spécialistes maisons : « Le taux de couverture des importations par les exportations se situe autour de 56 ou 57 %. Cela veut dire que l'on continue d'importer deux fois ce que l'on exporte. Ce sont des réalités. On est loin de l'idée de départ qui était de faire en sorte que les excédents d'exportation devaient enclencher une dynamique de croissance interne ». Pour cet économiste, les grands choix économiques « ont été des combats perdus » au niveau sectoriel comme l'agriculture ou l'industrie par exemple. « En réalité, on a surtout enrichi une minorité. Justement, c'est cette minorité qui était avantagée, promue, subventionnée par l'Etat pour réussir, et notamment une certaine frange du secteur privé. Mais en même temps, les politiques transversales qui auraient pu atténuer les inégalités ont, en réalité, accentué les inégalités », assène-t-il. Tout en brocardant le système fiscal « à la fois inefficace et inéquitable », il estime que ce système « pèse essentiellement sur la classe moyennes alors qu'il contribue à enrichir les privilégiés de toujours ». L'an dernier un rapport d'Oxfam a dressé un constat terrible : le Maroc est le pays de l'Afrique du Nord le moins bien loti en termes d'égalité. C'est l'une des conclusions alarmantes présentées par le rapport d'Oxfam sur les inégalités dans le monde. A en croire cette ONG qui retrace l'évolution des indices de Gini, qui mesurent les disparités au sein d'une population, la situation du royaume est encore plus grave que celle de la Tunisie, de l'Algérie ou de l'Egypte, et ce malgré les timides avancées réalisées en la matière. L'ONG précise que la moitié des Marocains ont un niveau de vie inférieur à 966 dirhams (150 euros) par mois. Déjà importantes, ces disparités se creusent davantage entre les territoires. La pauvreté reste très prégnante en milieu rural, avec près de 10% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Mais les inégalités ne sont pas uniquement économiques et peuvent prendre des formes très diverses, allant des écarts de salaires et de patrimoines aux disparités dans l'accès à l'éducation et aux soins, en passant par les inégalités de genre, souligne le rapport, avec toujours les mêmes conséquences graves : accroissement de la pauvreté, précarisation et marginalisation, dont les femmes sont les premières à souffrir.

Ainsi, à titre d'exemple, un Marocain est scolarisé en moyenne pendant 4,4 ans, soit deux ans de moins que la moyenne des pays arabes (6,3 ans) et plus de trois ans de moins que la moyenne mondiale (7,7 ans). Ces failles du système éducatif alimentent la reproduction des inégalités et de la pauvreté, estime Oxfam. Une situation devenue intenable pour les Marocains.


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