Que se sont dit Macron et Poutine sur l’Algérie lors de leur tête-à-tête ?



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Par Kamel M. – Si les médias français ont focalisé sur les propos tenus par le président russe au sujet des Gilets jaunes, il est néanmoins certain qu’un sujet qui préoccupe Paris et Moscou au plus haut point ne peut avoir été écarté de l’ordre du jour des discussions entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine.

La crise politique algérienne a certainement été abordée par les chefs d’Etat des deux pays qui comptent de nombreux intérêts stratégiques en Algérie. La France comme la Russie insistent sur le fait que toute ingérence dans les affaires internes algériennes doit être bannie. Les millions de manifestants qui réclament un changement radical du système et le départ immédiat, et sans condition, de ses symboles, toujours au pouvoir, ont depuis le début du Mouvement populaire du 22 février rejeté toute immixtion dans le hirak, d’où qu’elle vienne.

Paris et Moscou, tout en étant conscients de ce rejet catégorique par le peuple algérien de toute tentative de s’ingérer dans la crise profonde qui secoue le pays, n’en demeurent pas moins attentifs à la situation inquiétante qui prévaut en Algérie. Les intérêts de Paris et de Moscou étant diamétralement opposés, il est difficile de savoir si les deux dirigeants sont arrivés à un compromis pour éviter une confrontation entre ces deux puissances étrangères comme c’est le cas en Syrie, notamment.

Si la situation dans ce pays en proie à une guerre civile destructrice est complètement différente de celle qui prévaut en Algérie où les manifestations sont pacifiques, la France et la Russie ne s’en livrent pas moins une guerre d’influence qui ne dit pas son nom.

Jusqu’à la démission de Bouteflika, Moscou adoptait une attitude claire, en appelant à laisser les Algériens régler leurs problèmes seuls. Depuis cette date, les dirigeants russes n’ont fait aucune déclaration et laissent ainsi planer le doute sur leur position par rapport aux détenteurs du pouvoir actuels, notamment le chef d’état-major de l’armée. Un chef d’état-major qui a, dès la démission de Bouteflika, «ouvert les hostilités» avec l’ancienne puissance coloniale, sans la citer nommément, mais en y faisant allusion de façon à peine voilée.

La France a, de son côté, multiplié les déclarations pour assurer qu’elle ne comptait pas être partie prenante de la crise interne de l’Algérie, bien que Paris soit particulièrement préoccupé par les conséquences d’un enlisement de la crise sur la France. Hormis les intérêts économiques, ce pays craint une vague d’émigration massive en cas d’aggravation de la situation au vu de l’absence de perspectives à court terme et, au contraire, de la présence de signes qui indiquent que la rentrée sociale pourrait être explosive si le pouvoir persiste à ne pas se plier aux exigences légitimes du Mouvement populaire, déterminé à poursuivre son action jusqu’au «recouvrement de l’indépendance».

K. M.

 


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