Primat du politique sur le militaire, leitmotiv de la révolution de Février

Rejaillissement de la Soummam



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Plus qu’une revanche de l’histoire, c’est un retour constructeur au passé. Relégué au second plan par le récit national officiel, son message dénaturé par un révisionnisme assumé et son principal artisan assassiné puis diabolisé en permanence, l’esprit du Congrès de la Soummam rejaillit sur le pays.

Sa portée historique ne cesse de se vérifier. Elle se confirme comme l’événement dans lequel les crises politiques successives infligées au pays peuvent trouver des réponses. Il demeure le socle politique fécond et incontournable pour une refondation démocratique de l’Algérie en lutte.

Plus de 60 ans après sa tenue, en pleine Guerre de Libération dévastatrice, alors que le pays est ébranlé par une seconde révolution, le message de Abane et Ben M’hidi est convoqué par les générations d’aujourd’hui, en lutte pour s’émanciper de la tyrannie d’un système politique de soumission. La primauté du politique sur le militaire – une des plus importantes résolutions des assises d’Ifri – est arboré comme un leitmotiv de l’insurrection citoyenne en cours.

Depuis la déposition de Abdelaziz Bouteflika et l’affirmation de l’état-major de l’armée comme un pouvoir de fait, les millions d’Algériens qui marchent depuis le 22 février brandissent avec vigueur le slogan «Etat civil et non militaire». Une adaptation contemporaine du principe du primat du politique sur le militaire lancée comme un rempart contre le risque d’une confiscation.

C’est l’histoire qui se répète. Et si «les assassins d’hier ont des héritiers aujourd’hui», les martyrs aussi ont les leurs, fiers et dignes. Dans leur combat d’aujourd’hui contre l’ordre autoritaire instauré par la violence au lendemain de l’indépendance, les Algériens, en démantelant les pièces du système, renouent chemin faisant le fil de l’histoire. Comme hier, les insurgés du 22 Février ont dû faire également face aux mêmes tentatives de manipulation de l’histoire et aux mêmes tentations contre-révolutionnaires qui ont caractérisé la Révolution de 1954. Pour disqualifier la Soummam, ses principes et ses artisans, des officines en mal d’inspiration – et surtout en incapacité à contrôler l’insurrection citoyenne en cours – ont vainement tenté d’opposer au 20 Août 1956 le 1er Novembre, auquel on a collé maladroitement le badissisme. Une imposture.

Une segmentation dangereuse d’une histoire affiliée, provoquant des polémiques et de violentes querelles au sein de l’opinion. Le fait n’a pas échappé à Saïd Sadi, qui mentionne dans une tribune que «des hommes-sandwichs portant des panneaux dénonçant Evian et la Soummam pour leur opposer l’appel du 1er Novembre. Les trois événements sont imbriqués les uns dans les autres. Novembre est un appel à l’insurrection, la Soummam est la traduction politique et institutionnelle du combat libérateur et Evian en est la consécration». Vigilants et lucides, les Algériens ont su et pu, avec intelligence, déjouer la manœuvre.

Double défaite pour le régime

La supercherie n’a pas fonctionné et la greffe n’a pas pris. Mais elle a révélé l’attachement pathologique des héritiers de Bouteflika aux réflexes de ruse et aux techniques de manipulation du passé pour mieux prendre en otage l’avenir duquel ils seront balayés. En désespoir de cause mais surtout en porte-à-faux avec le puissant désir de démocratie porté par des millions d’Algériens, les rescapés du régime du Président déchu agitent vainement tous les chiffons pour désorienter les citoyens et les détourner de l’essentiel. Eux et le régime qu’ils incarnent sont en passe de subir une double défaite politique et historique. Si la crise algérienne tire son origine en partie du hold-up historique et du coup d’Etat orchestré contre l’indépendance, sa solution est à rechercher aussi dans ce qui a constitué l’essence même de la Révolution.

La Plateforme de la Soummam ne peut être confinée exclusivement dans le registre du passé archivé. Sa philosophie, ses valeurs et ses principes sont d’une modernité et d’une rationalité politique certaine. «Le sens réel du principe de la primauté du politique sur le militaire est la récupération des fragments de souveraineté répartis entre les différentes factions, les placer dans une institution unique et clairement identifiée… L’assassinat de Abane consacrera définitivement le principe de la légitimation par la violence», analysait il y a trois ans l’ancien leader du Mouvement culturel berbère, Djamel Zenati, dans une tribune intitulée «Abane au chevet de la crise algérienne».

C’est cette logique destructrice, par laquelle le régime politique de nature autoritaire se légitimait depuis toujours, qui a conduit à une impasse intégrale. Elle est aussi la raison essentielle qui a conduit à l’insurrection citoyenne de Février qui secoue le pays et ébranle le système. «L’Algérie ne serait pas dévastée si Abane n’avait pas été assassiné par les siens et si Ben M’hidi n’avait pas été exécuté par les autres. En d’autres termes, si le principe du primat du politique sur le militaire avait été respecté», ne cessait de répéter Hocine Aït Ahmed. Soixante-trois ans après, les Algériens renouent fièrement avec ce repère historique pour le placer au cœur de la bataille d’aujourd’hui, lui redonnant son sens politique véritable. Et ce n’est pas un hasard si le peuple du vendredi marche en chantant «Echaab yourid el istiqlal»…


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