La mobilisation monte crescendo à Boumerdès



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Des centaines de citoyens ont battu le pavé hier dans les villes de Dellys, Bordj Menaïel et Boumerdès pour exiger une rupture radicale avec le système. Contrairement aux semaines précédentes, la mobilisation semble reprendre de plus belle en prévision de la rentrée sociale. Celle-ci s’annonce en effet chaude en raison des appels répétés à la désobéissance civile et du risque de paralysie de plusieurs secteurs par les grèves. Au chef-lieu de wilaya, les manifestants ont, encore une fois, exprimé leur rejet du dialogue initié par la Présidence, estimant que la priorité est au départ des symboles de l’ancien régime. «Karim Younès à la poubelle !», «Dites-nous que fait encore Bedoui, lui qui est spécialisé dans le bourrage des urnes ?», «On a dégagé un président amorphe, on nous a ramené un président inconnu !», ont-ils scandé dès l’entame de la marche, à partir de la place Madaure.

Les marcheurs semblent intransigeants sur leurs revendications, notamment celle consistant à renvoyer les militaires dans les casernes pour instaurer un Etat civil. «Y en marre des généraux !», «Etat civil et non militaire !», «Ya Gaïd Salah, barka mel laâb, mada 8 ou 7, soulta li chaâb !» (Ô Gaïd, arrête de tergiverser, applique les articles 8 et 7 et remets le pouvoir au peuple), ont-ils crié.

Devant la faculté (ex-INH), la procession a observé une halte à l’endroit même où fut levé le premier drapeau de l’Algérie indépendante, le 5 juillet 1962. «Pour ceux qui ne le savent pas, c’est ici qu’a siégé la première instance exécutive du GPRA, présidée par Abderrahmane Fares. Malheureusement, comme vous le voyez, aucune plaque commémorative n’est placée en cet endroit pour faire connaître notre histoire aux nouvelles générations. Comment voulez-vous que des gens qui encouragent la culture de l’amnésie réussissent à construire un grand pays ?» clamait un inconditionnel du hirak armé d’un mégaphone.

A mesure que la marche avance, d’autres personnes des deux sexes et de tous les âges la rejoignent et grossissent ses rangs. Outre les slogans habituels, certains manifestants dénonçaient les «mouches électroniques» qui ont entamé une campagne avant l’heure en faveur de Abdelmadjid Tebboune. Le nom de cet ancien ministre a été en effet cité et ajouté à la longue liste des personnalités priées de dégager «afin de nous laisser construire notre avenir». «Le pouvoir est sourd. Bien que des milliers d’Algériens disent chaque vendredi et chaque mardi « non à des élections organisées par Bedoui » lui il actionne ses relais pour vendre l’image de Tebboune en nous le présentant comme l’homme providentiel qui va sauver l’Algérie. C’est bien dommage. Après six mois de hirak, nos dirigeants peinent à s’élever au niveau du peuple qui a impressionné le monde entier par sa maturité», déplore Anissa, une retraitée de Sonatrach, la tête couverte d’un chapeau et le corps drapé de l’emblème national. 


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