Enquêtes sur la corruption et la prédation

Qui veut étouffer la liste constantinoise ?



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Plus de trois mois après le début de la gigantesque opération «mains propres» à l’encontre des cadres de l’État et des oligarques, Constantine attend toujours l’ouverture d’enquêtes sur les affaires de détournement de deniers publics ayant marqué la wilaya durant les trois derniers mandats de Bouteflika.

L’espoir de justice pour le préjudice financier et moral subi par Constantine est entretenu par de folles rumeurs sur l’annonce imminente de prétendues listes contenant des dizaines de prévenus parmi les décideurs et les membres nationaux et locaux du FCE.

Hormis l’enquête impliquant K. Benissad, le directeur général du CHU Dr Ben Badis, placé par Abdelmalek Boudiaf, rien n’a filtré sur d’éventuelles enquêtes sur «les dossiers de Constantine». Pourtant, en quinze ans, la population de la wilaya a été obligée, à son corps défendant, de regarder flamber des sommes astronomiques sous l’intitulé générique du développement, des sommes dépensées scandaleusement en son nom.

Budget de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe (CCCA-2015), tramway, transrhumel, téléphérique, aérogare, contournement de l’autoroute, ville universitaire… tous ces mégaprojets facturés à dix chiffres en devises fortes sont entachés de suspicion et assimilés à de mafieuses opérations de prédation. S’y ajoutent la dilapidation du foncier agricole et du foncier industriel, l’échec de la gestion déléguée de l’AEP, le bradage du complexe industriel de Oued H’mimine et, surtout, le financement des campagnes électorales de Bouteflika par les oligarques constantinois en contrepartie de privilèges indus.

Aux indécrottables Kouninef, Haddad et Tahkout s’ajoutent les noms de membres du FCE local, devenus tout-puissants, intouchables et alliés du pouvoir de Bouteflika, contre les intérêts de la population.

D’aucuns expliquent cet oubli par l’implication directe de pontes du sérail, notamment l’actuel Premier ministre Noureddine Bedoui. D’autres «personnalités» et pas des moindres sont citées dans des affaires louches, à l’image de l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal (en détention), Abdeslem Bouchouareb, l’instigateur de l’introduction de l’américain Massey-Fergusson dans le complexe mécanique de Oued H’mimine, Abdelmalek Boudiaf, ministre et wali de Constantine 2005-2010, Hocine Ouadah, wali de la wilaya ayant ordonné les dépenses de l’année CCCA-2015.

Des projets pompes à fric

De wilaya marginalisée, sous-développée, Constantine a retrouvé la «générosité» de l’Etat dès le début du deuxième mandat de Bouteflika. Les «gros chèques» commencent à pleuvoir avec l’arrivée de Abdelmalek Boudiaf à la tête de la wilaya. C’était en 2005. Boudiaf arrive avec une feuille de route ambitieuse, voire extravagante, visant à opérer un lifting profond dans le visage de la ville avec le renforcement et la modernisation de son infrastructure.

Tout de suite, il s’avère qu’il a obtenu carte blanche des plus hautes autorités de l’Etat. Au sein de l’opinion locale, on se met à rêver d’une réparation et d’une réhabilitation qui permettra à Constantine de recouvrer son statut de métropole. Des projets qualifiés de «structurants» sont lancés avec beaucoup de communication.

Le président de la République faisait le déplacement deux fois par an pour inspecter l’avancement de cette transformation de la pauvre et misérable Constantine en un véritable «the place to be». Boudiaf restera cinq ans avant d’être promu wali d’Oran. Il n’inaugurera aucun de ces projets. C’est son remplaçant, Noureddine Bedoui, qui aura cette chance.

C’est à lui aussi qu’on doit le lancement des chantiers de la manifestation CCCA-2015, avec une marge de manœuvre considérable vis-à-vis du ministère de la Culture, étant donné que les projets étaient inscrits à l’indicatif de la wilaya et non pas comme projets sectoriels. On retiendra parmi ces projets la grande salle de spectacle copiée sur le modèle français Zénith. Ce sera la plus grande porte par laquelle seront détournés des dizaines de millions d’euros.

En effet, comme révélé début 2015 par El Watan, le Zénith de Constantine a coûté au moins quatre fois son prix, si l’on réfère au coût du dernier Zénith réalisé en France, celui de Saint-Etienne : 35 millions d’euros. Avec même pas la moitié de la capacité d’accueil, une conception architecturale pas signée, une qualité acoustique qui laisse à désirer, le Zénith de Constantine a coûté environ 160 millions d’euros, un chiffre jamais démenti par les autorités.

Toute la manifestation aura été menée de bout en bout dans cet esprit de prédation débridée. Le spectacle d’ouverture a coûté plus de 400 milliards de centimes.
Autre exemple de scandales révélé par El Watan : les escaliers séculaires du Coudiat, refaits contre l’avis de la population et des défenseurs du patrimoine de la ville, ont coûté 70 millions de centimes… la marche !

Sous-traitants de la Casa

On pourrait sérier sur de gros registres les scandales incalculables dans le cadre de cet événement de triste mémoire pour les Constantinois. El Watan en avait fait l’écho en révélant quelques-uns de ces scandales entre 2014 et 2016. C’est à Constantine aussi que de pseudo-laboratoires pharmaceutiques ont fait leur beurre, protégés par la mafia institutionnelle. Le rêve de faire de cette ville un pôle national de l’industrie du médicament a tourné court par la faute de la cupidité et l’arrivisme de la majorité des opérateurs, souvent des prête-noms à des pontes d’Alger.

Certes, il y a un grand nombre de labels installés dans la zone industrielle Palma, mais l’envers du décor donne sur un tissu industriel dont l’apport au secteur de la santé publique est insignifiant, qui ne génère pas d’emplois ni de plus-value fiscale notable. La vox populi ne manque pas de commentaires, cela dit, sur les happy few qui ont la chance de décrocher des licences dans le domaine et surtout leur enrichissement rapide.

C’est aussi à Constantine, à Ali Mendjeli exactement, que Tahkout a mis la main sur des parcelles précieuses du foncier urbain pour stationner ses centaines de bus universitaires. Des attributions faites en catimini et sur lesquelles les autorités locales ont entretenu un silence gêné. Idem pour Haddad et Kouninef, qui ont obtenu généreusement des hectares de terres inestimables pour des investissements jamais révélés.

Quant aux «opérateurs» constantinois, nombreux parmi eux ont été promus ou carrément créés par la «Casa d’El Mouradia», par le truchement des walis successifs. Les chèques, mais surtout les «chkaras» offertes pour les campagnes électorales de Bouteflika donnent une idée complète sur la cartographie des ramifications locales de la îssaba.

Les enquêteurs ont du pain sur la planche et n’éprouveront pas de mal à fixer les responsabilités et à trouver les responsables. Mais à force d’attendre sans voir pointer la moindre enquête, la population commence à soupçonner une volonté d’étouffer la liste constantinoise.

 


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