APC de Toudja

Le conflit perdure autour des projets annulés



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Une quarantaine de citoyens, représentant quarte villages, relevant de la commune de Toudja, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Béjaïa, se sont rassemblés avant-hier devant le siège de l’APC. La porte du bâtiment est fermée à l’aide d’un cadenas.

On est à la troisième semaine de fermeture du siège municipal. A l’origine, le conflit a opposé le président de l’APC à dix élus -l’assemblée compte 13 élus – autour de la répartition des projets sur les hameaux et villages.

Les citoyens n’ont pas tardé à réagir pour défendre leurs intérêts, demandant le maintien de quelques opérations à leur profit. Le conflit a éclaté lorsque le président de l’APC, Omar Mustapha, a annulé des projets retenus par la commission de l’aménagement, composée de 7 élus, pour les remplacer par d’autres opérations.

Dix élus ont contesté cette décision jugée «unilatérale et antidémocratique» puisque le maire n’a pas pris le soin de soumettre la question au débat dans le cadre de l’assemblée. «Le maire a imposé une liste de projets dans le cadre du programme de 2019 unilatéralement, sans consulter les autres élus qui ont élaboré la liste dans le cadre de la commission de l’aménagement», dit d’emblée un citoyen rencontré, avant-hier, sur l’escalier du siège de l’APC. Et d’affirmer : «Les projets en question ne constituaient pas des priorités pour la population.»

Parmi les projets non retenus et qui constituent une priorité pour les habitants de cinq villages, à savoir Ighil N Saïd, Tadrart, Tala n Bouhi, Zizeloune et Ighil Moyene, il y a l’achèvement des travaux de la piste Ighil N Saïd vers la RN24 qui relie au moins 7 villages. L’importance de cette route, disent nos interlocuteurs, réside dans son taux de fréquentation et son apport pour le développement de la région. «Pour nous, l’Etat n’a rien fait pour fixer la population dans les zones rurales, ni pour encourager ceux qui sont partis sans revenir dans leur terre natale», fulmine un villageois, qui ajoute : «Personnellement, j’habite à Béjaïa et je construis une maison dans mon village. Mais sans cette route et les réseaux vitaux, à savoir l’eau, l’électricité et le gaz, cela risque d’être compliqué.»

Des reports qui fâchent

Dans une déclaration à la presse, le maire, que nous n’avons pas pu joindre, a reconnu ne pas avoir retenu «le projet portant le bitumage de la route sur un kilomètre pour cause de manque de financement (un tronçon de 2,5 km est achevé), mais il a promis de le reprendre l’année prochaine». Le délai est trop long pour les habitants. «Nous avons des projets qui datent de 2 à 3 ans qui ne sont même pas entamés.

Ce programme PCD et FCCL de 2019 sera engagé en 2020, voire en 2021. Si ce tronçon de 1,5 km est reporté à l’an prochain, il faut croire qu’il sera mis en chantier vers 2022», craint un villageois. Dans ces mêmes villages, l’administration a distribué des quotas d’aide dans le cadre de l’habitat rural. «Cela prouve que les gens veulent s’installer dans leurs villages et que l’argument selon lequel la demande n’est pas exprimée par la population, concernant les réseaux et cette route, est faux», argue-t-il.

Parmi les autres projets annulés, figure une étude pour la réalisation de l’assainissement du village Asoumath jusqu’à Tadart. Ses habitants évacuent leurs eaux usées dans des fosses septiques depuis des années. «Nous n’avons jamais connu ce que c’est un réseau d’assainissement. A ce titre, c’est à nous d’établir les priorités en matière de projet», nous font remarquer des citoyens.

Il y a aussi la proposition d’une étude et la réalisation d’un petit pont au niveau de oued Mériath entre Laâzib Ikhettaben et Tadrart, et le bétonnage d’une allée au village Ighil N’Saïd ainsi que 7 autres revendications d’opérations à inscrire. Du côté du maire de Toudja, les projets retenus dans le cadre du PCD 2019, et pour lesquels 40 millions de dinars ont été dégagés, répondent à «l’urgence et à l’impact des programmes sur le développement».

Il est question d’engager «la réfection des réseaux de l’AEP, le bitumage d’une route, le traitement d’un affaissement de terrain et le lancement de plusieurs études pour la réalisation d’autres projets de développement, notamment au village Souk El Djemaâ», a-t-il précisé dans la presse. Afin de satisfaire l’ensemble des propositions, l’APC aurait besoin de 13 millions de dinars, en plus du budget initial alloué, soit un total de 53 millions de dinars, selon le P/APC.

Pendant que la situation s’envenime entre les élus, les représentants des 5 villages et le maire, une partie de la population, qui n’est pas concernée par ce conflit, mais pénalisée, presse les autorités locales pour intervenir afin de pouvoir établir des documents d’Etat civil et régler d’autres préoccupations. Pour l’heure, les services de la wilaya ne semblent pas prendre le problème des habitants de Toudja au sérieux tant que les répercussions ne débordent pas du territoire de cette commune montagneuse.

Les contestataires nous ont informés que «le P/APW a promis, à travers les ondes de Radio Soummam, de se déplacer aujourd’hui (dimanche 13 octobre, ndlr) à Toudja pour examiner la situation, mais il a manqué à sa promesse jusqu’ici».


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