35e marche des étudiants

Huit mois de mobilisation



...

Le mouvement populaire a bouclé ce mardi, jour pour jour, son huitième mois de mobilisation dans un contexte national si particulier et riche en évènements.
Ce mardi le 22 octobre 2019, les étudiants, qui ont le mérite d'être un poumon de la révolution du sourire, ont signé à Alger leur 35e marche pacifique avec beaucoup de combativité, de persévérance et un soutien aux détenus d'opinion et à la presse nationale qui fête sa journée nationale.
On maintient le cap sur les mêmes revendications, à savoir le départ de tous les symboles du système et le rejet des élections prévues pour le 12 décembre prochain. Depuis le point de départ du cortège à la place des Martyrs, les foules impressionnantes ont clamé « makach el'vot wallah mandirou » (pas de vote, nous n'allons pas le faire), « blad bladna wandirou rayna , makach el'vot », (le pays est le nôtre, nous ne ferons pas le vote), « dawla madanya machi 3askarya » (Etat civil pas militaire), « hada el-hirak wajeb watani » (ce Hirak est un devoir national).
Aussi ce mardi, l'Algérie a célébré la Journée nationale de la presse. La communauté universitaire n'est pas passée à côté d'un tel évènement en ayant une pensée particulière pour ce métier qui vit ses moments les plus difficiles où les journalistes, censés jouer le rôle d'un quatrième pouvoir, se retrouvent sur un terrain semé d'embûches et de contraintes qui rendent l'accès à l'information très difficile. Ils ont ainsi réclamé à maintes reprises la liberté d'expression et de la presse ; « Sahafa hora, 3adala moustakila » (pour une presse libre et une justice indépendante).
Par ailleurs, la comparution de certains détenus du Hirak devant le tribunal de Sidi M'hamed a galvanisé davantage les manifestants issus de toutes les catégories sociales, qui n'ont pas eu de cesse que les détenus ne soient libérés. « harirou el-massajine maba3ouche cocaïne » (libérez les prisonniers, ils n'ont pas vendu la cocaïne), « Ikhwani la tansaw chouhada, libérez Bouregaâ », scandait à l'unisson la marée humaine tout en sillonnant les rues d'Alger-centre vers la Grande poste.
Non sans rappeler les premiers mots d'ordre du mouvement estudiantin marqués du sceau de la résistance à même de poursuivre le combat jusqu'à la satisfaction de leurs revendications légitimes : « ni peur ni terreur, la rue appartient au peuple » « militance, militance, jusqu'à la chute du système », entonnaient-ils.
L'heure indiquait 11h25 lorsque la rue Larbi-Ben Mhidi devenait noire de monde. Les contestataires marquent un arrêt et commencent à clamer « Allah akbar, awjay novembre » « Allah Akbar, novembre arrive » (le 1e novembre, il y aura un tsunami ». Ça promet, d'ores et déjà, une grande manifestation lors du 37e vendredi coïncidant avec le 65e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1954.
À la place Emir Abdelkader, la foule a tenté de bifurquer sur la rue Si El-Houas en vue de tenir un rassemblement à Abane-Ramdane où comparaissaient six détenus du Hirak au tribunal de Sidi M'Hamed. Mais les forces de l'ordre ont vite bloqué le passage devant les marcheurs et procédé à l'évacuation de la rue. Les manifestants s'exaltaient et entonnaient des slogans hostiles au Parlement, dont le siège se trouve juste en contrebas : « Le peuple demande l'indépendance », « klitou lablad yaserakine » (nous avez dévoré le pays, voleurs), « ba3ouha el-khawana » (ils l'ont vendue les traîtres). Allusion faite au projet de loi sur les hydrocarbures en examen depuis lundi par la commission des affaires économiques au niveau de l'APN.
À propos de la mobilisation de ce 35e mardi, Mustapha, étudiant à l'université d'Alger (3) nous a indiqué : « Les étudiants sont sortis massivement pour le 35e mardi de suite, toujours avec la même pugnacité. Nous sommes là pour réitérer notre rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre dans le climat actuel. Nous demandons en revanche un dialogue national sérieux sans exclusive ». « Nous rappelons également notre solidarité totale et sans condition avec les détenus du Hirak, auxquels nous voulions exprimer notre soutien à travers la tenue d'un rassemblement devant le tribunal de Sidi M'Hamed. Chose qui était impossible vu l'inaccessibilité de certaines rues obstruées par le dispositif sécuritaire », poursuit-il.
Vers 13 heures, les manifestants ont été surpris par une forte averse à la place Audin. Ça ne dissuade pas, ça ne fléchit pas. Au contraire, Ils continuent à battre le bitume jusqu'à la Grande poste « Mizirya, tahya el-djazayer », (malgré la misère vive l'Algérie), entonnèrent-ils.


Lire la suite sur Le jeune indépendant.