Parution. Ahcène Lalmas, la légende, de Yazid Ouahib

Le fabuleux destin d’un battant

Excellente nouvelle pour les footeux de l’ancienne et nouvelle générations l Notre collègue Yazid Ouahib vient de rendre un hommage appuyé à une figure emblématique du football algérien, Ahcène Lalmas, en consacrant un ouvrage sur sa phénoménale carrière l Justement, le livre est intitulé Ahcène Lalmas, la légende.

C’est un ouvrage qui vient tout juste de paraître, il y a quelques jours, au grand bonheur des férus de la balle ronde, surtout ceux nostalgiques du football d’antan, où on jouait à l’époque dans les terrain en tuf dans les années 1960 et 1970. Il s’agit d’un bel hommage rendu au grand Lalmas, dont le nom est ancré dans la mémoire collective. Qui ne connaît pas le joueur de football Lalmas. Sa légende est transmise de génération en génération. Lalmas, c’est en quelque sorte le «Pelé» algérien. Il est l’histoire du football algérien. L’auteur de ce livre est Yazid Ouahib, responsable de la rubrique Sport à El Watan, dont il est l’un des fondateurs en 1990.

Il a entamé sa carrière dans les années 1970 en passant par Jeunesse Action, El Hadef, Algérie actualité et El Moudjahid en 1984. Il a été le correspondant à Alger de nombreux titres étrangers, à l’instar du quotidien français L’Equipe, celui portugais A Bola, ou encore African Soccer (Londres, Royaume-Uni). Depuis 2008, Yazid Ouahib figure parmi le jury du Balon d’or France Football. Il a été membre de la commission relative aux médias de la CAF (Confédération africaine de football) de 2004 à 2013. Ahcène Lalmas, la légende est annoncé par une citation d’Albert Camus : «Il n’y a pas d’endroit dans le monde où l’homme est plus heureux que dans un stade de football.» Bien qu’il y ait des victoires et des défaites, il y aura toujours cette part de bonheur procurée aux supporters.

C’est la même passion à travers le monde. Et cet engouement algérien est entretenu par une star, Lalmas. Ahcène Lalmas, la légende, Yazid Ouahib dédie cet ouvrage à «ses défunts parents qui ont tracé les sillons de ma vie», à son épouse Nadia «qui m’a soutenu et encouragé» dans tout ce qu’il entrepris… A ses enfants Salim, Sofia et Dalia Yasmine, «sans qui ma vie n’aurait pas de sens»… A son frère Boubekeur et sa sœur Hafsa, partis trop tôt… A ses frères Boualem et Hamza et sa sœur Saïda, l’autre partie de sa vie… et à ses proches et amis et à «tous ceux qui aiment le football».

«Lalmas est un cadeau du ciel»

Le préfacier d’Ahcène Lalmas, la légende, n’est autre que Djillali Salmi, un autre grand nom du CRB. C’est lui qui a réussi à faire un «petit pont» à… Pélé, lors d’un match inoubliable ayant opposé l’équipe nationale algérienne au club brésilien Santos à la fin des années 1960. Et bien sûr, il a été un compagnon «d’âme» de Lalmas au CRB. Il dit ceci à propos de Lalmas : «Lalmas est un cadeau du ciel. C’est le Pelé, le Di Stéfano, le Stanley Matthews, le Férenc Puskas du football algérien. Aux premières heures de l’indépendance, il a illuminé le ciel du ballon rond en Algérie… J’ai eu le privilège de côtoyer cet homme, ce joueur au talent immense, aux côtés duquel j’ai partagé le meilleur de sa carrière. C’était mon idole et mon exemple sur le terrain et dans la vie. C’était un joueur de génie, un joueur de décision, doté d’une intelligence dans le jeu exceptionnelle, capable à lui seul de changer le cours d’un match. L’homme était généreux, toujours à l’écoute des petites gens qu’il soulageait sans le crier sur tous les toits. Son nom restera gravé à jamais dans la mémoire collective du peuple du football dont il a été le digne ambassadeur durant toute sa riche carrière.»

«Écrire sur Ahcène Lalmas, cela me hantait depuis bien longtemps»

Yazid Ouahib a grandi avec cette passion du football. Il a été éveillé au foot en regardant jouer Boualem Amirouche (RCK), Lakhdar «Karim» Bouyahi (NAHD), Djillali Salmi (OMR), Abderrahmane Meziani (USM Alger), Ali «Baba» Attoui (USM Annaba), Zezef (MO Constantine), Blidi et Melaksou (MSP Batna), Belabes et Abdelkader «Beka» Fréha (MC Oran), Messaoud Koussim (ES Sétif), Abdelkader «Pons» Reguieg (ASM Oran) et bien d’autres joueurs de talent. Mais c’est surtout Ahcène Lalmas (CRB) qui l’a toujours impressionné. La preuve. Il lui rend hommage. «Ecrire un livre sur Ahcène Lalmas est une idée qui me hantait l’esprit depuis bien longtemps. Le joueur a fasciné des générations de passionnés de football. A l’époque, j’alternais entre aller voir les matchs du CRB et du NAHD qui évoluaient en nationale Une et ceux du RC Kouba, l’équipe de ma ville et de mon quartier, Kouba, et de mon idole, l’immense Boualem Amirouche… Ecrire un livre sur Ahcène Lalmas n’est pas un exercice aisé.

C’était un immense joueur et raconter son histoire était une œuvre difficile et en même temps belle. Difficile, parce qu’il fallait plonger dans son passé, celui de sa famille et de sa fabuleuse histoire avec le ballon rond. C’est avec ma sensibilité, ma modeste proximité avec cette légende que j’ai eu le bonheur de voir jouer à partir de 1964 que s’est forgée ma passion pour le football. J’avais onze ans, lorsque j’ai commencé à fréquenter les travées du stade du 20 Août, ex-stade municipal du Ruisseau, à une époque où les matchs se jouaient le dimanche. Le CRB et le NAHD se partageaient la domiciliation dans ce stade, à l’époque haut lieu du football algérien, qui abritait les finales de coupe d’Algérie et les rencontres amicales et officielles de l’équipe nationale.

Ecrire et parler de ce fabuleux joueur est un devoir vis-à-vis de l’homme et du joueur qui nous a quittés le 12 juillet 2018 à l’âge de 75 ans, mais aussi des générations de supporters et amoureux du football qui n’ont pas eu la chance et le bonheur de voir évoluer sur un terrain ce grand joueur… Il savait la gloire éphémère. Il n’a jamais renié ses principes et ses idées. Il a vécu avec et il est parti avec.

COUP DE GÉNIE, COUP DE BELIER

Donc, l’ambition, le projet d’écrire un livre sur ce footballeur hors norme ne pouvait s’accommoder de l’économie d’une plongée dans sa vie depuis sa naissance. Cette tranche de sa vie me paraissait importante, pour ne pas dire capitale, afin de mieux saisir son parcours, sa vie, ses idées… Pour cela, j’ai essayé d’aller chercher dans la première partie de sa vie de gosse et d’adolescent pour mieux cerner l’homme. Ce qu’a révélé la première partie de sa vie a fourni d’importantes indications sur ce qu’il allait être plus tard. Le lecteur de ce livre ne sera pas surpris par le parcours, la personnalité, les idées de ce grand joueur façonné depuis ses premiers pas de footballeur en herbe. Sa destinée, il l’a tracée dès le départ. C’est pourquoi il m’a semblé important pour cerner le personnage de fouiner dans sa vie et les premiers pas dans le football de celui qui allait devenir le plus grand joueur qu’a enfanté le football algérien depuis l’indépendance (1962).»

Ainsi c’est ce qu’a présenté Yazid Ouahib dans son avant-propos de Ahcène Lalmas, la légende. En plongeant dans cet ouvrage vulgarisant le parcours de l’icône du football algérien, maghrébin et africain, le lecteur découvrira le personnage Lalmas et sa grinta à travers les chapitres «Naissance d’une légende», «Premiers pas de footballeur», «Carrière mise entre parenthèses», «L’OMR, le tremplin», «Une décennie de rêve», «Une fin amère», «La renaissance du phœnix», «La carrière avec les Verts», «Banni par 4 sélectionneurs», «Coach des jeunes»… L’ouvrage saluant la mémoire d’une star du football algérien, Ahcène Lalmas, la légende, est un livre de référence, car sourcé, documenté, soutenu par des témoignages de première main et des anecdotes croustillantes et surtout inédites. Le lecteur, enfin, le fan de Lalmas, se régalera en redécouvrant le parcours d’un battant, Lalmas, au sein de l’équipe de la Colonne Voirol, l’OMR, le CRB, Nahd, le team Algérie, la sélection maghrébine…

L’équipe d’Anderlecht (Belgique) qui le convoitait, ses coups de gueule, son franc- parler, car il avait un caractère bien trempé. Et puis, ce «bombardier», ce baroudeur, une «tête», que certains aiment à appeler «El Kebch» (le bélier, dans un jargon bestiaire), mais il était plus que cette caricature. Une tête pensante du football algérien et sa grinta légendaire.

Pour l’anecdote, Lalmas est celui aussi qui a marqué un but… à Yachine, le fameux gardien de but soviétique. Celui qui a refusé de s’incliner devant le Négus, l’Empereur éthiopien, Haïlé Sélassié. C’est juste en passant. Sinon, Lalmas a été boycotté par certains entraîneurs nationaux. Il ne sera pas retenu le 19 juin 1965 pour affronter l’équipe brésilienne d’un certain Pelé, à Oran. Cherchez l’erreur. Ahcène Lalmas, la légende de Yazid Ouahib, un ouvrage à lire absolument.

Ahcène Lalmas, la légende

Yazid Ouahib

Novembre 2019. 400 pages

Des séances de dédicace avec l’auteur Yazid Ouahib, autour de son livre Ahcene Lalmas, la légende, sont prévues, tous les jours, au stand des éditions Casbah (pavillon central), à partir de 13h durant tout le SILA.