Manif et contre-manif sur fond d’arrestations

Journée de tension hier à Oran



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Les partisans de l’élection présidentielle ont appelé à une grande marche pour la journée d’hier à Oran. A peine les hirakistes ont eu vent de cette initiative qu’ils ont appelé à une contre-marche.

Sauf qu’ils ont été induits en erreur, pensant à tort que la manifestation des partisans de l’élection aurait lieu à partir de 10h, alors qu’en fait, elle n’a commencé que dans l’après-midi. Résultat : un grand nombre d’Oranais se sont retrouvés dès le matin sur l’emblématique place de la ville d’Oran, sous la pluie et face à un dispositif policier impressionnant.

Une répression musclée s’en est suivie, où les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Plusieurs personnes ont été arrêtées (certains avancent le chiffre de 30, alors que d’autres parlent de 60 arrestations), mais à l’heure où cet article est mis sous presse, la procédure de leur libération est en cours au niveau des commissariats.

Dès 14h, les partisans de l’élection ont commencé à se rassembler, ramenés pour certains par bus des différentes communes de la wilaya, mais aussi des wilayas limitrophes. On comptait parmi eux beaucoup d’imams ainsi que des militants des partis FLN et RND.

Une jeune femme a expliqué à qui voulait l’entendre qu’on a tenté d’induire en erreur les travailleurs de l’APC en les sommant d’aller sur la place 1er Novembre pour cause de réunion. Ce n’est qu’une fois sur place que les organisateurs leur ont demandé de brandir des banderoles en faveur de la présidentielle, ce que beaucoup de travailleurs ont refusé de faire.

De leur côté, les hirakistes, apprenant la répression qui avait eu lieu le matin, se sont rendus en grand nombre sur les lieux, où ils ont été cantonnés dans le jardin qui fait office d’extension de la place du 1er Novembre.

Ce n’est qu’après le départ des pro-élection – qui ont quitté la place pour aller battre le pavé au centre-ville – que le cordon policier s’est défait, permettant aux hirakistes de marcher librement sur cette place. «Jabouhoum m’zaouïa, holé hola, w a3tawhoum teltemya, holé hola !» (Ils les ont ramenés des zaouïas et leur ont donné 3000 DA), «Massira ta3 el’hiss t3ass 3lihoum la police !» (La marche des lèche-bottes a été protégée par la police) : tels étaient certains des slogans moqueurs des hirakistes à l’encontre des partisans du pouvoir. Armés de serpillères et d’eau de Javel, certains sont allés jusqu’à nettoyer la partie de la place où les pro-élection s’étaient rassemblés.

Il faut noter néanmoins que cette contremarche hirakiste ne fait pas l’unanimité parmi les partisans du changement. «Notre problème est vertical, il n’est pas horizontal. S’il y a des gens qui sont pour le régime, grand bien leur fasse, qu’on les laisse s’exprimer. Je suis contre cette confrontation, car elle ne sert à rien», nous a confié un manifestant de la première heure.

D’autres, cependant, tentent de relativiser, faisant prévaloir avant tout l’esprit de «silmya» : «C’est ce qu’on appelle la liberté d’expression ! Nous sommes là juste pour marquer notre présence et faire entendre nos slogans. Nous n’avons pas l’intention de nous en prendre à ceux qui sont pour l’élection. Nous avons été, nous sommes et nous resterons pacifiques…»


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