Changements fréquents à la tête de Sonatrach

Une instabilité préjudiciable



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La Sonatrach ne cesse de connaître des changements à sa tête. Jeudi dernier, le chef de l'Etat a nommé Kamel-Eddine Chikhi à la tête du groupe pétrolier à la place de Rachid Hachichi, qui a passé à peine sept mois à la tête du groupe. En 20 ans, Sonatrach a vu défiler douze PDG. Une instabilité managériale qui fait plus peur aux partenaires étrangers que l'instabilité de la loi.

C'est ce qu'a affirmé Abdelmadjid Attar, ancien PDG de Sonatrach, qui précise que le problème du groupe public pétrolier réside en son instabilité. Faisant le parallèle avec ce qui se fait dans d'autres pays, Attar signale que les premiers responsables des groupes pétroliers demeurent à leur poste au minimum cinq années, contrairement à l'Algérie. « En 20 ans, il y a eu douze PDG à Sonatrach. Sur les cinq dernières années il y en a eu six », a-t-il indiqué, précisant qu'« en moyenne c'est moins d'un an pour un président ». A en croire cet expert qui est intervenu hier sur les ondes de la Chaîne 3, on ne donne pas le temps à ce responsable pour travailler et mettre en œuvre sa stratégie. « Il faut permettre à un président de faire le point, d'établir une stratégie avec ses collaborateurs et lui donner le temps de la mettre en œuvre », a-t-il indiqué.

En Algérie donc, un PDG a à peine le temps de faire l'état des lieux et de démarrer une action qu'on lui signifie son départ « sans qu'il soit prévenu auparavant pour la plupart du temps ». Attar a souligné que « la stabilité au sein de Sonatrach est plus importante que la stabilité de la loi elle-même ». Car, enchaîne-t-il, cette instabilité est préjudiciable vis-à-vis des partenaires étrangers et même plus négative que l'instabilité de la loi. « Elle est vraiment négative. On ne comprend pas ces précipitations. On change du jour au lendemain un PDG, ce n'est pas sérieux ! », a-t-il lancé.

Par ailleurs, tout en affirmant que « ce n'est pas le moment d'adopter cette nouvelle loi et qu'il faut l'inclure dans le cadre d'une nouvelle politique énergétique », le consultant en énergie affirme que « ce n'est pas en édictant une loi qu'on va découvrir plus de gisements ». « De nouveaux Hassi-Messaoud, Hassi-R'mel et Berkine ‘'c'est fini'' ». Pour lui, le grand problème auquel est confrontée l'Algérie est plus économique qu'énergétique. « C'est la rente qui n'est pas garantie », a-t-il indiqué, affirmant qu'il n'y a pas de souci à se faire en matière d'approvisionnement énergétique interne. Il prévient cependant de la nécessité de développer l'usage des énergies renouvelables.

Le plus important consiste donc à diversifier absolument ces types d'énergie pour pouvoir se libérer des seules recettes générées par les hydrocarbures. Sur les discours des officiels qui assurent qu'il reste encore 70% du territoire inexploré, l'invité de la rédaction contredit et considère que ces derniers « racontent des histoires ». Le but de ce discours n'est autre que de rassurer la population. Selon lui, si on a laissé croire qu'il y avait encore assez de pétrole et de gaz à exploiter, « c'était pour rassurer la population ». « Lorsque j'ai dit le contraire, on m'a traité de ‘'pétro-pessimiste''. »Kamel-Eddine Chikhi a donc pris, ce dimanche, ses fonctions de PDG et a dévoilé en partie les axes de son programme.


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