Procès des 20 détenus d’opinion au tribunal de Sidi M’hamed

La colère des avocats



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Le procès de 20 détenus du mouvement populaire, poursuivis pour «port de l’emblème amazigh», «affichage de slogans» et «vente de pin’s», s’est ouvert hier, au tribunal de Sidi M’hamed (Alger).

La journée dans l’imposant tribunal de la rue Abane Ramdane a commencé par un étonnant revirement judiciaire qui a consterné les avocats : Mourad Amiri, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, poursuivi par son employeur pour «diffamation», a vu son verdict commué. Condamné dimanche à 6 mois de prison avec sursis, il apprend que le «vrai» verdict est plus lourd : 6 mois ferme.

Explication : ses avocats auraient «mal entendu» le verdict… L’attente a été longue, l’administration du tribunal ayant préféré commencer par les affaires de droit commun. Le procès des 20 prévenus s’ouvre début d’après-midi.

Le collectif de défense, composé une quarantaine d’avocats, a décidé d’exécuter la décision prise la veille par le collectif de défense des détenus réuni au bâtonnat : retrait de l’audience. Le bâtonnier de Béjaïa, Khatri Salem, explique l’action par l’«absence des garanties d’un procès équitable et juste».

Les avocats, suivis par les détenus et leurs familles, entonnent l’hymne national Qassaman. «Alaa Darwich, le Palestinien détenu pour ‘‘atteinte à l’unité nationale’’ chante Qassaman avec émotion», signale Me Aouicha Bakhti, membre du collectif.

Le juge, placide, signale aux avocats qu’il poursuivra la procédure d’usage. L’étudiante en droit, Dahmani Nour El Houda Yasmine, qui s’est présentée à la barre, refuse de parler. Le procès s’est poursuivi avec l’audition rapide des 20 autres prévenus. Le procureur requiert 2 ans de prison ferme assortie de 100 000 DA d’amende à l’encontre des détenus. Le verdict est mis en délibéré pour la semaine prochaine (lundi 25 novembre).

Les familles des détenus, venues en nombre au tribunal, en ressortent abattues.

«Parodie de justice»

«Nous sommes indignés. Les avocats avaient raison de ne pas accepter cette justice aux ordres. Comment se fait-il qu’il y ait deux verdicts différents pour les mêmes chefs d’inculpation dans deux tribunaux qui sont à quelques kilomètres de distance (Sidi M’hamed et Baïnem) ? Pis, le tribunal de Sidi M’hamed a carrément changé de verdict en quelques heures.

Hier, Mourad Amiri a été condamné à 6 mois avec sursis, aujourd’hui les avocats sont informés qu’une peine ferme est requise à son encontre. On leur a dit qu’ils n’ont pas bien entendu le verdict.

Donc, 50 avocats se sont tous trompés ! C’est une parodie de justice. Les condamnations, comme je l’ai dit, sont juridiquement scandaleuses et politiquement dangereuses», s’offusque Arezki Challal, coordinateur du collectif des familles des détenus.

La décision des avocats de boycotter ce énième procès des détenus du mouvement populaire a été prise lors d’une réunion tenue, dimanche soir, au bâtonnat d’Alger. Il s’agissait, selon les robes noires, de ne pas «cautionner une justice aux ordres». «La position de notre collectif est claire.

C’est la stratégie du procès de rupture. Nous n’allons tout de même pas accepter cela», s’offusque Me Yamina Alili, membre très active du collectif de défense. Les avocats, qui ont déjà boycotté ces derniers mois des audiences, dénoncent des «procès politiques». «Nous avons discuté des dossiers liés aux condamnations de ces derniers jours. Nous avons dénoncé l’absence d’équité dans le traitement de ces affaires d’un tribunal à un autre.

Nous estimons que les procès sont des procès politiques. Il s’agissait pour nous d’alerter l’opinion publique, les instances judiciaires de cette situation. Nous précisons par ailleurs que les condamnations ne concernent pas uniquement les porteurs de l’emblème amazigh, mais touchent d’autres affaires liées aux slogans, entre autres», relève Hafid Tamert, avocat du barreau d’Alger.

Le coordinateur du collectif des familles de détenus annonce la tenue d’une rencontre pour réagir face à l’«arbitraire judiciaire» : «Nous allons nous réunir et prendre les décisions qui s’imposent.»

 

 

Poursuivis pour «entrave à la campagne» Interpellation en masse de manifestants

La machine judiciaire s’est mise en branle ces derniers jours. A Tlemcen, sur les 37 personnes arrêtées lors de l’action contre la campagne du candidat Ali Benflis, 18 sont maintenues en garde à vue et présentés devant le procureur du tribunal (centre-ville), a précise le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Plusieurs activistes de Chlef ont été également placés sous mandat de dépôt, dimanche, après des arrestations opérées jeudi 14 novembre. «Ali Chachou, Youcef Bouzina, Djilali Samet Benyoucef, Fayçal Halimi et Mokrane Ali sont tous en détention provisoire et accusés d’’entrave au déroulement de la campagne électorale’, alors que le juge a placé sous contrôle judiciaire : Hamouda Tayeb et Ounar Ali», détaille le CNLD. Autre alerte publiée sur la page du collectif : le frère de Messaoud Leftissi, un des détenus du hirak, incarcéré à la maison d’arrêt d’El Harrach, est convoqué devant le juge pour attroupement. «Ils ont condamné Messaoud Leftissi à 6 mois de prison ferme qu’ils accusent d’’atteinte à l’unité nationale’, maintenant ils convoquent son frère Samir pour le 1er décembre et ils l’accusent d’’attroupement’ !» signale le CNLD, qui en appelle à soutenir ce jeune de Skikda.


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