Intifadha populaire et manipulations

l’islamisme politique (II)



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Par Kaddour Naïmi En inscrivant ses nom et prénom sur un moteur de recherche d’internet, on trouve les pages des réseaux sociaux où il intervient mais, sur Wikipédia, on trouve une biographie, très courte, uniquement en anglais et en arabe. On trouve également un site web de M. X.*, visité voici quelques jours. L’on y remarque un article concernant Abdelhamid Ben Badis et le slogan «Daoula madaniya, machi askariya» (Etat civil et non militaire). Voilà deux thèmes, surtout le second, présents dans l’actuel Mouvement populaire algérien.

Poursuivant la recherche, le hasard fait découvrir que M. X.* avait des relations avec la chaîne de télévision Al-Magharibiya dont on apprend les rapports étroits avec l’ex-FIS (Front islamique du salut) algérien et des Etats du Moyen-Orient.

Des recherches plus approfondies sur internet, et notamment l’écoute de vidéos de divers intervenants algériens, en particulier de l’un d’entre eux (Rafaa156 JZR) fournissent d’autres informations.

M. X.* est membre de Rachad. Sur Wikipédia, elle se présente ainsi : «Cette organisation œuvre pour que la société algérienne prenne son destin en main et fonder un régime démocratique incluant toutes les sensibilités idéologiques, sans exclusion aucune.» Cette déclaration semble tout à fait en phase avec l’objectif démocratique de l’actuel Mouvement populaire algérien. On lit, cependant, également, que cette organisation «a été fondée en 2007 par un groupe de hauts cadres algériens vivant à l’étranger et n’acceptant point les pratiques tyranniques et criminelles des quelques généraux.» Mais pourquoi ne sont pas évoqués, du même coup, «les pratiques tyranniques et criminelles» des islamistes en Algérie, avec «à leur tête» des chefs «sanguinaires» ? Encore une fois, n’est-on pas en présence de la tactique de deux poids, deux mesures ?

Pour trouver une réponse à cette question, il faut poursuivre les recherches. A propos de Rachad (2), on fait deux découvertes. La première est que l’un de ses membres est Mourad Dhina. Il faisait partie de l’ex-FIS et, en tant que tel, on trouve une vidéo à ce sujet. Interrogé par un journaliste européen, lui demandant ce qu’il pense de l’assassinat par des terroristes islamistes d’intellectuels et journalistes algériens (environ 130) qui s’opposaient au terrorisme islamiste, Dhina répondit tranquillement que ces derniers méritaient leur sort ; autrement dit, si l’on conteste le terrorisme islamiste uniquement par la plume, ce dernier a le droit de punir ses contestataires par la mort.

Seconde découverte : Rachad fait partie de l’organisation internationale islamiste Mou’tamar al-oumma (Congrès de la Oumma). Cette dernière est soutenue par le président turc, Erdogan. Ce fait n’éclaire-t-il pas le motif des louanges, ci-dessus évoquées, de M. X.* à l’avantage des «progrès» de la Turquie ?

Allons plus loin. Erdogan fait partie de l’organisation des «Frères musulmans». Cette dernière fut créée par le MI6, service secret britannique, lequel fut à l’origine de la création de l’oligarchie saoudienne en Arabie. En outre, le président Erdogan, dont le pays a une ambassade de l’Etat israélien, s’est rendu plus d’une fois en Israël où il a rencontré ses dirigeants, sans se soucier nullement de la tragédie coloniale des musulmans palestiniens. Pourtant, Erdogan se proclame musulman. Est-ce cohérent ? Ajoutons que la Turquie fait partie du pacte militaire impérialiste dénommé OTAN. Et encore : le président Erdogan a également fourni le soutien logistique aux diverses organisations terroristes qui sont intervenus en Libye, en Irak et en Syrie, avec les résultats connus : la destruction de ces Etats-nations. Comment, dès lors, expliquer les proclamations de l’organisation algérienne Rachad pour la «démocratie», et ses relations avec l’organisation internationaliste islamiste Mou’tamar al-oumma, le président Erdogan et les terroristes islamistes ? Parce que ces derniers se déclarent des «libérateurs» combattant contre la dictature de Bachar Al-Assad, pour installer la chariâ ? Mais, alors, cette chariâ n’est-elle pas une forme cléricale de dictature, d’une part, et, d’autre part, comment expliquer les massacres de civils, quels que soient l’âge et le sexe ? Comment expliquer l’intervention de forces étrangères (françaises, anglaises et états-uniennes) en soutien des organisations islamistes combattant en Syrie et en Libye ?

En poursuivant les recherches sur internet, on trouve une vidéo. M. X.* y justifie l’intervention des armées néocolonialistes étrangères, et même celle du sioniste colonialiste Bernard Henry-Levi contre le peuple libyen, avec le prétexte de mettre fin à la dictature et d’apporter la démocratie. En outre, suite à l’agression des armées franco-anglaises contre la Libye, M. X.* et d’autres de ses amis débarquèrent dans le pays, alors qu’avait été instaurée la «no fly zone» ? Qui donc les a autorisés à atterrir et pour quel motif ? (3) Enfin, l’on constate le résultat : la destruction de la nation libyenne et sa balkanisation au profit d’organisations terroristes se revendiquant de l’islam et de multinationales pompant le pétrole. Et cela en attendant le tour de… l’Algérie, la nation d’origine de M. X.*

Quant à l’ami de M. X.*, dans l’organisation islamique Rachad, Mourad Dhina (4), celui-ci, actuellement, dénonce le haut commandement de l’armée algérienne, en précisant que lui, Dhina, respecte l’armée en tant que telle. Ainsi, il partage l’opinion du Mouvement populaire proclamant «Djeïch, chaâb, khawa khawa» (Armée, peuple, frères). Mais, quelques années auparavant, le même Dhina déclara que l’armée algérienne, en tant que telle, considérée dans son ensemble, ne vaut rien et, pour le démontrer, il la compara à une armée très performante, en donnant un seul exemple, l’armée… d’Israël, l’Etat colonialiste, affirmant que c’est pour «sa défense». N’y a-t-il donc pas d’autres armées comme exemples ? Et «défense» d’Israël contre qui ? Evidemment contre les méchants palestiniens car Israël est allié désormais avec les pays prétendument musulmans que sont l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats et la Turquie. Dès lors, peut-on croire à l’affirmation de Rachad, sur son site, déclarant son autofinancement et son autonomie logistique ? Ajoutons que le peuple palestinien non seulement combat le colonialisme israélien pour obtenir son droit à une patrie (comme, auparavant, les Algériens, les Vietnamiens et autres peuples), mais ce peuple palestinien est en majorité de religion musulmane. Et Dhina proclame fièrement sa foi «musulmane». Comment, alors, expliquer que celle-ci ne se préoccupe pas des musulmans palestiniens, soumis aux atrocités coloniales israéliennes mais, au contraire, vante l’armée d’Israël pour sa «défense» ? Dès lors, serait-ce une diffamation de répondre que «l’islam» de Dhina coïncide avec les intérêts du colonialisme israélien ? Par conséquent, de quel islam s’agit-il ? Et quand un tel homme proclame actuellement son «soutien» à l’intifadha populaire algérienne actuelle pour ses droits démocratiques, que faut-il en penser ?

Dernièrement, l’organisation Rachad, par la voix d’un nouveau et plutôt jeune représentant, habillé à l’occidentale, déclare ne plus se référer à l’idéologie islamiste, mais à la… démocratie. On le comprend : qu’un membre de cette organisation aille dire aux marcheurs hebdomadaires «Dawla islâmiya, dimocratiya kofr» (Etat islamique, démocratie [est un]blasphème ! ), et il constatera la réaction du peuple. C’est que la revendication «démocratique» va dans le sens de l’exigence actuelle du peuple. Mais comment concilier cette proclamation en faveur de la démocratie de la part du représentant de Rachad, tout en faisant partie du Mou’tamar al-oumma, lequel rejette ouvertement la démocratie ? (5)

«Oumma» et nations

Continuons les investigations. La revendication d’une «oumma» islamique (qu’elle soit sous forme ottomane ou wahhabite) signifie l’élimination des nations indépendantes. Or, cette élimination correspond exactement au plan impérialiste américain – et sioniste colonialiste (6) –, formulé dans la doctrine Rumsfeld/Cebrowski. Ainsi, l’oligarchie impérialiste américaine, l’organisation internationale islamiste Mou’tamar al-oumma, donc l’organisation algérienne Rachad, et les oligarchies islamistes qui visent à dominer (turque ou wahhabite) ont comme but commun la destruction des Etats-nations à dominante musulmane, tout au moins ceux allant du Proche-Orient au Maroc. En passant, notons le slogan de la chaîne TV Al-Magharibia : ««Magharebia sans frontières». Cela semble, à première vue, un généreux slogan internationaliste. Mais, connaissant la conviction islamiste de cette télévision, de quel type d’«internationalisme», sinon de «oumma» islamique ? Donc, plus de nation algérienne, en dépit des combattants morts pour son existence. Dès lors, comment comprendre les proclamations de M. X.* dans ses vidéos, pour la démocratie, ainsi que sa défense de la nation algérienne, et ses dénonciations des accointances des dirigeants actuels algériens avec des puissances étrangères ?

Quelles sont les nations qui ont déjà été détruites ? L’Irak et la Libye. Quelle nation a subi une invasion (colonialiste israélienne) pour la détruire ? Le Liban. Après lui, quelle nation a résisté à une tentative de destruction ? La Syrie. Quel est le point commun entre ces nations ? De faire partie du front du refus de reconnaissance de l’Etat colonialiste d’Israël, et de défense des droits légitimes du peuple palestinien. Quelle est l’autre nation qui fait partie du même front ? L’Algérie, et cela quoi qu’on dise sur les autres aspects de ses dirigeants. Ainsi deviennent claires toutes les tentatives de sa déstabilisation : infiltration de terroristes masqués en immigrés clandestins, accusation contre l’encadrement de l’ANP en tant que tel et tout entier, sans distinguer entre dirigeants réellement patriotes et ceux qui agissent uniquement pour leurs intérêts de caste, et tentatives d’infiltration et de manipulation de l’actuel Mouvement populaire, par l’intermédiaire de harkis autochtones. Qui sont-ils principalement ?

Concernant la destruction des nations à majorité musulmane du Proche-Orient jusqu’au Maroc, et d’abord celles qui soutiennent la lutte de libération du peuple palestinien, pour les impérialistes américain, l’intérêt est de mettre la main sur les ressources naturelles et d’installer des bases militaires dans ces pays du sud de la Méditerranée, flanc sud de l’Europe. Tandis que pour les «oummistes» islamistes (d’idéologie ottomane ou wahhabite), le but est de prendre le pouvoir dans une région à constituer en «oumma» (communauté) islamique, donc dictatoriale. Ainsi, le schéma d’alliance entre l’oligarchie américaine et ses valets d’Arabie Saoudite et du Golfe (si pas turcs) s’élargirait à une alliance entre la même oligarchie américaine et une nouvelle oligarchie vassale désirant gérer cette région à dominante musulmane. Voilà comment une conception de l’islam, politiquement dévoyée, sert les intérêts d’oligarchies (étrangères alliées aux autochtones) au détriment des peuples musulmans. Les massacres actuels dont ils sont victimes (de la part des terroristes autochtones comme par les bombes des avions occidentaux) ne sont-ils pas une preuve évidente ? Cependant, ces crimes sont travestis en conflits entre sunnites et chiites de la part des oligarchies turques et moyen-orientales et de la part de l’oligarchie états-unienne, anglaise et française, en conflit de la «civilisation», de la «démocratie» et des «droits de l’Homme» contre le «terrorisme».

Est-ce que M. X.* a informé ses auditeurs concernant ses relations avec les organisations ci-dessus indiquées ? Comment concilie-t-il leurs orientations idéologiques avec ses appels personnels à la libération du peuple algérien, à la démocratie et à la sauvegarde de la nation algérienne ?

Enfin, dans ses deux dernières vidéos, M. X.* déclare que le temps est arrivé pour le Mouvement populaire algérien de se doter de représentants. Ce Mouvement populaire gagnerait-il à élire comme représentant un tel homme, ou l’un de ses amis, sachant à présent ses affiliations occultées ?

Reconnaître les faux amis

Quand M. X.* se proclame partisan et défenseur de la vérité ne doit-il pas dire toute la vérité et rien d’autre que la vérité ? Et quand il se présente comme défenseur d’un peuple, en l’occurrence le peuple algérien, ne doit-il pas lui donner toutes les informations indispensables sur son itinéraire politique afin que ce peuple sache totalement à qui il a affaire ?

Ecartons un malentendu. M. X.* a le droit, en tant que citoyen, de dire tout ce qu’il veut. Mais, ce droit n’exige-t-il pas le devoir d’informer sur son parcours politique réel et complet ? Adolf Hitler est l’un des plus horribles criminels mais on doit lui reconnaître d’avoir clairement et publiquement déclaré ses buts dans son ouvrage Mein Kampf. M. X.*, qui se proclame partisan de la vérité, soucieux de la conscience du peuple, démocrate et défenseur du peuple, ne doit-il pas lui révéler ouvertement ses affiliations et ses buts réels ? Qui donc est plus dangereux pour le Mouvement populaire, un Ali Belhadj ou M. X.* ?

Combien d’auditeurs des vidéos de M. X.* reconnaissent dans le portrait esquissé ici Mohamed Larbi Zitout ? Ne comprend-on pas, alors, combien est très sérieuse la difficulté pour le Mouvement populaire de distinguer qui sont réellement les personnes qui déclarent le défendre, le soutenir et lui fournir des indications d’actions ? Et, cela, afin que le Mouvement populaire ne soit pas manipulé à son insu, et accoucher d’une nouvelle oligarchie, laquelle, malgré les apparences, peut être pire que l’actuelle ? Car, alors, c’est l’existence même de la nation algérienne qui serait en péril, et c’est l’apparition d’une dictature pire qui risquerait de s’instaurer, parce que cléricale, donc par essence totalitaire mais du totalitarisme le plus abject, car se légitimant par une volonté divine, selon la formule «bî idnî Allah» (par la volonté de Dieu). Cette formule est très respectable dans la bouche d’un authentique croyant mais, désormais, le peuple algérien sait combien cette formule, prononcée par des opportunistes visant à la conquête du pouvoir étatique dictatorial (car, pour eux, la démocratie est «kofr», blasphème) lui a coûté de sang et de larmes. Le peuple algérien sait qu’un parti politique ou des intervenants dans les réseaux sociaux peuvent user des règles démocratiques pour éliminer la démocratie ainsi qu’une une nation pour établir un empire oligarchique.

En passant, signalons un fait. Lors de la prière collective du vendredi 23 novembre, dans une mosquée d’un quartier populaire d’Oran, un assistant raconta à l’auteur de ces lignes que le thème exposé pendant toute l’heure était celui-ci : le libéralisme est contraire à l’islam. Que vient faire le libéralisme dans un prêche religieux ? En outre, qui dit «libéralisme» n’entend-il pas «démocratie» ? La question fut posée à celui qui était présent au prêche : «Est-ce que l’imam a employé le mot démocratie ?» – «Non.» Que faut-il en conclure ? Et ce discours de l’imam, qui en est l’instigateur : lui-même, la hiérarchie étatique ou une hiérarchie occulte ? Enfin, les fidèles qui écoutèrent cette négation du «libéralisme» au nom de l’islam, combien d’entre eux participèrent ensuite à la marche hebdomadaire ? Et, parmi eux, combien ont crié en faveur de la démocratie ?

Comment le Mouvement populaire parviendrait-il à distinguer entre ses amis réels et ses faux amis s’il se cantonne dans ses marches hebdomadaires, sans se structurer, de manière autonome, en comités (ou assemblées) locaux, partout sur le territoire ? N’est-ce pas uniquement ainsi que, collectivement, démocratiquement et avec le maximum de précautions, les citoyens pourront examiner, débattre, éclaircir puis élire leurs mandataires pour concrétiser les objectifs légitimes du Mouvement populaire ? Durant les marches hebdomadaires, on assiste souvent à des discussions spontanées pour éclaircir les idées et les actions. Bien que nécessaires et bienvenues, ne doivent-elles pas, en dehors des marches, se compléter par des discussions spécialement organisées à cet effet ?

D’autres aspects de la manipulation du Mouvement populaire seront prochainement exposés.

K. N.

Fin

k-n10@protonmail.com

(2) Voir https://www.youtube.com/watch?v=Q3k23lqHnu8

(3) Voir https://www.youtube.com/watch?v=uzG9h-HXt4U

(4) Voir https://www.youtube.com/watch?v=6VazMqyzANw

(5) Voir https://www.youtube.com/watch?v=uzG9h-HXt4U 

(6) La précision est nécessaire, car il existe des sionistes non colonialistes, reconnaissant les droits légitimes du peuple palestinien.


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