Seul 2% du programme réalisé en huit ans

Transition énergétique : le grand ratage



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Depuis quelques mois, les annonces portant sur le développement des Énergies renouvelables (EnR) se multiplient. La semaine dernière, le dossier a fortement animé les débats sur la scène économique avec essentiellement un intérêt nouveau de l’Algérie pour le projet Desertec.

Le PDG de Sonelgaz, Chaher Boulakhras, a en effet, participé, les 25 et 26 novembre 2019 à Berlin, au 10e Sommet de «Dii Desert Energy Leadership», dans le but de «profiter de toutes les initiatives qui pourraient contribuer à augmenter substantiellement la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique algérien».

Sonelgaz veut développer des axes de coopération avec «Dii Desert Energy» dans le domaine des EnR. Sonelgaz cherche même à renforcer les échanges avec «Dii Desert Energy» pour «mieux profiter des potentiels solaires et éoliens et généraliser les renouvelables, à promouvoir des projets communs et à développer la recherche dans le domaine de la fabrication, de l’installation, de l’exploitation et du stockage des énergies renouvelables».

Auparavant, l’idée de grandes entreprises allemandes, regroupées dans «Dii Desert Energy», alors connue sous le nom de «Desertec Industry Initiative» pour la mise en œuvre de projets solaires et éoliens dans les déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA) n’avait pas vraiment attiré l’intérêt de l’Algérie qui semble aujourd’hui revenir à de meilleurs sentiments envers ce projet. Mais aussi envers tout ce qui a trait aux EnR, et ce, après une longue période d’hibernation.

Le retard est en effet criant dans ce domaine : seuls 400 mégawatts (MW) sur les 22 000 prévus à l’horizon 2030 sont produits à partir des EnR, soit un peu moins d’un sixième, alors que selon le calendrier arrêté en 2011, on devait atteindre 650 MW en 2015 et 2600 MW en 2020, le remodelage de 2015 annonçait de son côté 4000 MW en 2020, soit dix fois plus de la capacité atteinte jusque-là. Le rythme est en effet trop long.

Pourtant, ce ne sont pas les potentialités qui manquent dans un pays qui regorge de gisements solaires et éoliens mais aussi d’organes spécialisés et de compétences humaines capables de mener ledit programme à bon port. Entre le CDER (Centre de développement des énergies renouvelables), l’APRUE (Agence nationale pour la Promotion et la Rationalisation de l’Utilisation de l’Energie, le CREDG (Centre de recherches et de développement de l’électricité et du gaz) et les départements chargés des EnR dans les entreprises publiques, les organes dédiés au renouvelable ne manquent pas.

Mais quid de l’efficience ? L’efficience qui se fait toujours attendre et que les pouvoirs publics espèrent atteindre en créant le Commissariat national aux EnR et à l’efficacité énergétique (CEREFE). La mise en place de cette instance montre l’échec des tentatives opérées pour développer ce créneau, de l’aveu même du Premier ministre, Nourredine Bedoui, qui a affirmé : «Ce commissariat permettra de faire face aux obstacles et aux difficultés entravant la mise en œuvre, sur le terrain, du programme national des énergies renouvelables.»

Il a en effet expliqué qu’une telle décision vient en réponse aux entraves rencontrées par le programme national dédié aux EnR. Des entraves liées à l’absence de coordination entre les différents secteurs, l’insuffisance en termes de compétences techniques et la non-conformité des modes de financement actuels, toujours selon le Premier ministre. Des difficultés qui se sont posées dès le début en 2011 sans être prises en charge.

Absence de coordination Le manque de coordination a toujours été l’apanage de l’administration. Cette caractéristique a bloqué beaucoup de nombreux projets dans de nombreux secteurs, et on a toujours laissé faire. C’est le cas à titre illustratif dans le bâtiment. Alors que le programme national d’efficacité énergétique devrait toucher 100 000 logements/ an, le butin reste maigre. Et pour cause, les techniques d’isolation thermique se font toujours attendre.

A l’exception des projets pilotes lancés dans 600 logements dans les wilayas d’Alger, Djelfa et Alger, l’introduction des EnR dans la construction se fait à pas de tortue. Il était pourtant question de réaliser 4000 logements en 2018 conformément au programme tracé dont l’objectif pour rappel est d’économiser 63 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep), pour un montant financier de 42 milliards de dollars. Un objectif difficile à atteindre avec des moyens réduits et des projets bâclés avec à la clé des logements énergétivores, comme l’illustrent les pics de consommation d’énergie électrique durant la saison estivale.

Ce sera entre autres parmi les dossiers qui attendent Nourredine Yessaa à la tête du Commissariat dans une conjoncture difficile pour le pays tant au plan économique que politique. Les observateurs le disent d’ailleurs : «Le climat politique est déterminant. Aucun investisseur sérieux ne s’engagera en Algérie sans la résolution de la crise politique surtout dans un pays comme l’Algérie où s’imbriquent le politique et l’économique.» C’est dire le poids du risque pays pour les investissements étrangers et celui de la confiance pour les industriels locaux.

Ce sont les paramètres phares dont dépend la réussite du programme dont la mission a été confiée au commissariat qui a la lourde responsabilité d’assurer la synergie entre les différents acteurs intervenant dans ce créneau. Mais, faudrait-il changer les pratiques pour aller vers cette cohésion prônée dans les discours pendant de longues années et ressassée aujourd’hui en cette période sensible que travers le pays.

Orientations

En effet, les orientations du gouvernement énoncées à l’installation du Commissariat considéré comme une «alternative à la sécurité énergétique dans le développement économique, la préservation de l’environnement et la lutte contre le changement climatique» n’ont rien de nouveau. Les mêmes discours ont été tenus auparavant alors que les avertissements n’ont pas manqué. Différentes prévisions évoquent en effet la hausse fulgurante de la consommation intérieure du gaz naturel par exemple qui risque de dépasser les 60 milliards de mètres cubes gazeux à l’horizon 2030 et 100 milliards de mètres cubes gazeux entre 2035/2040.

Même le ministère de l’Energie qui a annoncé l’épuisement des réserves traditionnels à environ 60% pour relever l’urgence de revoir la politique énergétique actuelle et d’aller vers la transition. Ce qui a été souligné pas uniquement pour le secteur de l’énergie mais aussi pour ce qui est de la sécurité alimentaire du pays. Pourtant, là aussi, les résultats ne sont pas tangibles.

L’on continue à importer les principaux produits alimentaires (céréales et poudre de lait), même si les factures sont en baisse. Une baisse loin d’être au rythme souhaité au regard des potentialités du pays dans ces deux filières. Cela pour dire que pour faire face à la croissance démographique, l’amenuisement des ressources hydriques et à la baisse des réserves d’hydrocarbures, les pouvoirs publics n’ont pas préparé les mesures adéquates ou plutôt n’ont pas fait preuve d’une volonté ferme d’aller vers cette transition. Ils préfèrent continuer à naviguer à vue. «La vision de nos hommes politiques ne dépasse pas deux ans», estime l’expert Tewfik Hasni.

Mohamed Saïd Beghoul le dit aussi clairement dans l’entretien : «Il y a un sérieux problème de volonté politique.» Ce que d’autres spécialistes ont déjà mis en exergue. Une volonté que l’on affiche aujourd’hui sans l’assumer totalement. «C’est juste une question de timing», estime d’ailleurs un expert en la matière allusion faite au rendez-vous électoral.

 

 

 

Indices

L’Algérie dispose d’une moyenne de 3000 heures par an, comme source d’énergie alternative génératrice de revenus, tout en permettant de créer des centres de développement des énergies renouvelables, notamment solaire. En dépit du retard qu’a accusé le programme des EnR.

Actuellement, le pays totalise 22 centrales de production d’électricité à base d’énergie solaire avec une capacité de 400 MW.

La consommation d’énergie du secteur du bâtiment ne cesse d’augmenter ces dernières années. Elle représente plus de 40% de la consommation globale nationale contre 33% pour les transports, 19% pour l’industrie et 7% pour l’agriculture. Ce sont donc les secteurs qui créent le moins de richesses qui sont énergétivores.

La production d’électricité à partir du gaz naturel a pratiquement été multipliée par deux depuis 2011. Elle a grimpé de 11 000 MW à 20 000 MW aujourd’hui.


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