Dérapage verbal du ministre de l’Intérieur

 Silence intrigant des autorités



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Les propos tenus, mardi, par le ministre de l’Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, continuent de provoquer des réactions. Plusieurs personnalités politiques et de simples citoyens ont tenu à dénoncer ce qu’ils qualifient de «dérapage». Certains réclament même son limogeage. Mais du côté officiel, aucune décision n’a été prise à son encontre.

Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Salah Eddine Dahmoune, a provoqué, avant-hier, une véritable polémique. S’exprimant devant le Conseil de la Nation, celui-ci s’en est pris très violemment à tous ceux qui s’opposent à l’élection présidentielle du 12 décembre.

«Nous ferons barrage, aux côtés de ce peuple glorieux, au colonialisme brutal, ou à ce qu’il en reste. Malheureusement, aujourd’hui, ce colonialisme subsiste chez certains sous forme de pensée colonialiste. Cette pensée est utilisée par des Algériens, ou des pseudo-Algériens, des traîtres, homosexuels et mercenaires.

Ils sont restés aux côtés de ces gens. Ils ne font pas partie de nous ni nous d’eux», a-t-il déclaré. Des propos qui ont été vite dénoncés par plusieurs personnalités politiques et de simples citoyens qui ont exprimé leur colère de différentes façons.

La présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, a même préconisé le dépôt d’une plainte. Des avocats se concertent déjà pour l’introduire. Mais, globalement, les uns et les autres réclament son limogeage.

Or, aucune réaction officielle n’a été enregistrée du côté des plus hautes autorités du pays. Le jour-même où le ministre a tenu ces propos, la chaîne de télévision privée El Bilad avait annoncé que Dahmoune a été convoqué à la présidence de la République.

Une information qui n’a pas été, faut-il le préciser, relayée par l’APS, canal habituel de diffusion des communiqués officiels. Aucune suite n’a pour l’instant été donnée.

Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur a tenté, hier, de rectifier le tir, tout en condamnant «l’altération» de ses propos «par certaines parties qui ne veulent du bien ni à pays, encore moins aux citoyens».

«Je n’ai jamais évoqué les marches, ni le hirak, ni qualifié quiconque de quoi que ce soit. Je m’adressais intentionnellement aux relais de la France coloniale qui veulent faire appel au Parlement européen pour internationaliser la question», a-t-il déclaré, avant d’affirmer qu’il s’agit «d’une minorité de pseudo-Algériens, de traîtres, de mercenaires et d’infiltrés que nous connaissons un par un, et d’agents de ceux qui guettent l’Algérie et son peuple et veulent intervenir dans ses affaires internes pour semer la fitna entre les enfants d’une même patrie et empêcher le pays de parachever la réalisation des acquis, d’arriver à bon port et de finaliser la mise en œuvre des principes de la Révolution contre le colonialisme, à la faveur du prochain rendez-vous électoral du 12 décembre courant, soutenu par le peuple algérien à travers ses marches quotidiennes et disposé à le tenir dans les délais fixés».

Dans ce texte explicatif, répercuté par l’agence officielle, le ministre a pris le soin d’enlever certains qualificatifs utilisés la veille. Néanmoins, il s’en prend toujours à ceux qui s’opposent à l’élection présidentielle en usant de qualificatifs tout aussi provocateurs.

Qualifier des Algériens de «pseudo-Algériens, traîtres, homosexuels et mercenaires» pour la simple raison qu’ils s’opposent à la feuille de route du pouvoir en place peut-il ainsi rester sans conséquences ?

Des qualificatifs graves et outrageants qui s’ajoutent aux déclarations remettant en cause le «patriotisme» des opposants à la présidentielle et dans lesquelles ils sont accusés d’être des «suppôts de la îssaba».

Que comprendront les citoyens si jamais la Présidence ne réagit pas à un tel «dérapage» ? Toutes les lectures seront possibles.

Si auparavant certains responsables de l’Etat jouaient sur la fibre nationaliste en évoquant les supposés risques qui pèseraient sur le pays en cas d’annulation de l’élection, aujourd’hui le ministre de l’Intérieur a carrément versé dans l’invective à l’endroit des Algériens qui rejettent le processus électoral en cours.

Ceci, au moment où les arrestations de militants qui se rassemblent devant les salles abritant des meetings de candidats à la présidentielle se font de plus en plus nombreuses. La violence du discours de Dahmoune augure-t-elle d’un durcissement du traitement sécuritaire des manifestations antivote au fur et à mesure que la date du scrutin approche ?

En tout cas, au-delà des dénonciations internes, les propos du ministre ont eu un tel retentissement qu’ils ont même franchi la frontière algérienne puisqu’ils ont été largement relayés par des médias étrangers. Si les plus hautes autorités du pays ne réagissent pas, cela ouvrirait la voie à d’autres dérapages.

Cela donnerait surtout l’image d’un pouvoir qui ne se soucie guère des «dépassements» des uns et des autres parmi son personnel, ce qui risque inéluctablement de creuser davantage le fossé existant entre gouvernants et gouvernés, un fossé qui symbolise déjà parfaitement la crise que traverse le pays actuellement.


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