42e vendredi de marches



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Pour le 42e vendredi consécutif, des milliers de citoyens sont descendus dans la rue pour réaffirmer leur appel au départ des symboles du système et manifester leur rejet des élections dans les conditions actuelles. A Bouira les marcheurs ont appelé une fois de plus à un changement du système politique et exigé une transition démocratique. Déjà dès le matin, et bien avant le coup d’envoi de la traditionnelle marche du vendredi, un rassemblement citoyen a été tenu sur la place des martyrs de la ville de Bouira que les citoyens ont pris le soin de décorer d’un géant emblème national et de nombreux drapeaux amazighs.

Sur les lieux, des prises de paroles ont été improvisées aux cours desquelles les intervenants ont réitéré leur appel à la libération des détenus politiques dont des portraits ont été brandis par plusieurs jeunes. Vers 13h, les premiers carrés de marcheurs ont commencé à se former au niveau de la place des martyrs et au fil des minutes, des dizaines de citoyens commençaient à affluer sur les lieux pour former une masse compacte. Une demi-heure plus tard, alors que des centaines de manifestants afflueraient encore vers le point de départ habituel de la marche, la procession humaine s’ébranle de la place des martyrs en direction du centre-ville en empruntant les boulevards Benabdellah et Zighout Youcef menant au siège de la wilaya.

Sur leur chemin, les manifestants ont scandé des slogans habituels hostiles au pouvoir. Les «Algérie libre et démocratique,» «Pas d’élection avec la bande,»… ont été repris en chœur par les marcheurs dont les rangs ont considérablement grossi après la fin de la prière du vendredi. Les manifestants drapés de drapeaux nationaux et amazighs ont aussi brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Halte à la répression !»,… La marche s’est poursuivie pour sillonner plusieurs artères de la ville avec les mêmes slogans appelant au changement et au rejet de l’élection.

A Bouira comme à Tizi Ouzou, la mobilisation pacifique demeure !

A TIzi Ouzou, la tradition du vendredi a été tout autant respectée. Dès les premières heures de la matinée, les gens commençaient à affluer en ville. On prend place le long des trottoirs du parcours habituel de la marche. Les regroupements se multiplient sur le boulevard de l’hôpital. On agite déjà les drapeaux, d’autres se drapent avec. On converse et on divise. On évoque la grève relayée sur les réseaux sociaux.

Tout le monde n’est pas d’accord, surtout si seule la Kabylie se punirait avec une telle action qui risquerait d’isoler la région davantage. Le ton monte parfois avant de redescendre. «Bref, on n’en est pas encore là. Aujourd’hui, place à la marche», tranchera ce jeune la trentaine bien accomplie. La scène ne se déroulait pas loin du carrefour de la maison de la culture. C’était déjà la mi-journée. Les minutes passent vite. Comme de coutume, c’est la sortie des fidèles de la Grande mosquée de la Grande rue qui donne le coup de starter de la manif’.

Tout le monde prend alors la direction du campus de Hasnaoua de l’université Mouloud Mammeri, d’où s’ébranle la procession. Cette dernière verra ses rangs grossir au fil des mètres. La marche est colorée par la présence de la gent féminine et les divers fanions portés. On crie les mêmes slogans pour la libération des détenus d’opinion, pour la justice, contre les bandes, contre le pouvoir, contre les élections, contre Naïma Salhi…

L’ambiance est pacifique, bon enfant, festive, parfois, on dirait celle des stades, il y a même des «vuvuzelas». On chante plutôt en arabe, rare d’entendre des slogans en kabyle, c’est à croire qu’on est ailleurs qu’en Kabylie. C’est comme ça depuis un temps. Les policiers aussi, en civil, suivent les événements de loin. C’est comme ça aussi depuis un temps aussi. Très discrets, ils ne s’en mêlent pas du tout. Les manifestants en profitent, s’éclatent et extériorisent. Toujours dans l’allégresse. Du début jusqu’à la fin de la manifestation. La semaine dernière, tous les jeunes avaient fini au stade pour JSK – Vita Club. Hier, ils se sont empressés de rentrer pour voir leur équipe à la télé jouer l’ES Tunis, à Radès.

Djamel Moulla et A. A.


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