Participation du frère de Bouteflika au scrutin

trois explications possibles

Par Nabil D. – L’image du frère de l’ancien président de la République se dirigeant d’un pas irrésolu vers un bureau de vote a suscité de nombreuses interrogations. L’ancien secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle, épargné par la chasse aux sorcières, lancée par Gaïd-Salah contre une partie du clan, a été filmé «commettant» cet acte «contre nature» pendant que son frère croupit en prison, pour trois raisons possibles.

Nacer Bouteflika pourrait avoir choisi de participer au vote dont il pourrait penser qu’il accélérerait le départ de Gaïd-Salah et mettrait fin à l’instrumentalisation de la justice et des médias, qui ont été détournés de leur vocation originelle et mis au service exclusif du généralissime octogénaire, qui se sert de sa famille comme un hameçon pour, croit-il, détourner les regards vers l’autre partie du clan et oublier celle qui lui a succédé.

Deuxième hypothèse : l’ancien faiseur de ministres dans le secteur de l’enseignement professionnel pourrait avoir passé un deal avec les tenants du pouvoir actuels, quitte à montrer l’image d’une famille disloquée, dont l’aîné a été éjecté manu militari du pouvoir et l’autre a été incarcéré et condamné à quinze ans de prison. Le fait que toutes les chaînes de télévision aux ordres de Gaïd-Salah aient retransmis cette scène «jouissive» pour le tombeur de Bouteflika, sommées de montrer le troisième frère adhérant à l’élection présidentielle, rejetée par des millions de citoyens opposés au(x) clan(s), fait que l’opération a été montée de toutes pièces et pourrait confirmer, selon de nombreux observateurs, le complot ourdi par les cercles de décision pour tromper l’opinion en faisant jouer aux uns le rôle de la victime et aux autres celui du bourreau.

La dernière possibilité est celle-là que le frère de l’ex-chef de l’Etat aurait pu avoir subi un chantage de la part des tenants du pouvoir actuels qui lui auraient exigé de se montrer dans cette posture humiliante, faute de quoi il rejoindrait son frère en prison, Nacer Bouteflika ayant occupé un poste sensible durant de longues années sans qu’étrangement il ait été touché par la purge à laquelle s’est livrée Gaïd-Salah sans scrupule aucun.

De toutes les façons, la présidentielle de ce 12 décembre est une grande représentation théâtrale où tout est comédie et manigance et où tout est possible, y compris les retournements les plus inimaginables.

N. D.