Décès à Paris du cinéaste Chérif Aggoune

La fin d’un héros !



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Chérif Aggoune, cinéaste et réalisateur, est décédé mardi soir à Paris où était de passage, des suites d’une crise cardiaque à l’âge de 68 ans.

Un choc pour sa famille, ses amis et le monde artistique, en ce sens que Chérif n’était pas seulement cinéaste, mais un artiste complet, un militant qui s’impliquait dans toutes les causes justes.

Un de ses amis, le réalisateur Bachir Derraïs, très affecté par cette perte subite, avait du mal à parler de Aggoune au passé : «Je n’arrive pas à m’imaginer qu’il n’est plus parmi nous. Il était l’ami de tout le monde. Un cinéaste militant. Un artiste complet.

Dans notre pays où le cinéma est en convalescence, Cherif était le militant pour le changement. C’était un homme sensible, il prenait les choses à cœur. Il avait des projets. Il était en train de produire un autre film de Omar Belkacemi. Le cinéma est en train de bouffer ses enfants. Il a fait le hirak, il n’était pas malade… il est parti subitement. Je suis choqué. Que Dieu ait son âme…»

Mohamed Khalidi, réalisateur qui a fait la même école de cinéma que Chérif, est choqué et submergé par une profonde affliction. «C’est à l’Ecole supérieure d’études cinématographiques ( ESEC ) à Paris qu’on a suivi les mêmes études cinématographiques.

On n’était pas dans la même promotion. C’était un ami. Il avait de l’ambition et il était cultivé et sympathique. Je suis vraiment affligé, peiné et sans rien cacher, les quelques larmes de tristesse m’ont déjà envahi. Malgré moi. Qu’il repose en paix. Et toutes mes condoléances à sa petite famille…»

Nasreddine Guenifi, cinéaste, choqué, témoigne : «Je ne sais quoi dire sur cette foudroyante disparition, tellement je suis sous le choc. La veille on s’était rencontrés à Saint-Denis et rien en lui ne laissait apparaître un signe annonciateur. Nous avions parlé de ‘‘l’élection’’, et il était très inquiet quant aux suites. Repose en paix mon ami. Mes condoléances les plus attristées à sa famille, à son frère, le Dr Aggoune Abdallah.

Le réalisateur Malek Bensmaïl, très ému, dit tout simplement et avec humilité : «Je viens d’apprendre la triste nouvelle du décès de Cherif Aggoune. Un homme doux, un poète. Souvenirs de moments partagés et de longues discussions à Béjaïa. Toutes mes condoléances à la famille.» Diplômé de l’Ecole supérieure des études cinématographiques (ESEC) de Paris à la fin des années 1970, il retourne au pays, début 1980, pour intégrer la télévision algérienne comme assistant réalisateur.

Chérif avait ce mérite d’avoir réalisé, en 1990, le premier court métrage en tamazight Taggara lejnun (La fin des djinns), film sélectionné et apprécié au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand. La biographe Frédérique Devaux Yahi écrivait à propos de ce film dans son ouvrage De la naissance du cinéma kabyle au cinéma amazigh : «Parlé de bout en bout en berbère, il a été produit par l’ENPA en 1990.

La désignation des postes sur le générique de début et le déroulant final, tous deux en écriture amazigh, donne au film le ton d’un manifeste – au double sens du mot – à l’écran. Aggoune installe l’équipe, les acteurs, le réalisateur, les images et les sons, dans la tradition berbère, précisément dans sa composante amazighe, tout en utilisant la transcription en lettre latine qui est récente.En 2013, il signe son premier long métrage,

L’Héroïne, qui relate un drame familial durant la décennie noire. En fait, un hommage aux victimes du terrorisme et aux femmes combattantes…

Infatigable, Cherif continuait de travailler malgré les difficultés.

Je l’ai rencontré il y a une dizaine d’années à Tlemcen, lors d’un spectacle présenté à la maison de la Culture Abdelkader Alloula avec son frère Abdallah. Dernièrement, trois mois à peu près à Alger, où il me rappela notre première rencontre avec passion.

Dors en paix, frère, tu es parti trop tôt. Les mots ne suffisent pas pour te pleurer !»

 

Par Chahredine Berriah


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