L’Iran menace les Etats-Unis de représailles

Forte agitation sur le front du pétrole



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L’assassinat par les Etats-Unis de l’un des généraux les plus puissants de l’Iran jette l’incertitude sur l’industrie pétrolière, dont les principaux détenteurs au Moyen-Orient pourraient être contraints, selon Bloomberg, de faire face à un scénario qu’ils ont longtemps craint et anticipé : une confrontation militaire directe entre les deux adversaires.

Quelques heures après l’assassinat à Baghdad de Qassem Soleimani, qui dirigeait la force iranienne El Qods, les prix du pétrole brut ont explosé, alors que les travailleurs américains ont commencé à se retirer des champs irakiens et que les investisseurs se sont précipités pour se positionner pour des prix encore plus élevés dans les prochaines semaines, note l’agence américaine dans une analyse publiée sur son site. «Nous devrions tous nous préparer à une réponse féroce», a déclaré Helima Croft, stratège en chef des produits de base chez RBC Capital Markets. «Les conditions sont réunies pour une spirale de représailles qui pourrait maintenir les marchés à fleur de peau jusqu’en 2020.»

La montée des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis a déjà causé des perturbations sans précédent sur les marchés pétroliers, mais jusqu’à présent, elles ont été de courte durée. L’année dernière, Washington a blâmé Téhéran pour des attaques contre des supertankers et une attaque de missiles et de drones contre l’usine de traitement de brut d’Abqaiq, en Arabie Saoudite, en septembre – la plus grande interruption d’approvisionnement de l’histoire de l’industrie.

La nouvelle escalade, qui pourrait se muer en combats directs entre les forces américaines et iraniennes dans la région productrice de pétrole la plus importante du monde, aurait, selon les analystes, des conséquences à plus long terme pour l’économie mondiale.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a qualifié l’attaque d’«acte de terrorisme international». Le guide suprême du pays, l’ayatollah Ali Khamenei, a menacé pour sa part les Etats-Unis de «sévères représailles».Les dirigeants iraniens indiquent qu’ils viseront probablement des installations et des bases militaires américaines au Moyen-Orient et mobiliseront leur réseau de milices à travers la région. Un responsable a déclaré que quelque 36 bases et installations militaires américaines étaient à la portée des forces de défense iraniennes, la plus proche étant à Bahreïn.

Dans ce contexte de vives tensions, le Département d’Etat américain a publié une directive exhortant les citoyens américains à quitter l’Irak immédiatement en raison de la menace. L’Irak, deuxième plus grand producteur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a pompé 4,65 millions de barils par jour le mois dernier. Ses voisins immédiats dans la région – Arabie Saoudite, Koweït et Iran – produisent ensemble environ 15 millions de barils par jour. L

a plupart de leurs exportations quittent le golfe Persique par le détroit d’Ormuz, une voie navigable étroite que l’Iran a menacé à plusieurs reprises de fermer en cas de guerre. Les représailles iraniennes possibles pourraient inclure des frappes ciblées sur les installations pétrolières de la région, des attaques contre les oléoducs ou les flux de pétrole à travers le détroit d’Ormuz, ont déclaré des analystes de Citigroup Inc., dont Ed Morse, dans un rapport cité par Bloomberg. «Nous nous attendons à des représailles dans la région, très probablement en Irak», ont déclaré par ailleurs les analystes de ESAI Energy LLC. «Cela pourrait avoir un impact significatif sur les prix du pétrole brut», ont-ils estimé.

Au-delà de la hausse initiale de plus de 4% enregistrée suite à l’attaque ordonnée par le président américain, les marchés se préparent ainsi à de fortes perturbations et à une hausse des cours dans les jours à venir.  


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