Les agriculteurs crient faillite



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Des dizaines d’agriculteurs exigent une meilleure prise en charge du surplus de leur production. Ils réclament plus de lieux de stockage, de moyens de transport et de marchés où écouler ce tubercule.

Des agriculteurs des wilayas de Aïn Defla et Bouira ont protesté en bloquant la circulation sur l’autoroute Est-Ouest. En entassant des sacs remplis de pomme de terre, ils dénoncent l’absence de lieux de stockage, notamment pour cette saison de surplus de production, la baisse du prix du tubercule et beaucoup de pertes. Un malaise qui a fait réagir les organisations professionnelles et la tutelle.

En effet, ils étaient des dizaines d’agriculteurs à exiger une meilleure prise en charge du surplus de leur production. Ils réclament plus de lieux de stockage, de moyens de transport et de marchés où écouler ce tubercule. «Même à 5 DA le kilo, nous ne trouvons pas d’acheteur. Nous avons dépensé beaucoup d’argent pour ne récolter aujourd’hui que des pertes énormes.

Nous ne voulons pas de promesses mais de véritables actions sur terrain. Faute de quoi, notre filière ira droit dans le mur», s’est emporté un agriculteur établi dans wilaya de Aïn Defla. D’autres de la région d’El Asnam, wilaya de Bouira, crient carrément faillite et appellent à des solutions d’urgence. Il faut le dire, cette filière connaît depuis toujours des perturbations tant sur le prix que sur la production.

Bien que cette dernière tourne autour de 50 millions de quintaux/an sur une superficie de 150 000 hectares, son marché peine à connaître l’équilibre tant attendu pour ce produit de très large consommation. L’Algérien en consommerait annuellement plus de 111 kg, soit 3 fois la norme mondiale plafonnée à 31 kg.

Pour El Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), cette situation n’est pas propre aux agriculteurs de la filière pomme de terre. «Chaque saison, nous avons un surplus de production d’un produit agricole, qu’il soit fruit ou légume. Cette fois-ci, c’est la pomme de terre. Il faut dire que l’agriculteur a le marché local pour écouler son produit destiné initialement à la consommation directe.

Tout surplus, notamment en pomme de terre qui pose actuellement problème, doit être dirigé soit vers l’exportation, les chambres froides pour le stockage, sinon carrément vers l’industrie agroalimentaire pour la transformation», explique notre interlocuteur, qui insiste sur l’insuffisance, voire l’absence de ces trois canaux d’écoulement du produit agricole.

Pour lui, la bureaucratie et l’absence d’une politique d’encouragement à l’exportation empêchent l’agriculteur de penser à des marchés hors territoire national. Ce qui aggrave la situation, selon ses propos, est l’absence quasi-totale d’usine de transformation de ce produit, en chips, frites, purée, ou autres dérivés agroalimentaires pouvant absorber ce surplus de production et encourager l’agriculteur à investir encore plus dans cette filière.

«Pis encore, nous n’avons pas assez de chambres frigorifiques pour stocker cette surproduction et la réserver pour les périodes creuses comme moyen de régulation du marché», ajoute notre interlocuteur, qui n’a pas caché sa crainte quant aux retombées de cette abondance sur les prochaines saisons de récolte. Pour lui, les agriculteurs, ayant subi beaucoup de pertes cette saison, ne vont plus réinvestir dans une nouvelle récolte. Résultat des courses, selon lui, une pénurie serait à prévoir dans les prochains mois.

De son côté, l’Organisation nationale des entreprises et de l’artisanat a appelé, dans un communiqué rendu public, hier, à l’ouverture de nouveaux marchés, notamment dans le Grand Sud qui connaît une hausse fulgurante des prix des produits agroalimentaires, dont la pomme de terre et la volaille.

Face à cette situation, les hautes autorités du secteur, essentiellement le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, ont lancé une série de réunions d’urgence avec les parties concernées, essentiellement le Conseil national interprofessionnel de la filière de la pomme de terre (CNIFPT), afin de venir en aide à ces agriculteurs lésés. Une série de mesures ont été prises afin de répondre à leurs revendications, dont le stockage du surplus de pomme de terre. 


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