«L’Algérie peut battre les deux équipes favorites de ce tournoi»



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Ancien coach national, marquant de son empreinte l’histoire du handball algérien et africain, Aziz Derouaz a bien voulu nous livrer ses impressions sur la participation de l’EN à la CAN-2020. A travers cet entretien, l’ex-ministre des Sports, connu mondialement pour son système de «défense avancée», fait un premier bilan exhaustif.

– Comment jugez-vous jusqu’ici la prestation de l’EN de hand-ball ?

L’essentiel est acquis, à savoir la qualification en demi-finale, ce qui veut dire également au prochain Championnat du monde de 2021. Mais j’ai quand même constaté que l’équipe a dû s’employer énormément pour battre le Maroc et le Cap-Vert, lesquels ne sont pas de notre niveau. Malgré tout, il y avait  de la sérénité et on voit bien que le groupe est en formation et à la recherche de la cohésion nécessaire à de grandes performances,

– Pensez-vous que les Verts ont la capacité de créer la surprise devant la Tunisie ?

Il est évident que si l’on se base sur ce que l’on a vu jusque-là, et avec la comparaison à faire avec la grande facilité des victoires des concurrents sérieux, à savoir la Tunisie et l’Egypte, c’est difficile d’attendre ce qui serait considéré par tous comme une «énorme surprise». Toutefois, si l’on se réfère aux réelles capacités de l’équipe pas encore mises en valeur, cela reste du domaine du possible. Je veux parler ici du vrai rendement à attendre d’Ayoub Abdi et Hadj Sadok et les autres.

Ces derniers  peuvent apporter l’équilibre indispensable à notre attaque et aussi ne pas faciliter la tâche à des défenses expérimentées pour maîtriser le toujours très performant Messaoud Berkous. Certes, Hadj Sadok a été désigné une fois meilleur joueur du match, mais sa marge de progression reste encore très importante. C’est ce qui peut nous permettre de battre une des deux équipes favorites.

– On s’attendait à voir une nouvelle génération de handballeurs, mais on a vu les mêmes joueurs en fin de carrière, comme Berkous ou Berriah qui brillent. Comment l’expliquez-vous ?

Les Berriah et Berkous en particulier ont encore de beaux jours devant eux. Berkous joue cette compétition à son meilleur niveau et il est bien loin d’être en fin de carrière.

Concernant la nouvelle génération, il faut admettre que l’absence de travail vécue par notre handball, en particulier l’élite nationale et les catégories de jeunes a privé notre EN seniors de l’équilibre indispensable du renouvellement par les générations successives.

Il n’est pas normal de passer de la génération Berkous à celle de Ghodbane sans les joueurs nés dans les années intermédiaires qui ont été sacrifiés par l’absence de stratégie fédérale et de travail.

– L’apport de l’entraîneur français Alain portes peut-il redresser le hand algérien ?

Bien entendu. Un entraîneur étranger comme Alain portes, qui possède une grande expérience, en tant que joueur de haut niveau et entraîneur ayant déjà gagné 2 titres continentaux, est de nature à participer à redorer le blason de l’EN. Il a su se faire accompagner par un cadre algérien plein d’expérience internationale également et sûrement ambitieux.

Pour moi, c’est une excellente chose, car cela met un terme à un faux débat auquel peu de monde comprend quelque chose, à savoir faut-il un entraîneur algérien ou un étranger ?

Je pense que ce sera un enrichissement et que, comme dans les autres pays, Alain portes va permettre de dépassionner cette question, apporter toute son expérience internationale et humaine, et laisser une empreinte que d’autres étrangers ont laissé avant lui pour le grand bonheur du handball algérien, entre autres, Mircea Costache ( Roumanie) et Erwin Kalderash (ex-Allemagne de l’Est).


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