Exclusif. Exploitation du gaz de schiste en Algérie

les négociations sérieuses avec ExxonMobil ont été bouclées depuis 2019



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Le pouvoir algérien n’a pas perdu du temps. Il envisage sérieusement de recourir à l’exploitation du gaz de schiste car il n’a trouvé aucune autre option sérieuse qui peut lui assurer très rapidement de nouvelles recettes en devises qui combleront les déficits budgétaires provoqués par le recul drastique des exportations des hydrocarbures conventionnelles, à savoir le pétrole et le gaz naturel. Et pour préparer le terrain au lancement officiel du gaz de schiste, les autorités algériennes ont lancé depuis mai-juin 2019 des négociations très poussées avec le géant américain ExxonMobil.

Nous avons appris effectivement au cours de nos investigations que l’ancien PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, a rencontré très discrètement à Paris une délégation représentant le géant américain ExxonMobil. En France, ExxonMobil dispose de deux filiales Esso SAF et ExxonMobil Chemical France. Ces négociations entamées à Paris avaient pour objectif de relancer les premiers contacts et pourparlers entamés depuis février 2019 à l’époque d’Abdelmoumen Ould Kaddour, l’ex-PDG de Sonatrach. Un premier accord manifestant l’intérêt d’ExxonMobil pour l’Algérie et notamment les projets qu’il faut développer dans le gaz de schiste a été négocié en mars 2019. Mais le Hirak, la chute de Bouteflika et le départ précipité et inattendu d’Abdelmoumen Ould Kaddour de la direction générale de Sonatrach à la fin du mois d’avril 2019 a fini par calmer les ardeurs d’ExxonMobil qui ont suspendu les discussions en attendant que la situation politique en Algérie s’éclaircisse et revienne au calme. 

Profitant de l’embellie des relations que son prédécesseur Abdelmoumen Ould Kaddour a instauré avec ExxonMobil, Rachid Hachichi reprend l’initiative et relance des pourparlers avec la compagnie américaine dont le chiffre d’affaires dépasse les 430 milliards de dollars.

Après l’entrevue de Paris au début de l’été 2019, ExxonMobil accepte de faire un pas et envoie à Alger une délégation au cours du mois d’octobre 2019. Cette délégation atterrit à Alger dans la plus grande discrétion et de longues réunions ont été organisées au siège de la direction générale de Sonatrach. Les émissaires d’ExxonMobil ont même été conviés au sud du pays où ils ont visité plusieurs régions pétrolières et les bassins abritant d’importantes réserves de gaz de schiste. L’objectif des autorités algériennes étaient de persuader ExxonMobil qu’il n’y a aucune insécurité particulière dans ces régions et l’armée algérienne veille sérieusement sur la tranquillité  des compagnies étrangères qui viendront investir en Algérie.

A la fin de cette visite, les émissaires d’ExxonMobil ont formulé leurs conditions préalables pour venir investir en Algérie. La première condition impose une révision totale et profonde la loi sur les hydrocarbures. Ce que les autorités algériennes ont exécuté très rapidement puisque le projet était déjà initié depuis 2018 par le régime Bouteflika. Il ne restait donc que de reprendre le texte et de le valider officiellement pour l’adopter définitivement à partir du 15 novembre 2019. La deuxième condition du géant américain portait sur la stabilité politique et le climat politique qui règne dans le pays. Les émissaires d’ExxonMobil ont clairement exigé qu’un nouveau Président de la République soit désigné au pouvoir pour que la partie américaine puisse travailler avec un interlocuteur légitime et sérieux.

Sur ce chapitre aussi, le pouvoir algérien a compris le message et sa feuille de route a accouché de l’élection d’un nouveau Président, à savoir Abdelmadjid Tebboune, le 19 décembre 2019. Ce dernier ne manquera pas de faire savoir aux américains que l’Etat algérien respectera les engagements qu’il avait pris lors des négociations secrètes avec ExxonMobil. Le mercredi soir 23 janvier 2020, lors de sa première sortie médiatique, Tebboune a défendu bec et ongles l’option du gaz de schiste. Pas question de faire douter les partenaires stratégiques de l’Algérie.

Pour l’heure, aucun accord officiel n’a été conclu. Les américains temporisent et jaugent ce nouveau pouvoir algérien qui se met en place. Mais selon nos sources, les derniers rounds des négociations sur le gaz de schiste reprendront dans les semaines à venir entre la direction générale de Sonatrach et ExxonMobil. Au cours du premier trimestre de cette nouvelle année 2020, un accord définitif entre les deux compagnies devra être signé et validé. A moins qu’une nouvelle complication ne retarde encore les pourparlers.

Il faut savoir que le géant ExxonMobil a réorganisé en 2019 ses activités d’exploration pétrolière et il a notamment augmenté de 22% l’enveloppe destinée aux investissements dans l’exploration du gaz de schiste.

Aux Etats-Unis, ExxonMobil a gagné beaucoup d’argent suite à leurs investissements dans le Bassin permien qui s’étend sur l’ouest du Texas et le sud-est du Nouveau-Mexique. Les extractions dans le bassin permien ont flambé de 90% à 274.000 barils par jour, poussant la production totale du groupe à 3,9 mbj, en augmentation de 7%. ExxonMobil prévoit de pomper 1 million de barils par jour à compter de 2024. C’est 80% de plus que sa projection initiale.

Le bassin permien abrite les principales réserves américaines en pétrole et gaz de schiste et est devenu officiellement le champ le plus prolifique au monde devant le bassin saoudien Ghawar avec des extractions de 4,1 mbj en mars, d’après l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA). ExxonMbil est donc bel et bien tentée de reproduire cette éclatante réussite ailleurs dans le monde notamment dans un pays aussi vierge que l’Algérie dont les réserves de gaz de schiste demeurent totalement intactes.


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