Sofiane Saïdi & Mazalda cassent la baraque !



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Sofiane Saïdi et son groupe Mazalda, qui se sont produits au théâtre régional d’Oran Abdelkader Alloula dimanche dernier, ont eu droit à un succès du feu de Dieu.

Organisé sous l’égide de l’Institut français, en collaboration avec le TRO, ce concert détonnant a drainé un public oranais nombreux, qui, en plus d’accaparer l’orchestre, a investi tous les balcons du théâtre, jusqu’au poulailler. En plus de Sofiane, le groupe Mazalda était au complet : on y comptait Julien Lesuisse, Stéphane Cézard, Adrien Spirli, Lucas Spirli, Yann Lemeunier et Moncef Hakim.

Chacun d’eux s’occupait d’un ou de plusieurs instruments pour chauffer l’ambiance bien comme il faut: flûtes, saxo, piano, guitares, pads électroniques, derbouka, gallal, congas, etc. L’émotion était palpable, autant chez Sofiane Saïdi que chez son public, qui a eu le loisir de le voir chanter sur scène pour la première fois. A Oran, qui ne connaît pas Sofiane Saïdi, qui n’a jamais écouté une de ses musiques, ou vu sur Youtube un de ses clips ?

Et pourtant, il ne s’était encore jamais produit, de mémoire de mélomane, à El Bahia, une ville pourtant qui lui est chère. C’est dire la «communion» qui l’avait lié à son public lors de ce tour de chant exceptionnel. Après deux chansons en guise de préambule, dont la très émouvante Wahdi ana w galbi, il entreprit un istikhbar (sorte d’introduction dans le jardon musical) avec un solennel Assalamou alaykoum à la ville d’Oran et à l’âme de Abdelkader Alloula.

C’est qui n’était pas rien pour Sofiane Saïdi de se produire en cet opéra qui porte le nom de ce grand dramaturge algérien, assassiné par les forces obscurantistes en 1994, lui qui avait décidé de quitter, en 1990, son Sidi Bel Abbès natal pour échapper justement à cette fureur intégriste qui ne disait pas son nom. Sofiane a toujours été passionné par le chanteur Zergui de Sidi Bel Abbès, de Mazouzi, Hasni, Khaled, et d’une manière plus générale de l’ancien raï.

Quand il a rencontré le groupe Mazalda à Paris, l’idée lui est venue de fusionner les musiques d’Orient et du monde avec la musique raï. C’est ainsi qu’au gré des morceaux joués dimanche dernier, le public a pu percevoir de l’électro, une touche de jazz, par le truchement du trompettiste Julien Lesuisse, ou encore de l’Orient avec les percussions de Moncef Hakim. Chaque morceau se voulait un rappel à une certaine culture parallèle à la culture algérienne, que ce soit occidentale, orientale, africaine, etc.

Avec Gasbah Ya moul Taxi, chanson très rythmée avec des sonorités de musiques alawi, il a fait danser la salle entière : femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, personne dans le rang du public ne tenait en place, tout le monde était debout à se déchaîner sous les youyous qui fusaient du balcon. Il en a été de même de pour La classe à Las Vegas, une chanson qui a carrément transporté le public, jusqu’à le mener en transe.

Bien que se produisant pour la première fois à Oran, Sofiane ne semblait pas du tout être envahi par le trac : au contraire, en plus de chanter, il s’amusait de temps à autre à accomplir quelques pas de danse avec ses musiciens, à inviter sur scène des amis chanteurs se trouvant dans le public, ou encore à inviter toute la salle, histoire de se défouler bien comme il faut, à pousser un long cri tonitruant, qui sortirait non de la poitrine mais du ventre.

Oran a été la première ville d’une tournée qui devenait Sofiane et Mazalda à Tlemcen, Alger, Constantine et Annaba. Ses nombreux fans espèrent le revoir très vite !

Akram El Kébir


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