Une contribution de Mouanis Bekari – Le Hirak n’en a cure des cuistres !



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Par Mouanis Bekari – Depuis la parution d’un article de Kamel Daoud dans un magazine français dont le fonds de commerce est l’islamophobie et l’éreintement du récit national, l’entreprise de dépréciation de la révolte populaire s’est accélérée. Tout se passe comme si cet article avait servi de blanc-seing à ceux qui, jusque-là passablement embarrassés par la constance et l’opiniâtreté du Hirak, ont «toujours su que», ont «toujours dit que», nous avaient «prévenus que», etc. ; bref, ceux qui savaient, savent et sauront toujours avant et mieux que les autres. En un mot comme en cent : les cuistres.

Ceux-là, imbus de convictions forgées par une culture livresque, assènent des sentences d’autant plus péremptoires que le Hirak ne semble pas vouloir les entendre. Or, ce qui avait le don de les agacer jusqu’alors semble dorénavant les exaspérer. Car c’est une loi bien connue que les faux savants s’irritent fort que leurs décrets soient ignorés par ceux à qui ils les adressent. D’où la prolifération de rappels courroucés sur ce que doit être une révolution, quelles en sont les prémisses, qui est qualifié pour la mener et qui ne l’est pas. Et – mais est-ce une surprise ? – le peuple algérien est disqualifié pour ce faire, car il ne satisfait pas aux prérequis énoncés dans le catalogue du «prêt-à-révolutionner» qui sert de livre de chevet à nos maîtres-penseurs.

Ce peuple qui a mis en branle un mouvement qui a désinhibé des millions de personnes, libéré des énergies constamment brimées depuis bientôt 60 ans, permis de recouvrer le droit à la parole, réintroduit la société civile dans le champ politique, qui s’est réapproprié l’espace public qui lui avait été confisqué depuis 20 ans et qui a initié une génération à la lutte politique, le tout pacifiquement, ce peuple est recalé par les théologiens de la révolution !

Il ne suffit pas que le Hirak ait identifié les problèmes qui attentent aux équilibres du pays et affirmé sa maturité par l’exercice de la raison au détriment de celui de la passion, ce qui est le fondement de la démocratie. Il lui faut aussi déférer aux injonctions des canonistes et confirmer leurs vaticinations ! Qu’il ait indiqué avec éloquence les principes qui doivent être réhabilités et les errements qui doivent être extirpés afin de bâtir un Etat de droit ne convient pas davantage, il faut également qu’il dise comment, par qui, par quels moyens et dans quel temps. Bref, qu’il soit le Tout et les parties du Tout.

On pourrait croire qu’il lui serait fait crédit d’avoir mis un terme à l’annihilation programmée de l’Algérie lors du 5e mandat et chassé certains des instigateurs de ce crime, mais non ! Les censeurs de pacotille sont intransigeants et exigent que leur fourbi conceptuel soit décrété l’alpha et l’oméga de toute pensée et le préalable à toutes les actions. Sinon quoi ? Eh bien, sinon ils changeront de peuple et s’en retourneront sur leur belvédère en emportant leurs manuels, leurs imprécations et leurs oracles. Soit. Ils y retrouveront d’autres contempteurs, moins grotesques mais tout aussi sentencieux qui facturent au Hirak, avec une rigueur de boutiquier, les utopies qu’ils lui avaient assignées, sans préjudice des intérêts qu’ils lui réclament pour avoir échoué, momentanément ou définitivement, c’est selon leur humeur et plus encore celle des affréteurs qui pourvoient à leur pitance.

Pendant ce temps, le Hirak continuera d’être ce qu’il est : l’inspirateur d’une ambition de dignité, le forgeur d’un horizon de liberté et l’incubateur d’une génération pour qui les droits civiques s’affirment dans l’action.

M. B.

 


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