Pour avoir refusé de tricher

 Trois arbitres de badminton au frigo depuis… 2 ans



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Intrigant et surtout aberrant ce qui se passe au sein de la Fédération algérienne de badminton (Faba), conduite par Amine Zoubiri, avec cette affaire de trois jeunes arbitres fédéraux de la discipline, écartés par les responsables de ladite fédération de toutes les compétitions nationales et internationales pour avoir refusé de tricher, préférant préserver l’éthique sportive que de se soumettre aux injonctions pour favoriser les athlètes algériens.

Mohamed Lamine Bouzid, Abderrahmane Gadi et Arafet Benhamed, trois jeunes et prometteurs arbitres de badminton, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont appris à leurs dépens qu’il fallait transgresser toutes les règles sportives et mêmes morales, dont la pire est la triche, et se soumettre aux caprices des responsables de la fédération pour rester dans le circuit.

Les faits remontent au mois de février 2018. Retenus pour arbitrer les rencontres de l’Open international et du Championnat d’Afrique seniors de badminton qui se sont déroulés à la salle Harcha Hacène (Alger) du 6 au 19 février de la même année, tout se déroulait parfaitement avant que tout ne bascule à la veille des finales.

Convoqués, à l’instar des autres arbitres algériens retenus pour le Championnat d’Afrique, à la veille des finales de la compétition continentale à une réunion par la présidente de la commission d’arbitrage du tournoi, Siham Tabarit en l’occurrence, cette dernière leur a transmis une instruction «bizarre et inattendue» du président de la Faba, Amine Zoubiri.

«Le président exige de vous de favoriser les équipes et athlètes algériens lors de ces Championnats d’Afrique, pour récolter le maximum de médailles. Celui qui ne se pliera pas à cette injonction n’a qu’à faire ses valises et quitter les lieux», raconte Mohamed Lamine Bouzid.

«On n’a rien dit sur le moment, mais on avait décidé avec mes deux autres collègues de ne pas nous plier à cette injonction contraire à la morale et aux règles élémentaires du sport», précise Abderrahmane Gadi.

Préférant donc respecter l’éthique et ne pas tricher, même pour favoriser les athlètes algériens, les trois arbitres subiront, un mois plus tard, les foudres de la fédération et de son président.

Convoqués devant une Commission de discipline (CD) loin d’être aux normes, aussi bien dans sa composante que dans la forme, documents et arguments à l’appui, les trois referees se verront depuis privés de compétition et même de leurs indemnités financières.

Pis encore, les trois arbitres seront mis au frigo sans qu’aucune sanction ne leur soit communiquée. Loin de se laisser faire, les arbitres lésés et malgré le black-out qui leur a été imposé au niveau de la Faba, avec des correspondances sans réponse et le refus du secrétaire général d’accuser réception de leurs missives, ont exigé des explications sur leur mise à l’écart inavouée.

Même les demandes d’audience auprès du président de la Faba sont restées sans suite. «On n’a pas lâché prise pour autant. Estimant qu’on a été lésés, on a continué nos démarches pour notre réhabilitation, car on ne pouvait se résigner à être écartés de la sorte, pour avoir refusé de se soumettre à une injonction de triche pouvant salir notre réputation et notre honneur», explique Gadi et Bouzid.

Une réhabilitation de façade !

Ne cédant pas et après moult écrits, notamment au ministère de la Jeunesse et des Sports pour qu’il s’intéresse à leur cas qui relève d’un abus d’autorité avec des accusations de triche «avérées» à l’encontre de la Faba et ses responsables, les trois jeunes arbitres finiront par avoir gain de cause, mais en partie seulement.

Début janvier 2018, c’est-à-dire il y a tout juste une année, les trois arbitres sont informés par un écrit du secrétaire général de la fédération que «suite à leur recours et examen de leur cas par le bureau fédéral réuni le 20 décembre 2018, il a été décidé votre réhabilitation dans vos fonctions d’arbitre fédéral».

Une réhabilitation qui n’était en fait que de façade, puisque une année plus tard, les trois jeunes arbitres sont toujours au frigo, et n’ont, jusqu’à aujourd’hui, jamais été sollicités par la FAba pour arbitrer, notant que la mise à l’écart décidée après leur refus de tricher lors du Championnat d’Afrique organisé à Alger en février 2018 est toujours de vigueur.

Acceptant mal cette hogra et surtout le diktat du président de la FABa et des membres de son bureau, les trois jeunes arbitres, athlètes et éducateurs sportifs de surcroît, interpellent désormais le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi, pour étudier ce cas grave d’abus et d’infraction à l’éthique sportive, espérant une oreille attentive de ce dernier, ce qui n’était pas le cas de son prédécesseur, Raouf Bernaoui, qui avait clairement pris le parti de son homologue de la fédération de badminton. 


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