L’obésité et le surpoids en hausse en Algérie

Les spécialistes redoutent l’explosion du diabète



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La prévalence du surpoids et de l’obésité progresse rapidement partout dans le monde et en Algérie. Ce qui constitue un sérieux problème de santé publique, a alerté le Pr Amar Tbaïbia, chef de service de la médecine interne à l’EPH de Birtraria (El Biar), à l’occasion de la 2e journée de formation médicale continue organisée jeudi par l’Association de médecine interne d’El Biar (AMIE). Il affirme que la prévalence de l’obésité, à elle seule, prend de l’ampleur.

Elle a atteint un taux de 13% au niveau mondial. «En Algérie, les chiffres ont triplé depuis 2015 et selon les derniers résultats de l’enquête Step Wise du ministère de la Santé 2017, le taux de l’obésité est de 30% chez les femmes et 14% des hommes. C’est un des facteurs favorisant l’apparition du diabète et elle est à l’origine des maladies cardio-vasculaires, les cancers du foie, du sein et affecte la fertilité de la femme», a-t-il indiqué. Il met en garde aussi contre le pré-diabète qui demeure très fréquent dans notre pays. «Cela représente un double fardeau pour nous et il est urgent d’intervenir afin d’inverser les tendances néfastes pour la santé enregistrées notamment au niveau des habitudes alimentaires et de l’activité physique. Cette prévention doit s’articuler sur deux niveaux, à savoir individuel et collectif. Au plan individuel, il est important d’agir sur le poids afin d’éviter l’apparition de certaines maladies en favorisant une alimentation saine et contrôler les maladies existantes. Il est aussi du devoir des pouvoirs publics de faire des campagnes de sensibilisation pour prévenir contre l’obésité et mettre les moyens pour promouvoir cette alimentation saine et l’activité physique et surtout au niveau des écoles pour sensibiliser les enfants et leur apprendre à s prémunir contre les maladies chroniques en luttant contre l’obésité», a-t-il recommandé.

L’école est l’endroit le plus propice pour justement agir en amont contre tous ces facteurs de risque. Abondant dans le même sens, le Pr Moussa Achir, chef de service de pédiatrie à l’EPH de Birtraria, rappelle qu’il y a une augmentation significative des maladies métaboliques et le diabète de type 1 est en hausse dans notre pays. Le registre du diabète de type 1 a, dans la circonscription de wilaya d’Alger, montré que l’incidence est entre 26 et 27 pour 100 000 enfants de moins de 5 ans en 2018, alors qu’elle était de 4% dans les années 80. «Cette incidence a été multipliée par 5 à 6 fois ces dernières années», a-t-il déploré, et de préciser que le taux de l’obésité et du surpoids a atteint les 18% pour les enfants.

Ce qui a un impact considérable sur la prise en charge qui doit être améliorée, sachant que 25% d’enfants arrivent avec des complications en l’occurrence l’acidocétose qui peut provoquer le coma et la mort. Par ailleurs, le Pr Samia Zekri, spécialiste en médecine interne dans le même établissement public hospitalier de Birtraria, a déploré la hausse des cas d’amputation de membres inférieurs chez les diabétiques à travers le territoire, expliquant ce phénomène «par le manque d’éducation thérapeutique du patient et de formation des généralistes et du corps médical, ainsi que par l’absence totale des spécialistes en matière de prise en charge du pied diabétique au sein des établissements publics.»

Elle a évoqué en outre le rôle des spécialistes en chirurgie orthopédique et en rééducation fonctionnelle, l’absence de spécialistes en chirurgie des artères, ce qui amène les services de chirurgie générale à amputer le pied, au lieu d’améliorer le traitement de la plaie. Le président de la Société algérienne de diabétologie, le Pr Mourad Samrouni, a annoncé, quant à lui, la mise à jour du Guide des bonnes pratiques en diabétologie conformément aux nouvelles recommandations internationales relatives aux médicaments innovants. S’exprimant face aux médecins généralistes pour l’amélioration de la prise en charge du diabète et des maladies qu’ils provoquent, le Pr Samrouni a fait état de l’actualisation du Guide des bonnes pratiques en diabétologie conformément aux nouvelles recommandations internationales relatives aux médicaments innovants, rappelant la réunion tenue entre le ministère de la Santé et les experts du domaine pour l’enrichissement de ce guide, qui sera bientôt distribué aux spécialistes.

Faisant état d’une prochaine réunion entre experts et cadres de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNAS) pour inclure les médicaments innovants dans la liste de ceux remboursables, le président de la Société algérienne de diabétologie a expliqué que «ces médicaments agissent sur le patient diabétique comme un moyen protecteur contre les maladies cardio-vasculaires et rénales. Leur efficacité a bien été démontrée dans plusieurs études», a-t-il ajouté.


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