Hirak "An 1"

Quelles perspectives pour le mouvement citoyen ?



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L'Algérie a vu le 22 février 2019 un élan populaire acifique inédit, provoqué par une humiliation de trop infligée à tout un peuple, caractérisé par l'absence de la symbolique de l'Etat.
Un mouvement qui s'est transformé après une année en un phénomène politique suscitant moult réflexions. Certains spécialistes l'analysent comme une mentalité prenant forme dans l'esprit de l'Algérien et une dynamique en train changer la donne dans la société.
Il s'agit d'une accumulation de militantisme non négligeable qui remet en cause, encore une fois, la légitimité de tout un système. Pour d'autres, le principal est de fructifier les acquis du Hirak, d'autant que les chances de faire aboutir ses objectifs existent toujours.
L'historien Arezki Ferad observe que ce mouvement de contestation est un tournant important dans l'histoire du militantisme en Algérie et suscite, par son pacifisme, l'admiration du monde entier. Le peuple a reconquis la rue et il est décidé de ne plus faire machine arrière. Son objectif est de concrétiser le changement d'un système politique qui a duré plus de soixante ans, renchérit-t-il dans une déclaration au Jeune Indépendant.
« Malgré les richesses et les moyens financiers dont on disposait, notre pays s'engouffrait davantage dans le sous-développement. S'ajoute à cela l'humiliation que subissait le peuple en voyant le cadre de l'ancien président de la République traîné à chaque occasion pour substituer à la personne affaiblie par la maladie ».
Cette image a marqué, dit-il, les Algériens qui se sont révoltés d'abord contre le 5e mandat et ne veulent plus s'arrêter à ce seuil, car ils revendiquent aujourd'hui le changement de tout système.
Et de jauger le malaise de la jeunesse algérienne, l'historien précise : « Le principal objectif est le changement d'un système qui a poussé les Algériens à fuir leur pays. Cette dictature qui a produit la corruption, piétiné la loi et la justice, bafoué les droits, a été dénudée ». Malgré toutes les manœuvres de reproduire le système, l'universitaire voit que le maintien de la mobilisation pendant une année complète est une mentalité qui a pris forme dans l' esprit de l'Algérien . Le peuple assiste de la sorte à une accumulation de militantisme et brise le mur de la peur.
Affichant son optimisme, l'historien fait observer que la crise financière que connaît le pays pourrait être un facteur en faveur du Hirak, mentionnant qu'il n'y a plus de rente pour acheter la paix sociale.
De son côté, le professeur et politologue Sofiane Sakhri incombe la responsabilité à l'élite politique qui, à défaut d'une forte influence et d'une pénétration dans les rangs de la population, n'a pas pu former une interface entre le pouvoir et le peuple.
Un constat qui ne pourrait, ajoute-t-il, qu'être le corollaire du fonctionnement du système qui visait et visera à se maintenir en place en fragilisant les conditions socioéconomiques et l'environnement professionnel de l'élite.
Et d'expliquer : « On aurait pu éviter le 22 février 2019 s'il existait une élite politique influente et bien pénétrée dans les rangs de la population à même de former une interface entre le pouvoir et le peuple ». « On a tout fait pour placer l'intellectuel dans une situation financière précaire et tout intellectuel s'opposant à la politique du pouvoir risque de voir sa carrière se briser », soutient –il.
Le professeur Sakhri fait constater en outre que durant une année de mobilisation, le Hirak a pu passer au crible l'élite algérienne. Hormis les élites politiques rejetées dès le départ par le mouvement de contestation, il y a eu une autre partie infiltrée dans le Hirak qui a fini par rejoindre les rangs du pouvoir. Une autre reste toujours dans le Hirak et croit aux revendications du peuple, explique-t-il.
Le pouvoir, voit-il, a toujours œuvré pour que le citoyen ne domine pas l'espace public, ce qui constitue un des indicateurs de sa « logique répressive », et sur d'autres fronts il s'est créé au sein de l'élite le clientélisme donnant naissance à une élite artificielle.
Mais le 22 février 2019 le peuple a changé la donne et pris les choses en main sans qu'il ait un commandement élitaire.
S'étalant sur ce point, le professeur rappelle que plusieurs initiatives ont eu lieu dans le but de transformer le Hirak de force de rejet en force de propositions, mais il n'y a pas eu de suivi de la part du pouvoir. Ce dernier a vite mis au-devant de la scène nationale, par médias nationaux interposés, ses élites artificielles, pur produit de ses arcanes avec un seul objectif, celui de donner la légitimité à la feuille de route du pouvoir et de l'imposer coûte que coûte. Cette manœuvre a élargi le fossé entre le citoyen et l'élite et accentué la détérioration de son image d'une élite « khoubziste », observe-t-il.
Le plus grand acquis, souligne le politologue, demeure la réappropriation de l'espace public par le peuple qui le domine en ce moment. Toutefois, le spécialiste estime dans son analyse de l'évolution du phénomène du Hirak qu'il est temps que le mouvement passe d'un Hirak de la rue à une autre étape cruciale, celle d'un Hirak des institutions, (les assemblées).
Il suggère à ce titre la nécessité d'un front uni devant se mettre au-dessus de toutes les sensibilités idéologiques autour d'une feuille de route politique, en vue d'aller vers des négociations avec le pouvoir pour une transformation démocratique conforme aux aspirations du peuple.
Le mandat présidentiel actuel, poursuit-il, pourrait être un mandat de transition aux fins de mettre en application des résultats exécutables desdites négociations. À ce moment, clarifie-t-il, le peuple récupèrera sa souveraineté et deviendra source de tout pouvoir.
Ceci étant, beaucoup reste à faire sur le comportement quotidien de tout un chacun dans tous les espaces, familial, professionnel et public. Car le changement est, avant tout, une mentalité qui consiste à adopter un ensemble de pratiques, faisant des individus des citoyens à part entière et responsables dans un Etat de droit. C'est le grand challenge !


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