Troublant appel de Mohamed Charfi à poursuivre le Hirak «jusqu’au bout»



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Par Mohamed K. – L’ancien ministre de la Justice sous Bouteflika a fait d’étranges déclarations dans une interview parue dans les colonnes du journal arabophone pro-pouvoir Echorouk. Mohamed Charfi a, en effet, appelé à poursuivre le Hirak indéfiniment. «Le Mouvement populaire doit être consacré comme un acquis pour le peuple algérien et qu’il jouisse d’une continuité en tant qu’organisation positive pour ajuster l’action et le processus démocratique dans le pays», a-t-il déclaré, au moment où les autorités continuent de réprimer les marches et de maintenir de nombreux manifestants en détention.

Le président de la commission en charge de l’organisation de la présidentielle du 12 décembre 2012 et du prochain référendum pour la révision de la Constitution a été jusqu’à féliciter «ceux qui ont pris l’initiative et contribué à déclencher la première étincelle qui a permis à des millions d’Algériens de différentes obédiences de sortir dans la rue», a encore dit Mohamed Charfi qui dément ainsi les propos de l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général Gaïd-Salah, et l’ex-président par intérim, Abdelkader Bensalah, qui parlaient de «groupuscules insignifiants». Il va jusqu’à comparer le Hirak aux manifestations du 11 Décembre 1961. «Ils (les manifestants, ndlr) nous ont permis de revivre le même sentiment d’espoir et d’aspiration à une vie de liberté et de responsabilité réelle», a-t-il ajouté.

Mohamed Charfi n’ignore pas que le général Toufik, emprisonné pour «complot contre l’Etat», a admis, lors de son audition au procès en appel qui s’est tenu récemment au tribunal militaire de Blida, qu’il avait concouru à l’éclatement du soulèvement pacifique visant à pousser l’ancien président Bouteflika et le général Gaïd-Salah, qui voulait imposer le cinquième mandat par la force, vers la porte de sortie. L’ancien magistrat se fourvoie ainsi dans ses propres antagonismes, en saluant les manœuvres secrètes de l’ancien patron de l’ex-DRS et se rangeant dans le même temps aux côtés de son ennemi juré, Ahmed Gaïd-Salah.

«Je souhaite que la flamme du Hirak ne s’éteigne pas. Au contraire, j’espère que le Mouvement de contestation populaire murisse davantage car il est au cœur du renforcement des piliers démocratiques constitutionnels en Algérie et je prie Dieu qu’il nous aide à soutenir le Hirak et qu’il arme ceux qui l’animent d’une clairvoyance suffisante pour qu’il devienne un mécanisme pour développer la démocratie constitutionnelle dans notre pays», a insisté Mohamed Charfi dont on ne comprend pas s’il dirige ses déclarations contre le régime, s’il fait amende honorable ou s’il cherche à récupérer le Mouvement qui, loin de s’être essoufflé, a démontré ces deux derniers jours qu’il est plus massif que jamais et déterminé à «aller jusqu’au bout».

M. K.


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