L’entourage de l’ancien président de nouveau impliqué

Des dizaines de hauts cadres devant le tribunal



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Encore une fois, le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger,  a connu hier un défilé d’anciens ministres, d’ex-walis,  de hauts cadres de l’Etat et de dirigeants de banques publiques convoqués à la suite d’une enquête préliminaire menée par les services de la Gendarmerie nationale.

Au moins une quarantaine de personnes ont été convoquées, avec l’homme d’affaires Hocine Metidji, PDG du groupe éponyme, sur lequel pèsent des soupçons de «transfert illicite de capitaux vers l’étranger», «blanchiment d’argent», «financement illicite de la campagne électorale du 5e mandat du Président déchu», «complicité de dilapidation de deniers publics», «trafic d’influence» et «violation de la réglementation des marchés publics».

Dans son sillage, l’influent homme d’affaires et ex-vice-président du FCE (Forum des chefs d’entreprise) a entraîné l’ex-directeur du protocole de la Présidence, Mokhtar Reguieg, que certains n’hésitent pas à qualifier de «boîte noire» des Bouteflika, les deux anciens Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, l’ex-ministre des Travaux publics et chargé du financement de la campagne électorale du Président déchu, Abdelghani Zaalane, l’ex-ministre de l’Habitat et ancien wali de Mostaganem, Abdelwahid Temmar, ainsi que de nombreux cadres dirigeants des secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des banques publiques.

Le tribunal a convoqué aussi Ali Haddad (en détention), patron du groupe ETRHB et ancien président du FCE, pour être entendu, en tant que témoin, dans l’affaire de financement illicite de la campagne électorale.

Lors du procès des hauts responsables poursuivis dans le cadre des avantages illicites accordés aux concessionnaires automobiles, Ali Haddad avait fait état d’une liste d’hommes d’affaires qui avaient participé au financement de la campagne électorale du 5e mandat, citant parmi eux le patron du groupe Metidji, son vice-président au sein de l’organisation patronale, qui, selon lui, a remis la somme de 10 millions de dinars.

Faisant partie de la liste des personnalités interdites de quitter le territoire national depuis le début du mois d’avril dernier, le patron du groupe Metidji devrait être entendu sur les circonstances dans lesquelles il a acheté plusieurs biens immobiliers à l’étranger (notamment en France, où il détient des sociétés immobilières), il a bénéficié de la cession des filiales d’Eriad, acquis des concessions agricoles dont l’activité aurait été détournée, s’approvisionnait en blé auprès de l’OAIC (Office algérien interprofessionnel des céréales), il bénéficiait de crédits auprès des banques publiques.

C’est dire que le dossier confectionné par les services de la gendarmerie sur l’homme d’affaires est très lourd et implique également ses frères, dont Zoubir Metidji, à la tête de la Fédération équestre algérienne, qui avait offert un cheval au président Bouteflika, alors qu’il n’apparaissait plus.

Spécialisé dans les produits à base de céréales, connus sous les marques de Safina, Cérégal et Bnine, le groupe Metidji, faut-il le rappeler, a connu une ascension fulgurante durant les 15 dernières années. Devenu client privilégié de l’OAIC, ses minoteries se sont multipliées dans une grande partie de l’Oranie, où il détient le plus gros de ses «investissements».

Ceux qui le connaissent évoquent souvent ses relations privilégiées avec l’un des neveux du Président déchu, qui lui aurait ouvert de vrais boulevards pour ses activités. Est-ce pour cette raison que l’ex-directeur du protocole de Bouteflika, Mokhtar Reguieg, a été convoqué ?

En tout cas, jusqu’en fin de journée, les auditions au tribunal de Sidi M’hamed n’étaient toujours pas terminées, alors que les ministres et les Premiers ministres avaient rejoint la prison où ils sont détenus, dans le cadre d’autres affaires.


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