Hamel, son épouse et ses enfants devant le tribunal de Sidi M’hamed

«Le jour où j’ai parlé de la corruption, je suis devenu un corrompu»



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Le procès de l’ex-patron de la police, Abdelghani Hamel, son épouse et ses trois enfants, s’est ouvert hier au tribunal de Sidi M’hamed près la cour d’Alger.

Après un premier renvoi, le procès de l’ex-DGSN, Abdelghani Hamel, son épouse et ses enfants, Mourad, Amyar, Chafik et Chahinez, s’est ouvert hier au tribunal de Sidi M’hamed, près la cour d’Alger.

En détention avec trois de ses enfants et six autres prévenus (sur les 17 poursuivis), l’ex-premier policier du pays (2010-2018) doit répondre de plusieurs chefs d’inculpation «trafic d’influence», «abus de fonction», «blanchiment d’argent», «incitation d’agents publics pour l’obtention d’indus services» et «dissipation de biens» liés aux nombreux biens que lui, ses enfants et son épouse détiennent à Alger, Oran et Tlemcen, ainsi que ceux qui concernent les dix sociétés (poursuivies en tant que personnes morales), dont sont propriétaires les membres de la fratrie.

Parmi les inculpés, se trouvent également  l’ex-responsable de l’OPGI de Hussein Dey, Mohamed Rehaimia, et l’ex-responsable des domaines, Ali Benamirane, ainsi que quatre anciens walis, Abdelghani Zaalane (en détention) et Abdelmalek Boudiaf d’Oran, Moussa Ghelai (en détention) de Tipasa, Zoubir Bensebane de Tlemcen, alors que le cinquième, Abdelkader Zoukh, ancien wali d’Alger (sous contrôle judiciaire), a été renvoyé par la Cour suprême devant le tribunal de Tipasa.

D’emblée, les avocats de l’ex-patron de la police ont évoqué «des vices de forme» qui appellent, selon eux, à l’annulation de la poursuite.

La défense de Hamel et des membres de sa famille explique que l’ensemble des faits pour lesquels les prévenus comparaissent sont frappés «de la prescription, parce qu’ils ont eu lieu il y a plus de trois ans».

Les avocats énumèrent les biens au centre de cette affaire, situés à Alger, Oran et Tlemcen, et démontrent qu’ils ont été acquis en 1987 et 2015.

Le collectif demande, par ailleurs, «l’annulation des inculpations, de la procédure et des procès-verbaux de l’enquête préliminaire de la police judiciaire». Il dénonce «l’abus» des gendarmes lors de l’enquête, mais aussi le travail du magistrat instructeur qui a renvoyé l’ex-wali d’Alger devant le tribunal de Tipasa, et les autres devant celui de Sidi M’hamed.

Il évoque «plusieurs qualifications» pour les mêmes faits, parle «d’informations erronées» sur des biens de Hamel et s’interroge : «Comment expliquer que l’enquête s’ouvre le 12 juin et se conclut le 13 juin. Abdelkader Zoukh était ici témoin, après il devient inculpé et se retrouve déféré devant le tribunal de Tipasa. Ce n’est pas sérieux.»

Les avocats de l’ex-wali de Tipasa relèvent, quant à eux, que leur mandant ne pouvait être poursuivi pour cette affaire puisqu’«une action devant le tribunal administratif pour l’annulation de l’acte du terrain obtenu à Tipasa a été engagée». Le procureur demande à ce que l’examen des points soulevés par les avocats soit joint à celui du fond du dossier. Ce que la juge décide de faire.

«Hier j’étais un chef, un exemple, aujourd’hui je suis là»

La juge appelle Abdelghani Hamel, qui commence par interpeller «la conscience vive d’une juge expérimentée, d’une mère, d’une épouse qui connaît la valeur d’une mère. Ma famille a été opprimée et en paye un prix lourd, qu’aucune autre famille n’a subi.

Je réfute qu’on en arrive à toutes ces accusations liées à la corruption. Je les rejette toutes. Je ne suis pas un corrompu. Ma famille non plus. J’ai élevé mes enfants dans le respect des parents, l’amour du pays et du travail. Hier j’étais un chef, un exemple ici et à l’étranger».

Hamel marque un temps puis reprend : «Le jour où j’ai parlé de la corruption et de l’enquête préliminaire sur la corruption, je suis devenu un corrompu et admis à la retraite. J’ai entendu et lu sur les réseaux sociaux et la presse les pires   choses sur moi et ma famille.» Il évoque sa carrière de 45 ans au sein de l’ANP, en disant : «Je suis passé par toutes les formations.

Je me suis investi pour la gendarmerie, la police, pour Afripol, et j’étais nommé ambassadeur pour la lutte contre la corruption dans le domaine du sport. Aujourd’hui je deviens un corrompu !» La juge le ramène aux biens qu’il possède et leur origine.

Elle commence par le terrain de 210 m2 à Staouéli, et Hamel dément avoir acquis une quelconque assiette dans cette commune, en 2000, puisque, dit-il, il était en poste à Oran, à cette époque. «Mes avocats ont trouvé ce terrain, mais je ne l’ai jamais vu», déclare Hamel. La juge l’interroge sur l’appartement de type F3 à Hydra, appartenant à la Sûreté nationale, acquis en 2013.

Il explique qu’il avait introduit une demande de désistement auprès du ministre de l’Intérieur de l’époque, Dahou Ould Kablia, lequel a signé. La procédure d’acquisition, dit-il, a été faite par un des services de l’administration de la police, mais il ne se rappelle pas du prix de cession.

Sur le terrain situé aux Annasser à Alger, d’une superficie de 200 m2, Hamel est formel. Il n’a jamais eu une telle parcelle. «J’étais inscrit dans une coopérative immobilière à l’époque du wali d’Alger, Abdou.

Ce dernier a transformé le terrain en un jardin public.» Pour ce qui est du F4 obtenu à Tlemcen, Hamel affirme l’avoir eu auprès de l’OPGI en 1997, et il l’a acheté par la suite. «J’avais un terrain sur lequel j’ai construit et j’avais besoin d’argent.

Je l’ai vendu. J’étais directeur régional de la sécurité publique à la Gendarmerie nationale», dit-il, en précisant à propos de ses fonds : «Je n’ai pris aucun sou de la DGSN. J’avais uniquement mon salaire du ministère de la Défense.» Interrogé sur le terrain situé à Sabra (Tlemcen), il répond qu’il avait besoin d’argent pour construire ailleurs, il l’a vendu en 2008.

Sur le terrain de Bir El Djir, à Oran, il explique : «Mon fils Mourad l’a acheté en 2015. Il a construit une maison et non pas trois villas comme cela a été écrit.» Il affirme avoir mis le terrain à son nom, parce qu’il a été acheté par les trois frères, et de ce fait «je leur ai dit qu’il restera à mon nom pour éviter les problèmes».

A propos du terrain d’Es Senia, à Oran, de 284 m2, obtenu auprès de l’OPGI d’Oran et vendu en 2008, il précise que ses enfants l’ont acheté avec leur oncle paternel, «mais ils ont fini par l’abandonner, parce qu’il était sur une saline».

Hamel évoque, aussi, un terrain qu’il a acquis acheté auprès d’une dame dans une coopérative militaire en 2006, et un autre terrain à Bir El Djir, sur lequel il a construit sa maison familiale. «Tous les fonds sont les revenus de mes salaires et le produit des biens que j’ai vendus.

La maison de Corales, à Oran, d’une superficie, 111 m2, je l’ai achetée en 2001, puis revendue à cause de l’ouverture de plusieurs bars à proximité». Interrogé sur les nombreux comptes bancaires à Alger, Béjaïa, et Tlemcen, Hamel dément catégoriquement. «Je n’ai que deux comptes, à Tlemcen et à Alger.

Ils ont écrit que j’ai trois comptes CPA à Sebra, alors que dans cette ville il n’y a jamais eu d’agence bancaire. En réalité, j’ai un compte de 300 000 DA et un autre de 5000 dollars, que j’avais bloqué à l’occasion d’une mission à l’étranger dans le cadre de mon travail», souligne l’ex-patron de la police.

La juge l’interroge sur le virement d’un montant de 14,9 millions de dinars, et Hamel répond : «C’est le produit de la revente d’une maison à Douaouda. J’ai déposé même l’acte de vente à la banque.» La juge : «L’ex-wali Bensebaine dit que vous êtes intervenu auprès de lui pour l’huilerie de votre fils à Tlemcen.»

Hamel : «Ce n’est pas vrai. Si j’avais besoin d’une intervention, c’est auprès du directeur de l’agence foncière que je l’aurais cherchée. Je ne lui ai jamais parlé de ce terrain. Je l’ai rencontré au salon d’honneur lors d’une visite du Président à Tlemcen. Il m’a fait savoir qu’il allait s’occuper du problème de mon fils et je lui ai dit qu’il n’avait pas à le faire.»

A propos du terrain de ses enfants à Magtaa Kheira, à Tipasa, Hamel déclare : «C’était une décharge publique. J’ai même demandé à mes enfants de l’abandonner. Je ne suis pas intervenu auprès de Djâdjaa, chef de sûreté de wilaya.»

L’ex-chef de la police précise par ailleurs que les nombreux voyages à l’étranger étaient liés à son travail en tant que président d’Interpol et patron de la police. Les auditions reprendront aujourd’hui avec les membres de sa famille.


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