Les Algériens face à une épreuve pénible

Les Algériens commencent à ressentir les pesanteurs d’une vie quotidienne pas ordinaire du tout. Progressivement, une inquiétude larvée s’installe face à l’ennemi invisible et à ses conséquences adjacentes.

Les mesures prises récemment par le gouvernement, pense-t- on, ont été dictées par l’urgence de prémunir les populations, sinon d’un manteau sanitaire hermétique, du moins de limiter au mieux la course morbide du coronavirus. Face aux chiffres nettement en hausse des personnes infectées au Covid-19 et à la colonisation par ce dernier de régions auparavant quasiment vierges de toute contamination, l’heure n’est probablement pas à l’optimisme. Après une semaine de confinement total dans la wilaya de Blida et partiel depuis quelques jours dans la wilaya d’Alger et d’autres zones infectées, les autorités sanitaires ont-elles une petite idée sur la durée de telles mesures barrières à même de générer l’efficacité escomptée ?

Dans ce climat d’incertitude sur la politique à adopter pour asseoir une mobilité réduite des populations particulièrement urbaine, des voix s’élèvent pour orienter les décideurs vers un confinement total et sévère, condition incontournable pour espérer endiguer la pandémie et réduire drastiquement cette menace mortelle. Cela influera sur le danger d’asphyxie et de débordement des structures hospitalières, dont on dit qu’elles sont loin d’être outillées (lits de réanimation avec respirateurs et tout autre équipement spécifique dû au personnel médical, dépistage…), pour accueillir les vagues successives de personnes contaminées qui ne manqueront pas de se présenter au plus fort de l’intensité de l’épidémie.

D’ailleurs, le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus vient d’établir un rapport sur l’état des lieux et a adressé des propositions fortes au ministre de la Santé. Parmi celles-ci, un confinement total et obligatoire après qu’une moyenne de 50 cas avérés par jour ait été constatée. C’est pour empêcher une augmentation fulgurante du nombre d’Algériens contaminés que le gouvernement devrait probablement s’aligner sur les autres pays du monde qui ont déjà adopté cette mesure.

Mais si au niveau de ces pays, les sociétés sont organisées et disciplinées et s’astreignent dans l’ordre et la cohésion à tenter de dépasser ce fléau destructeur, l’Algérie risque de subir de plein fouet cette pandémie. Nous le voyons tous les jours, les Algériens n’observent pas les conseils prodigués par les autorités sanitaires (distanciation, hygiène fréquente, etc.) et se parent même d’une posture d’indifférence à l’égard du danger (marchés bondés, regroupement, mobilité excessive et sans nécessité absolue).

Une sorte d’absurdité qui renforce leur vulnérabilité. En parallèle, il semble que les citoyens accordent beaucoup d’attention au traitement à la chloroquine qui vient d’être généralisée à tous les hôpitaux. La chloroquine serait-elle un remède miracle ? Les Algériens aiment à le croire pour se rassurer. Le protocole appliqué récemment ne peut révéler dans l’immédiat son efficacité ou son échec. Face à ce virus inconnu et dont on dit qu’il ne s’est pas totalement révélé dans ses mutations, notre pays aura à affronter une épreuve pénible qui impactera tous les autres segments de la vie économique et sociale. A croire bien volontiers que les choses rentreront dans l’ordre dans quelques semaines ou dans quelques mois, dans quel Etat sera notre pays au sortir de cette épreuve ?

Face à la récession mondiale qui pointe le bout du nez, l’Algérie, moins nantie financièrement et structurellement que beaucoup de nations, entièrement dépendante d’un prix du pétrole qui a emprunté l’ascenseur vers le bas, a-t-elle les moyens d’atténuer le retour de manivelle et se remettre sur les rails ?