La pandémie de Covid-19 cause des ravages dans la péninsule ibérique

Sous pression, l’Espagne appelle à l’aide l’Union européenne



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Le gouvernement espagnol a décrété l’état d’urgence prévu par l’article 116 de la Constitution et confiné la population afin de tenter de stopper la propagation du coronavirus (Covid-19) qui fait des ravages.

Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a annoncé la cessation de toutes les activités non essentielles du lundi 30 mars au jeudi 9 avril. Ces décisions ont été approuvées dimanche en Conseil des ministres extraordinaire.

L’Espagne a enregistré dimanche 838 morts du coronavirus en 24 heures, un nouveau record quotidien après les 832 de la veille. Hier, le bilan de la pandémie était de 7340 morts. Le nombre de cas confirmés avait pour sa pat atteint 78 797, une progression de 9,1% en un jour dans le second pays le plus endeuillé par le Covid-19 après l’Italie. C’est pourquoi Madrid a décidé de durcir encore les règles du confinement.

Pedro Sánchez a déclaré que cette «mesure exceptionnelle» signifie que tous les travailleurs dans des activités non essentielles «doivent rester chez eux» à partir de lundi (hier, ndlr). Ces travailleurs, a-t-il précisé, auront à tout moment un congé payé «récupérable» et recevront leur salaire «normalement». Sánchez a expliqué que ce sera plus tard, lorsque cette période de cessation d’activité passera, que les heures devront être récupérées «progressivement».

Il a averti que la pandémie de coronavirus annonçait «des jours très durs» et qu’il fallait «intensifier la lutte». Lorsque l’urgence sanitaire prendra fin, les travailleurs devront récupérer les heures de travail non réalisées, progressivement et espacées dans le temps.

«Des jours très durs»

Le Premier ministre a souligné que ce congé payé récupérable, dont il a déjà informé les syndicats et les employeurs, permettra de décongestionner les hôpitaux. «C’est une mesure énergique», a-t-il déclaré, expliquant que l’objectif est de réduire la mobilité afin qu’elle ressemble à un week-end.

L’Espagne lutte aussi contre l’impact économique de la crise chez elle et à l’étranger. La ministre du Travail a signifié aux employeurs une interdiction de licencier, leur rappelant qu’ils pouvaient mettre leurs salariés temporairement au chômage, justement pour préserver l’emploi. «On ne peut pas utiliser le Covid-19 pour licencier», a-t-elle annoncé dans une conférence de presse. «On ne peut pas licencier. Il n’est pas nécessaire de licencier qui que ce soit dans ce pays. La mesure entre en vigueur aujourd’hui même», a-t-elle ajouté.

Les médias privilégiés

Les médias ne seront pas affectés par la décision du gouvernement de limiter les mouvements de travailleurs non essentiels. «Je pense que les médias sont, sans aucun doute, à mon avis, un service essentiel», a soutenu Pedro Sanchez, interrogé par divers médias. Il a également veillé à ce que les médias accomplissent une tâche «extraordinairement importante» consistant à conseiller la pédagogie, en particulier, pour les groupes les plus vulnérables à cette maladie.

La crise sanitaire que connaît l’Espagne est sans précédent. La pandémie de coronavirus pousse les ressources du Système national de santé (SNS) à leurs limites, avec des centres hospitaliers pleins de patients et une pénurie de fournitures médicales.

C’est « un tsunami total » dans les hôpitaux affirment plusieurs observateurs. A ce propos, L’Espagne accélère la mise en place d’hôpitaux de campagne face à l’avalanche de nouvelles contaminations au coronavirus qui est attendue dans les prochains jours, tandis que le gouvernement engage plus de médecins. Les autorités sanitaires ont quant à elle du mal à obtenir plus de matériel pour lutter contre la pandémie.

Les hôpitaux au bord de la rupture

Dans cette situation inouïe, l’ingéniosité des professionnels de santé émerge. Pour cette raison, de nombreuses administrations créent des hôpitaux de campagne pour atténuer la pression des soins subie par le réseau des centres de santé. L’exemple le plus clair se trouve dans la communauté de Madrid, où la foire de Madrid abrite l’un de ces hôpitaux, qui deviendra dans quelques jours «l’un des plus grands d’Espagne», qui pourra compter à terme 5500 lits.

En dehors de la région de Madrid, le maire de Barcelone, Ada Colau, a annoncé ces dernières heures que le conseil municipal construira quatre hôpitaux de campagne dans des salles de sports municipales à proximité des quatre principaux hôpitaux de la ville : Sant Pau, Clínic, Vall d’Hebron et El Mar. Il y a une semaine, les forces armées espagnoles ont installé un hôpital de campagne d’environ 400 mètres carrés dans le parking de l’hôpital universitaire central des Asturies (HUCA),

Quelques installations qui ont également été mises en place à Cabueñes (Gijón) et San Agustín (Avilés). Dans la petite ville de Ségovie, près de la capitale, des hôpitaux de campagne sont en cours d’installation pour décongestionner les hôpitaux qui se trouvent au limitez vos capacités. D´autres hôpitaux de campagne sont cours de préparation en Aragon et en Communauté valencienne et Pays basque, autre foyer de la maladie.

L’Andalousie étudie des plans d’urgence avec les hôpitaux de campagne en cas d’augmentation des personnes infectées.
Face à l’explosion des décès, les autorités madrilènes ont installé dès hier une deuxième morgue temporaire dans un bâtiment public inutilisé en banlieue de la capitale, après en avoir installé une dans la patinoire d’un centre commercial.

Initiatives de solidarité

Pendant ce temps, des entreprises de tous les secteurs et même des citoyens fabriquent chez eux du matériel sanitaire qui aide à pallier le manque de ces produits dans les hôpitaux espagnols. Il s’agit de camisoles, de masques et de lunettes de protection. A cela s’ajoutent des initiatives et des dons d’autres sociétés, de la literie pour les hôpitaux de campagne aux bottes pour les militaires qui collaborent dans la lutte contre le coronavirus.

Partout en Espagne, les initiatives de solidarité se multiplient. Sur une population de 46 millions d’habitants, 450 000 personnes, dont de nombreuses personnes âgées, sont dépendantes d’une aide à domicile.

Pedro Sanchez a appelé l’Union européenne à apporter une réponse économique et sociale «unie» à la pandémie de coronavirus, car il s’agit d’une «catastrophe qui nous touche tous».

En soulignant que l’Europe doit désormais protéger les citoyens les plus faibles et les pays qui souffrent le plus des conséquences négatives de la pandémie. Après avoir rappelé qu’en ce moment l’épicentre de la pandémie se trouve sur le territoire européen, Sanchez a souligné que l’UE doit être à la hauteur et «ne peut pas décevoir» ses citoyens. «Elle ne peut pas échouer, elle ne doit pas échouer», a-t-il insisté.

Il a également souligné que, malgré la lenteur des mécanismes décisionnels européens, «si l’Europe veut, l’Europe peut». Aujourd’hui, le monde est confronté à une guerre contre un ennemi commun des citoyens, «où qu’ils vivent», car, comme il l’a ajouté, «aucun pays n’a convoqué ou attiré ce virus qui teste le projet européen».

De l’avis de Sánchez, l’Europe doit mettre en place «une sorte d’économie de guerre et promouvoir la résistance», mobilisant de grandes quantités de ressources à travers un plan qui a été comparé au plan Marshall. «Il est temps pour l’UE» face à une crise qui met toute l’humanité à l’épreuve, a-t-il déclaré.

Ali Aït Mouhoub


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