«Nous risquons d’avoir encore plus de contaminations au sein de notre corporation»



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– Les pharmaciens d’officine sont aujourd’hui confrontés à l’épidémie de Covid-19. Comment êtes-vous organisés ?

Le personnel d’officine est particulièrement exposé. Beaucoup de pharmaciens travaillent avec un effectif réduit. Nous recevons au niveau des pharmacies, tous les citoyens sans exception et sans distinction. Nous sommes donc face à un risque évident, permanent et quotidien. Beaucoup de citoyens présentant les signes du Covid-19 ont été orientés vers les hôpitaux, et ils se sont révélés positifs.

C’est pour cette raison que nous avons souhaité être dotés d’un minimum de moyens de protection, à l’exemple des masques. Malheureusement, comme tout le monde le sait maintenant, ce sont des produits qui sont devenus rares et introuvables, même nos fournisseurs habituels, les grossistes en parapharmacie et dispositifs médicaux, n’en disposent plus.

La profession s’organise, étant par vocation une profession de santé très réglementée, notamment en matière de permanence et de continuité du travail. Le programme de garde, de jour ou de nuit, montre tout son intérêt, puisque c’est pratiquement la seule profession libérale de santé qui assure des gardes par tous les temps, y compris la nuit. Donc malgré le confinement, les citoyens trouvent toujours une pharmacie ouverte.

– L’Algérie vient de recevoir 8,5 millions de masques importés de Chine. Etes-vous concernés ?

Le Premier ministre a déclaré que c’est une première tranche d’un total de 100 millions commandés, destinés aux hôpitaux et aux pharmacies, et qu’en principe, il n’y aura plus de pénurie. Nous espérons que la situation va s’améliorer, car si la pandémie perdure, nous risquons d’avoir encore plus d’atteintes au sein de notre corporation, puisque nous comptons déjà cinq pharmaciens touchés par ce virus.

– Avant cette commande, la PCH avait débloqué une dotation de masques aux pharmaciens et aux médecins libéraux. Ces masques sont-ils disponibles en pharmacie ?

Les premières quantités seront effectivement à partir d’aujourd’hui dans les pharmacies.  Je dois rappeler que la répartition de cette dotation de 140 000 masques est gérée par des comités locaux installés auprès des DSP de wilaya, composés de représentants des conseils de l’Ordre (pharmaciens, médecins, dentistes), du Syndicat des pharmaciens d’officine (Snapo), ainsi que du syndicat des médecins libéraux.

Une priorité a été accordée à Blida et ses environs (Alger et Tipasa). La gestion de la logistique est assurée au niveau central par l’Union des opérateurs en pharmacie (UNOP), l’Association des distributeurs en pharmacie (Adpha), le conseil de l’Ordre des pharmaciens et le SNAPO.

Ce comité central est en contact permanent avec tous les grossistes répartiteurs, qui sont au nombre de 17, désignés pour l’acheminement de cette dotation au niveau des wilayas retenues dans une première étape par le ministère de la Santé. Le comité logistique est aussi en contact avec les commissions mixtes locales qui, elles, organisent la répartition et la destination des quotas décidés localement.

Nous rendons hommage à tous ces grossistes, après avoir acheté ces masques auprès de la PCH,  ils ont décidé de  contribuer à leur manière en  distribuant ces équipements de protection à titre gracieux aux personnels de santé et aux pharmacies du secteur privé de ces deux wilayas, via les officines.

– Pensez-vous que cette dotation répond aux besoins des professionnels (pharmaciens et médecins) exerçant dans le secteur privé ?

Cette petite quantité, nous devons la partager avec les médecins libéraux. On aura en fin de compte un masque par professionnel de santé exerçant dans le privé. Nous sommes 11 000 pharmaciens d’officine et nous employons plus de 60 000 collaborateurs au niveau de nos pharmacies.

Je rappelle que suite à des démarches entreprises avec le ministère de la santé, une première dotation devait être débloquée pour les pharmaciens d’officine. Au départ, on nous avait promis 500 000 masques. Mais au fur et à mesure que les stocks diminuaient au niveau de la PCH, seulement 140 000 masques ont été récupérés en ce début de semaine.

L’Etat, à travers le ministère de la Santé, a débloqué cette dotation pour répondre aux appels de détresse lancés par les pharmaciens et les médecins, demandant leur quota en moyens de protection. Il est vrai que les professionnels de santé, pour continuer à exercer et prendre en charge la santé des citoyens, doivent être protégés, mais aussi ne pas être la cause de transmission ni un outil de contagion.

– D’autres contraintes sont également rencontrées…

Effectivement, de nombreuses difficultés sont signalées par les pharmaciens, et ce, malgré les instructions claires du Premier ministre qui précisent que le déplacement des professionnels de santé peut se faire librement sur simple présentation de la carte professionnelle au sein d’une même wilaya. Sur le terrain, c’est autre chose.

On nous signale des difficultés et un manque de coordination entre différents services pour l’obtention ou l’établissement des autorisations et, à certains points de contrôle, la carte professionnelle n’est pas reconnue, alors qu’il s’agit d’un simple déplacement au sein de la même wilaya.

Les pharmacies ont été largement impactées sur le plan économique depuis le début de cette épidémie de coronavirus. Les mesures de confinement ont beaucoup réduit les mouvements de la population, et celles ajoutées il y a deux jours ont encore réduit le temps de travail des officines, puisqu’elles doivent impérativement fermer dans plusieurs wilayas à 15h. De toute façon, il ne servirait à rien qu’elles restent ouvertes, puisque les citoyens sont astreints au confinement.

– Les pharmaciens sont autorisés à renouveler les traitements des malades chroniques sans ordonnance. Comment cela se passe ?

Effectivement, il y a eu une mise à jour du logiciel portant tiers payant, permettant d’accéder à un module qui autorise à facturer sans ordonnance et vérifie que le médicament demandé par l’assuré figure sur sa carte Chifa.

Une note a été signée par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale et le ministère délégué à l’Industrie pharmaceutique pour une période d’un mois, c’est-à-dire du 28 mars au 28 avril. Il s’agit d’une situation exceptionnelle, mais nous insistons pour que les malades présentent d s ordonnances, sauf quand cela n’est pas possible.

– Il y a actuellement une tension sur certains médicaments, dont le Lévothyrox. Est-ce que le problème persiste ?

On vient d’apprendre que les lots ont été libérés par le LNCPP. Les premières boîtes arrivent déjà en pharmacie. Normalement, le problème sera réglé dans les prochains jours.


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