«Mon prochain roman est une pérégrination à travers l’Algérie, fraîchement indépendante»



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Vendredi dernier, Atlas, (Algerian Talents & Leaders Association) de Paris, a proposé une soirée webinar littéraire avec l’écrivain algérien d’expression française Mohammed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra.

Cette rencontre littéraire enrichissante, à plus d’un titre, a permis à de nombreux internautes de mesurer, encore une fois, l’étoffe de cet écrivain hors pair.

De revenir sur une partie de son œuvre, de découvrir d’autres pans de sa personnalité et de connaître ses positions sur certains sujets. Le débat a été modéré par le journaliste Rachid Arab et par la présidente de l’Altass Aïcha Mokdahi, Ce rendez-vous, qui a rassemblé un nombre considérable d’internautes, a été étrenné par un hommage rendu au regretté chanteur d’expression kabyle Idir.

Apportant son modeste témoignage, l’écrivain Yasmina Khadra avoue que même s’il n’était pas proche d’Idir, les deux hommes vouaient beaucoup de respect l’un pour l’autre. «A chaque fois, qu’Idir était à proximité de là où j’habitais, il nous invitait mon épouse et mes enfants à ces concerts.

C’était un moment merveilleux. Les gens qu’on aime sont peut-être leur glaive qui décapite tous les oublis. Idir sera dans la mémoire collective et dans la mémoire de son pays.» Yasmina Khadra confirme, d’emblée, que l’écrivain est un être confiné par définition. De son avis, c’est aussi ce qu’il apprend à travers les confidences de beaucoup d’écrivains. Ces derniers s’isolent.

Ils partent dans des résidences et ils essayent de construire un monde en tournant le dos à l’autre. Pour sa part, il s’enferme chez lui quand il écrit, «Paris est une ville qui me boude. Je n’ai pas d’amis dans cette ville. Je n’ai pas une vie nocturne. Je ne sors pas beaucoup. Et puis il y a la grisaille. Je suis un enfant du Sahara. S’il n’y a pas de soleil ; il n’y a pas de vie et de monde.

Il n’y a rien. Quand j’ouvre la fenêtre le matin et que je vois ces nuages cafardeux qui engrossent ma peine, je me réfugie dans mes textes», confie-t-il. La femme occupe une place de choix dans ses romans, déjà par son pseudonyme.

Il est convaincu que le respect de la femme est né à partir du regard qu’il posait régulièrement sur sa mère.  C’était une femme qui avait beaucoup souffert mais qui restait courageuse, et ce, jusqu’ à la fin de sa vie. L’auteur du roman Khalil a aussi remarqué que sans la tendresse, la conscience et l’abnégation d’une femme, on ne voit pas grand-chose. C’est ainsi qu’il s’est réveillé très jeune au respect inconditionnel de la femme.

Pour lui, la femme est l’essence de toute chose en ce monde. «Aucun roi n’est fier de lui si une femme venait à lui tourner le dos. Aucune légende n’est valable si elle ne chante pas la femme ou un poème n’est crédible s’il ne magnifie pas la femme.

C’est comme cela que je vois les choses. Pour être heureux, il vaut aimer les femmes mais l’aimer platoniquement», lance -t-il avec un sourire au coin des lèvres. Selon lui, la mère est à elle seule une prophétie. Sa mère était analphabète mais elle lui a tout appris.

C’est elle qui lui a appris à voir la beauté en toute chose. Il témoigne : «Ma mère était une magicienne des mots, même si elle n’a jamais su les écrire. La mère est essentielle. Je ne trouve pas le mot. Je trouve que la femme algérienne est très intelligente.

Elle fait croire à l’homme qu’il est tout alors que c’est elle qui fait tout. Qui prend tout et qui s’amuse. La preuve dans les mariages, il y a sept jours de fête avec une seule journée pour l’homme. Quand les hommes arrivent, les femmes se cachent. Les hommes se pavanent et se prennent pour des seigneurs. Ils mangent et sont foutus à la porte. Et la fête reprend. Je tire chapeau à ces femmes.» Yasmina Khadra, rappelle que les Moulessehoul étaient des poètes, et ce, dès 1492, jusqu’à son grand-père. La poésie tribale s’est arrêtée avec son défunt père mais son jeune oncle paternel Ahmed a repris le relais.

Ce dernier qui est poète a édité en Algérie un recueil sur le melhoun. Notre interlocuteur se rappelle qu’il a commencé à écrire à l’âge de 11 ans mais ce n’était pas des poèmes. «Pour moi, dit-il, tout ce qui rimait étaient des poèmes. Je pouvais dire n’importe quelle bêtise, si elle avait une musicalité, elle devenait une poésie. Je suis imprégné par cela.

Le seul mérite que j’ai, c’est d’avoir continué la vocation de mes ancêtres.» Yasmina Khadra -qui compte à son actif une quarantaine de romans- est considéré comme le premier écrivain francophone le plus lu et le plus traduit dans le monde. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées au cinéma, à l’image de Morituri, par Okacha Touita, coproduction algéro-française, 2007,Ce que le jour doit à la nuit, par Alexandre Arcady, production française, 2012, L’Attentat, par Ziad Doueiri, production américano-européenne et Les Hirondelles de Kaboul, film d’animation, réalisé par Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec. Il révèle qu’il est sur un projet cinématographique, relatif à une série pour la télévision.

Il s’agit d’une adaptation de son roman Qu’attendent les singes, Julliard, 4 avril 2014, Paris ; Casbah, 6 avril 2014, Alger. Il y a eu d’autres propositions mais malheureusement, l’écrivain algérien n’a pas aimé le projet, comme par exemple Les anges meurent de nos blessures.

Mieux encore, il y a eu aussi, le roman La Dernière nuit du Raïs. «Le réalisateur a acheté une option mais il n’a pas réussi à rassembler l’argent parce que c’est, Khadhafi et personne ne veut financer un film autour de ce personnage», éclaire-t-il. Quant à savoir pourquoi l’histoire de son dernier roman intitulé «L’outrage fait à Sara Ikker», publié l’année dernière, se déroule au Maroc, notre interlocuteur affirme qu’il adore ce pays.

Il a toujours souhaité que les frontières disparaissent. «Nous sommes, affirme-t-il, une nation arabe, berbère, méditerranéenne et africaine. J’essaye de réfléchir en tant que Maghrébin. J’ai écrit un premier livre pour la Tunisie, malheureusement quand j’ai terminé la première partie, j’ai vu un film qui racontait la fin que je souhaitais pour mon roman. Cela a tout cassé. Je suis passé au Maroc. J’espère trouver une chute pour le roman tunisien.» Bien que le roman en question se termine par «à suivre», il avertit qu’il n’y aura pas de suite à donner au roman L’outrage à Sara Ikker.Pour le moment, le cœur n’y est pas.

Il confie qu’il avait un enthousiasme qui n’a pas été accompagné.  «C’est pour cela quand je ne suis pas tellement très inspiré, je préfère faire autre chose. J’avais la possibilité d’écrire le deuxième tome, même si cela n’avais aucun rapport. Il faut que les gens comprennent une chose. Le tome 1 est un tome fini. Il y a une enquête et il y a une fin. Je voulais créer un personnage récurent qui peut aller jusqu’à cinq ou six livres mais malheureusement. Peut-être que cela va me revenir un jour», se désole-t-il.

Quant à son prochain roman intitulé Le sel de tous les oublis, il annonce qu’il sortira le 20 août prochain en hommage au révolutionnaire algérien Abane Ramdane. Il le mettra, prochainement, sur sa page facebook afin que ses lecteurs puissent accéder à la quatrième de couverture.

A la question de savoir pourquoi le choix d’un tel titre  Le sel de tous les oublis, Mohammed Moulessehoul explique que dans son roman, il y a une chanson.

C’est un refrain qui revient dans cette chanson. Cela a toujours interpellé son personnage principal qui essaye de trouver une réponse en fuyant sa propre vérité. Il essaye d’oublier mais il ne peut pas oublier. Selon lui, c’est un roman, qui sied au déconfinement.

C’est un personnage qui est abandonné par sa femme. Il va se clochardiser et va découvrir l’Algérie des années 60. Il va découvrir les rêves, les mentalités, les frustrations, les habits… C’est une pérégrination à travers l’Algérie, fraîchement indépendante.

Comment Yasmina Khadra est-il parvenu à écrire son roman Khallil, publié aux éditions Casbah et Julliard, en 2018 ? D’abord il précise que sa carrière militaire lui a permis une chose extraordinaire. D’ailleurs, pour taquiner les écrivains, il se plaît à leur dire, celui qui n a pas fait l’armée n’a que la moitié de son talent parce que dans la main, on apprend le facteur humain.

«Tout est là. Le monde est là. Le courage, la vaillance… Et puis, j’ai partagé ma vie avec beaucoup de gens. Déjà quand j’étais enfant, je partageais la chambre avec 80 camarades Par la suite dans les unités de combat, j’étais toujours avec des armes. Cela m’a permis de me mettre dans la tête des gens.

Pendant la guerre fratricide intégriste, ma mission à moi, en tant que soldat, était d’être dans la tête des terroristes. Il fallait exactement réfléchir comme eux pour prévoir ce qu’ils avaient l’intention de faire. Pour moi, je ne suis pas dépaysé. J aime être dans la tête de mes personnages, comme par exemple El Kadhafi .

C’est une manière pour moi de m’approprier pleinement mon personnage.» Le confinement a-t-il permis à l’homme de lettres de mieux produire en matière d’écriture ?

«Bizarrement non, dit-il, car avant quand j’étais dérouté, j’avais cette possibilité de sortir quand je voulais et d’aller prendre un café quelque part, voir tout simplement les gens passer. J’avais cette liberté que le confinement m’a confisquée.

Et cela a beaucoup nui à mon inspiration. J’étais bien avancé dans une saga que j’ai écris depuis deux ans. Mais pendant le confinement cela a beaucoup ralenti mon rythme de travail», étaye-t-il. Pour l’heure, cette pandémie planétaire n’a suscité aucun projet de roman pour notre brillant écrivain. Il pense que les gens ont besoin de sortir de leur bulle, de leur maison, de leur frustration, de leur contrainte.

De son avis, c’est bien de raconter autre chose. Certes, il n’est pas inspiré par les pandémies mais toutefois, il rappelle qu’il en a parlé en 2005, dans son roman Les hirondelles de Kaboul. Et cela l’a beaucoup frustré, c’est du moins ce qu’il soutient.

Autre interrogation : dans quelle catégorie Yasmina Khadra classe ses romans ? Sur un ton ironique, il estime dans la catégorie qui voudrait bien les accueillir.  «Je ne suis pas là pour accueillir mes livres. J’espère tout simplement être à la hauteur de l’attente des mes lecteurs.»Yasmina Khadra caresse-t-il le rêve d’ouvrir une maison d’édition afin d’aider les jeunes talents maghrébins à avoir une certaine visibilité ? La réponse est négative.

Il révèle être l’otage de ses personnages et de ses textes. «Mes personnages ne voudraient jamais se passer de moi. Je suis leur esclave. Ils font de moi ce qu’ils veulent. J’ai essayé avec un éditeur en France d’éditer des livres qui sont parus en Algérie, mais qui n’avaient pas eu l’audience qu’ils méritaient.

Le monde de l’édition est un monde pervers. Il est très dangereux pour quelqu’un comme moi. Il est préférable de rester en dehors de cela», pense-t-il. Quelle est sa position concernant l’atteinte aux libertés qui touchent tous ceux qui osent critiquer le régime en Algérie ? «Effroyable. Je n’arrive pas à le croire. C’est-à-dire que tout ce combat, toutes ces souffrances, tous ces sacrifices pour en arriver là.

Ce qu’on voit, aujourd’hui, on ne l’a jamais vu depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. J’espère que les gens vont s’assagir, parce que les Algériens sont méchants. Pour l’instant, ils sont patients mais je n’aime pas quand ils se mettent en colère.

Il ne faut pas dépasser les limites. La justice est le socle de toutes les sociétés et de toutes les nations. S’il n’y a pas de justice dans un pays, toutes les dérives sont possibles. Il faut vraiment essayer d’être sage. J’appelle les décideurs algériens et les gouverneurs de s’assagir un peu et de respecter ce peuple qui ne demande rien d’autre qu’une belle République saine, lucide et ambitieuse.» Dans son roman A quoi rêvent les loups, 1999, Julliard (Pocket 2000), il n’y a aucune ressemblance entre le héros Nafa Walid, le jeune rêveur algérien avant sa métamorphose et Mohamed Moulesshoul.

Ce dernier estime qu’il faut que ses lecteurs comprennent une chose. Ce n’est pas parce qu’il s’approprie le personnage qu’il lui ressemble. «Je reste un bédouin, un homme du Sahara. Je suis ce qu’il y a de plus sincère. Et je n’ai jamais fait de tort à personne. J’ai une philosophie qui est très simple. Nous ne sommes que des passagers. Nous sommes que des flammèches éphémères dans le souffle cosmique.» Il s’interroge : «A quoi cela sert de nuire ?»

Il répond : «Je ne comprendrai jamais les gens qui passent leur vie à faire du mal, à calomnier ou à maudire les autres, alors qu’ils ont tout l’espace du monde pour s’émerveiller.» Yasmina Khadra ne pense pas écrire, un jour, un roman en langue arabe car tout simplement, il n’a pas les accessoires qui lui permettraient d’écrire un bon roman. «Je peux écrire mais cela sera un fiasco. J’ai essayé de traduire mon livre autobiographie mais au bout de dix pages, je n’avais plus cette force, et deuxièmement, je me suis surpris à mentir. Soit, il faut être fidèle, soit il ne faut pas traduire. Je n’ai pas les outils assez fiables pour essayer d’entreprendre une aventure d’un roman en langue arabe. J’ai fait de la poésie en langue arabe. J’écris des poèmes pour mon épouse qu’elle n’aime pas du tout», argue-t-il. L’écrivain vit à Paris depuis quelques années déjà. Il ne s’agit nullement d’un choix mais plutôt d’un destin.

Il n’a jamais essayé de s’insurger contre quoique que ce soit. De son avis, tout ce qui arrive dans sa vie, ne sont que des leçons de vie. Il se rappelle qu’à l’âge de 9 ans, son père l’avait pris par la main pour l’enfermer dans une caserne, il n’avait pas protesté.

Et quand il a eu son bac, il rêvait d’aller à l’université, car il voulait être sociologue. Le hasard a voulu qu’il n’ait pas la moyenne, car à l’école des cadets, pour aller à l’université, il fallait avoir la note d’excellence. Il a décroché la mention passable. Il est orienté vers l’académie de Cherchell mais ne regrette rien parce qu’il n’a pas fait de tort. «Il y a qu’une seule chose grave dans ce monde, c’est le tort qu’on fait. Tant qu’on n’a pas fait de tort, on a rien à regretter. Et puis, regardez où j’en suis maintenant.

C’est un parcours merveilleux. Est- ce que je pensais un jour être dans le monde entier et lu partout ? Je n’ai jamais eu cette idée. Même quand j’écrivais, tout mon bonheur était un jour de voir sur les étals des librairies algériennes un de mes livres. Aujourd’hui, ils sont partout dans le monde. Moi, je suis attiré par la lumière, mais je pense que celle qui est au bout de mon tunnel est un arc-en-ciel. J’essaye d’être heureux. C’est le plus important.» Il n’est un secret pour personne dans le domaine littéraire, Yasmina Khada est écarté de prix prestigieux, notamment, celui du Goncourt. A ce propos, il argumente : «Il faut le demander à ces gens-là.

Ce n’est pas seulement le Goncourt mais toutes les institutions littéraires m’ont blacklisté. Il y a tellement de rumeurs autour de ma personne. On raconte n’importe quoi depuis vingt ans  Je suis un espion. Je suis un homme du système, un plagiaire. Je n’écris pas mes livres. Je suis un anti-sémiste. Il y a des gens qui ne croient pas en cela.

Ils savent que c’est faux, mais je pense qu’ils trouvent un prétexte pour me disqualifier. Ce qui me rassure que malgré cette exclusion, je reste quand même l’écrivain algérien le plus lu au monde. Les épreuves forgent les convictions. Je suis convaincu que je suis en train de faire quelque chose qui touche les gens et qui me rapproche d’eux. J’ai tout le soutien de mes lecteurs. Il suffit de venir me voir dans les salons pour comprendre qu’il y a quelque chose. Et quand je m’abreuve du regard de mes lecteurs, je deviens comme Astérix, la potion magique.»

Parmi les enfants de Mohammed Moulessehoul, est- ce que l’un d’entre eux voudrait être écrivain ? Une question dont il se fait un plaisir de répondre. Sa fille de vingt ans est une boulimique de lecture. Parfois, le père gronde la fille car il trouve insupportable qu’elle lise tout le temps. C’est très dangereux. Il a autre fille architecte designer qui fait de la pâtisserie haute gamme. Elle est aussi artiste dans son métier. Enfin, il a un fils de 30 ans qui est producteur et réalisateur de cinéma en France.

Il est assez difficile de trouver une place dans ce créneau en France mais il se débrouille assez bien. Yasmina Khadra affirme avec fierté que ses enfants sont tous très proche du livre et des arts en général. Quel est le secret de cet homme de lettres optimiste au parcours atypique ? Avec toujours cet humour et ce sourire toujours présent, Yasmina Khadra répond par une autre question : «Vous avez cinq minutes pour déguster une glace. Vous faites quoi ? Donc, c’est ce que j’ai fait de ma vie.

La vie est tellement courte. J’essaye d’aller vers que ce qui m’émerveille et qui m’enthousiaste. Les déboires ne sont que des leçons de vie. Pour moi, faire du mal, c’est de la petite bassesse, on ne fait que grandir avec le temps. Je suis un peu comme un vieux vin. J’essaye de bonifier avec le temps. Je suis optimiste car il faut que les jeunes comprennent que leur devoir, c’est d’être optimiste.

Leur devoir c’est de s’accrocher à leurs rêves. Leur devoir c’est d’essayer d’aimer. S’ils ne trouvent pas leur bonheur d’une façon assez tangible, il faut qu’il l’invente ce bonheur. C’est possible. Toute ma vie, depuis l’âge de 9 ans, cela a été jalonné de déboires, de déceptions, de désillusions mais je n’ai jamais baissé les bras parce que je veux vivre heureux. J’essaye de regarder le soleil jusqu’en devenir aveugle.» Si l’écrivain devait écrire, aujourd’hui, un roman pour décrire l’Algérie en 2050, quel serait le décor qu’il planterait ? Selon lui, il voit une superbe République et la plus forte du bassin méditerranéen. Il voit des Algériens heureux et ambitieux, apporter à l’humanité le meilleur d’eux-mêmes. «Je ne peux pas imaginer l’Algérie autrement. Je ne voudrais pas mourir avec l’idée de laisser derrière moi un pays sinistré  parce que l’Algérie ne mérite aucune souffrance supplémentaire.

Cela fait 4000 ans qu’elle souffre. Elle a donné naissance à des héros et des légendes. Elle n’a pas le droit de faillir au serment fait à ses morts. Moi, je vois l’Algérie réussir. Je suis absolument certain qu’elle réussira.» Dans la plupart des romans de Yasmina Khadra, il y a ce retour colonial.

Preuve en est avec les livres Ce que le jour doit à la nuit et Les anges meurent de nos blessures. L’écrivain est convaincu qu’il revenir à sa mémoire. «Si on ne sait pas d’où on vient, on ne sait pas où l’on va. L’Algérie a aussi porté son fardeau de mystère, d’abnégation et de combat. Il faut raconter cette Algérie. J’ai écrit Ce que le jour doit à la nuit et Les anges meurent de nos blessures pour essayer de raconter l’Algérie dans sa pluralité. Quand on lit les écrivains comme Mohammed Dib, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Assia Djebar ou encore Yamina Mechakra, on voit l’Algérie des Algériens.

Et quand on lit les autres Albert Camus, Emmanuel Robles, c’est l’Algérie des pieds-noirs. J’ai essayé de raconter l’Algérie dans sa globalité. J’ai choisi de faire voyager mes personnages d’un pays à un autre. J’ai raconté aussi l’Algérie du terrorisme et l’Algérie d’aujourd’hui», précise-t-il.

Yasmina Khadra est interpellé sur une autre question. Quel est son avis sur la diaspora qui rentre s’installer en Algérie ? Il s’adresse à cette diaspora en leur disant d’apprendre le maximum et qu’ils soient des génies dans leur domaine. Car un jour l’Algérie aura besoin d’eux. «Nous allons faire exactement ce qu’a fait la Chine. Un jour la Chine a décidé de ramener tous ces génies qui étaient à l’extérieur. Et regardez ce qu’est devenue la Chine aujourd’hui. Ce qui nous rassure, c’est que l’intelligence algérienne est fantastique. J’ai rencontré des gens qui sont des trésors et des bijoux.

Ce sont des sublimités et je suis certain que lorsque l’Algérie voudra accueillir ses enfants, je suis sûr qu’elle sera la patrie la plus heureuse qui puisse exister au monde. Mais pour le moment, l’Algérie est considérée par certains comme un espace vital. Il faudrait chaptaliser le peuple. Il faudrait le dissocier de son élite. Quand il y a une belle image de l’Algérie, il faut la défigurer.

Il faut imposer aux Algériens des images, celles qu’aspire le paysage algérien plus sain et plus merveilleux. Pour le moment, disons que nous sommes assez peu influençables. On ne sait pas faire la part des choses. Pour le moment, on ne sait pas distinguer le bon grain de l’ivraie.

Cela va venir. On se réveille lentement. Avec le hirak, on a prouvé au monde qu’on était capables d’être des révolutionnaires pacifiques. Petit à petit, l’Algérie retrouvera ses enfants et pourra rêver d’un monde meilleur.»


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