Dr Boumaza Abdelmoumen. Vétérinaire

On a fait tout faux depuis le début… 



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Moumen Boumaza est diplômé de l’Ecole vétérinaire d’Alger (1977) et de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers (1978-1980). Il a intégré le Projet du Parc zoologique et des Loisirs d’Alger en juin 1977. Il a dirigé le zoo de juillet 1982 à septembre 1987, date à laquelle il a démissionné pour ouvrir jusqu’en 1998 un cabinet vétérinaire privé sur les hauteurs d’Alger. Il est à la tête d’une entreprise privée dans le domaine pharmaceutique et parapharmaceutique jusqu’à aujourd’hui.

 

-Vous êtes l’un des artisans du Parc zoologique d’Alger, vous avez également suivi la réalisation de parcs animaliers dans le pays. Quel regard jetez-vous aujourd’hui sur ces établissements qui hébergent des animaux sauvages pour le divertissement de leurs visiteurs ?

Le Parc Zoologique et des Loisirs d’Alger a été inauguré le 5 juillet 1982 par le président Chadli Benjedid, mais le projet en lui-même datait du milieu des années 1970 et avait été initié par feu le Colonel Ahmed Bencherif, à l’époque responsable de la Gendarmerie nationale. Je faisais partie de la première fournée sortie de l’Ecole nationale vétérinaire quand je l’ai intégré, pensant naïvement participer à la protection de la nature en aidant à la préservation de certaines espèces menacées ou en voie d’extinction. Mais j’étais loin du compte…

Inauguré en grandes pompes et la télévision sitôt partie, mon équipe et moi étions empêtrés dans des problèmes inextricables liés essentiellement aux nombreuses malfaçons engendrées par la précipitation à vouloir réaliser à tout prix une infrastructure avec des moyens matériels et techniques obsolètes et aux ressources financières limitées qui suffisaient à peine au fonctionnement du parc zoologique. Pour essayer de faire face aux problèmes financiers, on a réalisé des infrastructures hôtelières et un parc d’attractions.

Ce parc zoologique a créé des vocations et nombreux étaient les walis qui voulaient en avoir un dans leur wilaya. Ils ont bricolé (c’est la mot exact) un semblant de parc animalier et demandé ensuite au zoo d’Alger de fournir les animaux. Les conditions d’hébergement de toutes ces espèces livrées aux aléas de la gestion approximative étaient épouvantables. On a fait tout faux depuis le début…

-Si on devait tenter une comparaison entre nos parcs animaliers et ceux que vous avez pu visiter dans votre carrière, où se situerait le problème majeur des parcs algériens ?

Pour avoir visité des dizaines de zoos dans le monde et rencontré la plupart de leurs responsables, je pense que le problème de fond que nous avons ici en Algérie est culturel. Ailleurs, les zoos sont conçus pour s’autofinancer. A l’exception de quelques grandes institutions qui bénéficient de l’aide de l’Etat et qui contribuent au rayonnement culturel de leur pays, il n’y a pas de financement public. A l’exception notable de quelques ménageries que l’on retrouve essentiellement dans les pays sous-développés, les zoos ont effectué leur mutation durant les années 1970 et orienté leurs activités vers l’éducation du public et le bien-être des pensionnaires.

Beaucoup se consacrent à l’élevage d’espèces en voie de disparition ou disparues dans leurs milieux d’origine. Le peuplement des parcs se fait grâce aux échanges des individus nés en captivité. Des banques de données génétiques permettent des échanges d’animaux en vue de leur reproduction tout en évitant les problèmes liés à la consanguinité. La médecine vétérinaire a beaucoup bénéficié à ces institutions qui s’entourent des meilleurs spécialistes et du matériel le plus performant pour maintenir les animaux dans des conditions optimum.

-Les zoos et parcs animaliers ont-ils encore un attrait pour le public et une raison d’être avec l’expansion du tourisme de découverte, la chasse photographique et les safaris ?

Oui, les zoos ont un avenir. Aujourd’hui, de nombreux animaux y sont plus nombreux que dans la nature et certaines espèces, dont le devenir sur le terrain est pratiquement désespéré, n’ont plus d’autre endroit pour survivre. Les destructions des milieux naturels dans certains pays ont atteint, malheureusement, un point de non-retour. Chez nous, tant que ces établissements ne sont conçus et initiés que pour «distraire» la population et tant que ce ne sont pas des scientifiques et de véritables passionnés qui sont aux commandes avec tous les moyens nécessaires à leur développement (aussi bien matériels que «politiques»), on en restera là.

 

Propos recueillis par  Slim Sadki


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