Journée ordinaire d’un confiné au temps du corona(11)



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Mine de rien, les semaines de confinement s’accumulent contre mon gré. Je pensais que le «déconfinement» allait avoir lieu, surtout quand on voit la courbe des chiffres. Il y a moins de personnes contaminées. En attendant, je cherche chaque matin, minute après minute, le subterfuge nécessaire pour me jouer du temps, ce qui n’est pas chose facile. J’ai fait le tour de l’appartement, en aller et retour, de haut en bas, de bas en haut ; néanmoins, le confinement est toujours de rigueur. Quoique de sept heures du matin à dix-sept heures, les sorties sont libres. Comme si dans cet espace temps, le Covid-19 est en quartier libre ; il se repose ; il fait la grasse matinée ; il ne mord pas ; il est en mode pause ; il fait sa bouderie ; il reprend son souffle ; il fait le sourd ; il rengaine ses armes ; mais, gaffe les amis, à partir de dix-sept heures, le Covid-19 se transforme, se métamorphose, change de visage, redevient méchant, mord à tout vent, contamine sans vergogne, attaque sans répit, du crépuscule à la petite aube. C’est ce qui irrite le citoyen ! Pourquoi ordonner un couvre-feu ? Les gens ont toute latitude d’être «covidés», de sept à dix-sept heures. C’est une question de bon sens ; d’autant que, durant la journée, les gens semblent errer, sans but, sans masque, ni aucune protection.
Il y a quelque chose qui
m’échappe : ou la situation est sous contrôle, auquel cas, il faut «déconfiner», ou la situation est préoccupante, dès lors, il faut serrer les vis. 
Je n’ai pas compris autre chose : le masque est-il obligatoire ? N’y a-t-il pas eu un décret en ce sens ? J’ai cru le rencontrer sur la Toile ; à moins que ce ne soit qu’un décret virtuel. Pourtant, sur mon mobile, je reçois un sms du Premier ministère qui me dit que le port du masque est obligatoire. Je ne le vois pas, ce masque. C’est le laxisme total. Devant pareille situation, je me sens ridicule avec ma bavette. Sérieusement, je me sens en déphasage, par rapport à la majorité sans masque. Entrant dans une pharmacie, cet après-midi, les commis (y compris le pharmacien) n’avaient aucune protection. Où est la faille ? Il faut clarifier la chose, d’autant que le «déconfinement» est reporté au moins jusqu’à la mi-juin. Après, on ne sait pas ce qui se décidera. Quoique j’imagine que le «déconfinement» aura lieu, car cette situation de ville demi-fermée ne peut pas durer. Les commerçants commencent à bouger, il demande la réouverture de leurs locaux. Ce qui n’est que justice ! 
En tout état de cause, ce confinement appelle une gestion des risques nouvelle. Le ramassage des ordures. Les crachats dans la rue. Les restaurants crasseux. Les cafés miteux. Tout ça doit changer. Puis les bousboussates, et autres «tactileries» à l’algérienne, doivent faire partie du passé. 
Une autre gestion de la cité doit être de mise. Bien sûr, il faut commencer par nettoyer nos hôpitaux. Nos mentalités doivent évoluer. L’esprit fataliste doit faire partie du passé. J’ai entendu deux citoyens discuter entre eux. Deux adultes, donc responsables ! Me voyant masqué, ils parlaient à voix haute, n’arrêtant pas de répéter : «C’est une blague, le corona n’existe pas ; c’est une invention !» Je suis sûr qu’ils ont élevé la voix pour que je puisse les entendre, car je me suis protégé. Enfin, je me dis qu’il faut de tout pour faire un monde. 
Une télévision publique française programme un docu (?) au titre racoleur : Algérie, mon amour. Le journaliste est un algéro-français ; ce qui veut dire qu’il a un pied ici et là-bas. J’ai suivi ce documentaire. Sincèrement, je me suis dit «boff !» Sans plus ! C’est un «film» racoleur, comme la plupart des documentaires de ce genre. Sauf qu’il y a eu une tempête en Algérie. Les réactions furent épidermiques, y compris celle du ministère des Affaires étrangères. Rappeler notre ambassadeur parce que des Algériens, surtout les jeunes, ont porté un témoignage d’une sincérité totale, souvent naïve, parfois affligeante. La Toile s’est enflammée. Un verre d’alcool et une «boussa» chaste ont allumé un incendie, souvent orienté, notamment sur Facebook. Que voulez-vous, cette jeunesse existe ; elle étouffe par trop d’hypocrisie sociale ; elle est laminée par les interdits — souvent excessifs ; elle veut vivre son adolescence dans une certaine rébellion qu’indique leur âge ; elle est apte à suggérer leur avenir. Ces jeunes ont dit leur vérité, il faut la respecter. Certains ont crié au loup, à l’atteinte aux bonnes mœurs, à la débauche, etc. Doucement, ya
djemaâ ! Chacun voit l’Algérie à sa porte, depuis que la parole s’est un peu libérée. Et l’anonymat de la Toile autorise beaucoup d’excès. Il y a ceux qui voient l’Algérie enturbannée et hidjabisée dans sa totalité. Il y a ceux qui voient l’Algérie républicaine et démocratique. Il y a ceux qui voient l’Algérie arabisée, jusqu’à ses racines. Il y a ceux qui voient l’Algérie oligarque. Il y a ceux qui voient l’Algérie wahhabisée. Il y a ceux qui voient l’Algérie algérienne. C’est dire qu’il y a autant d’Algérie que d’Algériens. Alors que faire ? 
Aux USA, un flic blanc interpelle un Afro-Américain, met son genou sur son cou, alors que le malheureux était menotté, criant qu’il n’arrivait pas à respirer, jusqu’à l’étouffer. Cette scène incroyable a été filmée de bout en bout. Le policier, plus grave encore, avait la main dans la poche. 
Cette scène est tout simplement horrible. Quel était le mobile ? Un mobile stupide ! C’est l’Amérique de Trump ! Une Amérique incontrôlable, intempestive, excessive dans ses rapports avec les minorités (notamment la minorité noire), imbue de sa puissance, impérialiste, centre du monde, etc. Il y a encore d’autres éléments que nous pouvons rajouter, surtout avec un Trump n’arrêtant pas de monter sur ses ergots, faisant la nique au monde entier, comme s’il était prêt à envoyer sa cavalerie aux quatre coins de la planète. La minorité noire se révolte, c’est normal. Des émeutes ont lieu un peu partout, en terre amérindienne. ça brûle. ça casse. ça vole… La garde nationale est appelée en renfort. Si elle pouvait, la droite américaine organiserait des charters aux communautés noire, hispanique, asiatique… La brutalité est américaine, c’est écrit dans leurs gènes. 
Guy Bedos a rejoint l’olympe des humoristes. Il en a fait notre Bedos «national». Il en a dit. Il en a donné, des coups. Il tapé à droite. A gauche. Surtout le Front national. Il était tendre, avec son regard rieur. Un peu farceur. Un Djeha algérien, notre Guy Bedos. 
Il va me manquer. Il a choisi la Corse, car elle lui rappelle son pays de naissance, l’Algérie. Lisons (écoutons) un de ces bons mots : «La liberté d’être soi-même, à laquelle chacun devrait tenter d’accéder, c’est aussi, pour certains, la liberté d’être un con ou un salaud.» 
Y. M.

 


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