Industrie automobile, importation de véhicules neufs

Ferhat Aït Ali dévoile les nouvelles règles



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En recevant mardi dernier plusieurs titres de la presse nationale, le ministre de l’Industrie et des Mines a répondu à toutes les questions qui concernent son département. Ferhat Aït Ali Braham s’est prêté généreux au jeu des questions-réponses des journalistes.

Le secteur de l’automobile, ses problèmes et ses perspectives ont occupé une bonne place de cette conférence de presse restreinte.

D’emblée, le ministre a annoncé la couleur en disant qu’il faut appeler les choses par leur nom. «La règle douanière dit que s’il y a pas une intégration de 40%, personne ne reconnaîtra l’appartenance de ton produit», a soutenu le ministre, qui affirme qu’il n’y a pas un pays au monde qui a reçu un aussi grand nombre de demandes d’investissement dans le secteur de l’automobile. «Les marques qui demandaient à investir, indique-t-il, le faisaient parce que c’était de l’importation déguisée.» «Aujourd’hui, nous voulons lancer une véritable industrialisation», déclare le ministre, qui soutient que dans la nouvelle stratégie, la priorité sera accordée à l’industrie mécanique et l’utilitaire, dont des unités publiques sont arrivées à un certain niveau d’intégration. Selon lui, «il y a plus de chance d’intégration dans ce secteur».

Déclarant que celui qui est capable de produire un niveau d’intégration est le bienvenu, le ministre de l’Industrie affirme toutefois que l’Etat n’est pas dans l’obligation de satisfaire les demandes à la consommation. «Il y a des priorités qui sont la relance d’une économie productive, la réduction de l’impact de la crise sanitaire mondiale sur l’entreprise», a souligné Ferhat Aït Ali Braham, qui n’a pas manqué d’évoquer la chute des prix du pétrole et l’amenuisement de la fiscalité pétrolière.

Pour lui, «l’effort de l’Etat doit se concentrer sur l’économie et la satisfaction des besoins des larges couches de la population, qui sont autres que l’acquisition d’un véhicule».

Ferhat Aït Ali est catégorique : «On ne peut pas diriger les revenus en devises, ceux de la fiscalité, pour des besoins que nous ne considérons pas comme prioritaires.» «Le véhicule touristique n’est pas une priorité, ce n’est pas un produit social qui peut nous amener à faire des sacrifices fiscaux et en devises», tranche-t-il. «Il y a beaucoup de créneaux dans lesquels nous pensons que c’est stratégique d’avancer.»

«Nous croyons en l’économie de marché, mais pas en celle qui fait de nous un marché et les autres des fournisseurs», explique le ministre en soulignant la nécessité de mettre en place une économie productive. «On a les moyens de fournir le marché international et non pas seulement de s’alimenter», estime le conférencier, qui insiste sur un maximum d’intégration locale. «C’est cela notre priorité», dit-il avant de battre en brèche les critiques contre l’instauration de taxes sur les véhicules neufs qui, pour certaines catégories, atteignent 250 millions de centimes. «Ceux qui achètent des voitures de luxe de 2.5 m3 à coups de milliards peuvent payer aisément ces taxes au Trésor public, c’est valable dans tous les pays du monde», lâche le ministre.

«Tout le monde va devoir demander un nouvel agrément pour importer des voitures»

Répondant à la question de savoir si ceux qui étaient dans l’assemblage peuvent se transformer en concessionnaires, Ferhat Aït Ali Braham affirme que «leur agrément n’est pas transposable sur l’activité de concessionnaire». Selon lui, «le nouveau cahier des charges est une remise des pendules à l’heure». «Tous les compteurs seront remis à zéro», tranche le ministre, qui indique que cela est aussi valable pour les anciens concessionnaires.

Pour ce qui est des partenariats avec les fournisseurs étrangers, la règle des 51/49% sera reconduite. «Le client local en vertu de la loi est une entreprise de droit algérien qui doit être détenue au moins à 51% par une partie algérienne», explique le ministre. «J’ai lu dans la presse que les anciens concessionnaires pouvaient reprendre leur concession ; pour être clair, le gouvernement ne s’implique pas dans les choix des partenariats entre des concessionnaires algériens et les étrangers», indique le conférencier en affirmant qu’«on ne peut pas s’opposer à une concession octroyée à un Algérien par une marque étrangère».

Pour lui, «ce sont les intérêts des deux qui doivent dicter le partenariat et non pas une injonction du gouvernement». Faisant allusion à l’ancien concessionnaire de la marque KIA, qui «dit qu’on doit lui restituer la marque», Ferhat Aït Braham déclare que «c’est une affaire entre lui et son ancien partenaire».  «Nous n’avons rien à restituer, parce qu’on ne lui a rien enlevé», souligne le ministre, qui promet que dans le nouveau cahier des charges il y aura des clauses qui font du concessionnaire un concessionnaire universel.

Affirmant que la situation passée ne se reproduira plus, le ministre indique même que c’en est fini avec des milliers de véhicules entreposés dans des entrepôts sous douanes. «Rien ne sera importé si le client local ne s’est pas présenté pour faire une commande», annonce-t-il.

Selon lui, «quand vous achetez votre véhicule, le jour où vous allez passer la commande votre véhicule n’est pas encore Algérie». Ferhat Aït Ali Braham, qui n’a pas manqué de critiquer les ristournes de 20% à 40% lors des salons, a souligné que le cahier des charges va pousser les gens à faire des marges raisonnables.

«On ne consentira pas de sacrifices fiscaux démesurés et indus»

Comment créer une industrie de l’automobile dans le pays et attirer les constructeurs ? Le ministre de l’Industrie et des Mines n’est pas d’accord avec la nécessité de mettre en place des zones franches. «Ce n’est pas tout à fait vrai», dit-il. «Nous n’avons pas placé les jalons pour avoir impérativement un constructeur automobile en Algérie. Nous avons placé les jalons de ce que devrait être l’industrie de l’automobile en Algérie», explique le ministre.

Si cela ne se fait pas dans le cadre des repères qui sont tracés, estime-il, «nous ne pousserons personne à venir investir par des concessions démesurées, des sacrifices fiscaux indus ni pour faire une vraie ni pour faire une fausse industrie». «Nous ne sommes pas acharnés à avoir une industrie automobile touristique», tranche Ferhat Aït Ali, qui pense que d’ores et déjà, «sur le créneau de l’utilitaire, nous sommes déjà assez avancés».

Selon lui, «il y a des opérateurs qui font dans l’utilitaire et qui réussissent bien». En plus, soutient-il, «la zone franche n’est pas forcément attractive». Pour lui, «elle peut s’avérer être beaucoup plus une concession territoriale qu’une zone franche». «Si vous parler de l’attractivité du marché algérien, poursuit-il, il est autrement plus attractif que les marchés du voisinage qui ont bénéficié de projets autrement plus importants.»

Le ministre de l’Industrie, qui dévoile la politique de son secteur, affirme toutefois qu’en Algérie, «on est en train de favoriser la mise en place d’un écosystème dans le but de voir s’installer des équipementiers avant même qu’il y ait une industrie automobile».

Car, estime-t-il, dans le lancement d’une industrie, quelle que soit sa nature, les équipementiers sont prioritaires. «On ne fait pas d’intégration sans équipements», déclare-t-il. «L’industrie de l’automobile en Algérie doit intéresser par les avantages comparatifs», ajoute le ministre, qui affirme que «l’Algérie est le marché le plus important en Afrique du Nord». «Malgré la crise et la récession, pense-t-il, ce n’est pas dans le voisinage que vous pouvez vendre 150 000 véhicules.»

Pour lui, «ce marché ne peut pas être bradé pour un petit investissement qui n’a pas vocation à industrialiser le pays». «Ce marché, pour l’instant, est pour ceux qui payent les droits et taxes, ceux-là sont prioritaires, ils permettront un jour de créer, à partir des sous-ensembles qu’ils fabriquent pour la consommation locale, une véritable industrie d’assemblage avec des équipements préexistants», précise Ferhat Aït Ali Braham, avant de trancher : «Personne ne nous obligera à faire des choses qui ne vont pas dans l’intérêt de l’Algérie.»

L’importation des véhicules se fera à la fin de l’année

«On ne va pas inaugurer la saison estivale.» C’est ainsi que le ministre de l’Industrie et des Mines répond à une question sur les délais de la promulgation du nouveau cahier des charges et le début de l’importation des véhicules. «On ne peut pas donner de date, mais on peut avancer le début du deuxième semestre, juillet, pour ce qui concerne le cahier des charges.

Pour ce qui est de l’importation, il faut compter selon sur le temps que prendra l’étude des dossiers et la conformité des demandes avec le nouveau texte. Sans oublier, précise-t-il, les voies de recours.» «Il faut attendre le dernier trimestre de cette année pour que les gens sachent qui va importer», a expliqué le ministre en rappelant qu’il y a des procédures à respecter.

Concernant l’agrément pour les assemblages industriels futurs, le ministre exige une industrialisation immédiate. Le nouveau cahier des charges fait obligation d’une intégration de 30% dès le départ. Il exige aussi, selon Ferhat Aït Ali Braham, la fabrication de la coque et de la carrosserie localement. Selon lui, «le cahier est conçu pour savoir qui a l’intention de créer une industrie et qui ne l’a pas».

Le ministre ne mâche pas ses mots : «C’est nous qui traçons les politiques industrielles, ce ne sont pas les opérateurs.» Il affirme que le nouveau texte répond à un canevas mondialement utilisé pour créer des industries intégrantes.

Pour ceux qui ont des affaires en justice, souligne Ferhat Aït Ali, il y a des dispositions qui imposent la présentation d’un casier judiciaire. Le sort de Renault ? Le ministre soutient clairement qu’on ne peut pas parler d’usine mais d’une unité de montage.


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