Décès de MahJoub Ben Bella

L’artiste peintre décroche ses toiles



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Né en 1946 à Maghnia, il émigre en France en 1965 à l’âge de 19 ans pour pour suivre les cours de l’Ecole des beaux-arts de Tourcoing, puis ceux de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs et l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Il vivra à Tourcoing et y installera son atelier.

Ses œuvres sont «visibles dans les plus grandes collections publiques et privées (entre autres) au British Museum et à l’institut du Monde arabe», en plus de son lumineux ruban des pavés du Paris-Roubaix en 1986 et son hommage à Nelson Mandela, à Wembley, en juin 1988.

Il a été, peut-être, l’un des premiers taggers lorsqu’il habilla 400 m² de façades à Lille. En 2013, il déclarera à un journal de l’hexagone, La Voix du Nord : «La peinture est le seul élément qui me permet de m’exprimer. Si on me demande de faire de la photo et des arts conceptuels, je n’en ai pas envie. Je reste au stade de la couleur, au rythme de la peinture. Depuis toujours, depuis les beaux-arts à Oran, ce sont les mêmes rails.

Mon travail, ce n’est pas de la décoration. Je ne suis pas coloriste ; je ne suis pas un peintre en noir et blanc… Je sais dominer la couleur.» Mahjoub exposa ses toiles pour la première et la dernière fois en Algérie en 2012 au Musée d’art moderne et contemporain d’Alger, auquel il offrira trois tableaux, «Algérie, Algeria», «M’dina» et «Chorégraphie». Occasion où il se confiera pour expliquer son absence dans son pays : «No comment ! Peut-être qu’il y avait des préjugés par rapport à mon travail, à ma famille. Ma présence ici est un signe d’ouverture. Je ne sais pas !»

Il remerciera ceux qui lui avaient permis (le ministère de la Culture et le peintre Mohamed Djehiche, entre autres) de lui ce retour à la terre natale. Emu, il dira en outre : «C’est toujours un drame de vivre éloigné du pays. J’aurais aimé faire des allers-retours.

Il y a eu un interdit. Je n’en connais pas la raison. J’ai quitté ma famille jeune. Je suis parti dans un pays dont je ne connaissais même pas la langue. Cela a été pénible pour moi. J’étais dans le froid. J’avais oublié de prendre avec moi mes vêtements chauds. A l’époque, en 1965, j’étais étudiant aux Beaux-arts. Je suis parti poursuivre mes études.»

Il avait promis de retourner au bled pour «participer à une résidence consacrée à la céramique à Alger pour encadrer les jeunes artistes algériens…» Il ne reviendra pas, la mort a eu raison de son amour pour son Algérie. Mahjoub Ben Bella a été enterré au cimetière de Tourcoing, sa ville d’adoption.


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